Les États-Unis appellent leurs alliés à intensifier les livraisons d’armes à Kiev

« L’Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire », a martelé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le chef du Pentagone Lloyd Austin a appelé mercredi ses alliés à « intensifier » les livraisons d’armes aux Ukrainiens, en difficulté face aux Russes dans le Donbass.

« L’Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille », a déclaré le secrétaire américain à la Défense, lors d’une réunion au siège de l’OTAN à Bruxelles des pays du « groupe de contact » créé par les États-Unis pour aider l’Ukraine. « Nous devons donc intensifier notre engagement commun » et « redoubler d’efforts pour qu’elle puisse se défendre », a-t-il ajouté.

Près de 50 ministres de la Défense – dont le ministre ukrainien Oleksiï Reznikov – devaient participer à cette réunion, en marge d’une réunion ministérielle de l’OTAN. Une réunion très attendue par Kiev, qui réclame depuis des semaines des armes lourdes en quantité pour repousser les forces russes dans le bassin du Donbass.

« Bruxelles, nous attendons une décision », a encore tweeté mercredi matin Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne. « Le ratio Russie/Ukraine en artillerie est de l’ordre de 10 contre 1 dans certaines zones, je reçois quotidiennement des messages de nos combattants disant : “Nous tenons, dites-nous juste quand les armes arriveront” », a-t-il ajouté.

Depuis leur offensive avortée sur Kiev en mars, les forces russes et séparatistes prorusses, qui contrôlent partiellement cette région industrielle depuis 2014, se sont donné pour objectif d’en prendre le contrôle total.

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a assuré avant la réunion que les membres de l’Alliance allaient fournir davantage d’armes lourdes modernes à l’Ukraine, mais a averti que cela « demande du temps ». « Il s’agit d’artillerie, de systèmes à longue portée, de systèmes antiaériens aux normes OTAN, ce qui impose une formation, un entretien, une maintenance », a insisté M. Stoltenberg.

Parmi les armes que réclame l’Ukraine figurent des systèmes de lance-roquettes multiples, que Washington et Londres ont promis de fournir. Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a déclaré mercredi, depuis Oslo, que les livraisons étaient « imminentes ».

Les Ukrainiens réclament aussi des canons automoteurs, comme les canons automoteurs français Caesar. La France en a livré six exemplaires à Kiev ces dernières semaines, des soldats ukrainiens ont été vu utiliser des Caesars pour tirer sur des cibles russes dans le Donbass.

« L’Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire », a martelé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une téléconférence avec les députés tchèques. Il a réaffirmé que l’invasion de l’Ukraine n’était qu’une première étape pour Moscou, qui entend reprendre ses anciens satellites de l’ère soviétique. La Russie est « un tyran qui (...) veut tout, ne s’arrêtera jamais », a dit le président ukrainien.

Moscou tente d’intercepter les livraisons occidentales et annonce régulièrement avoir détruit des armes fournies par l’OTAN. Mercredi, l’armée russe a encore affirmé avoir détruit la veille un entrepôt d’armes occidentales, notamment des obusiers M777 de 155 mm, près de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine.

Bombardements non-stop

Ces déclarations interviennent sur fond d’assaut russe sur la ville de Severodonetsk et sa voisine Lyssytchansk, deux villes-clés du Donbass, et sur d’autres localités de la région, selon Kiev. « Il faut tenir le coup », avait déclaré mardi soir le président Zelensky, alors que cette bataille dure depuis des semaines. « Il est vital de rester dans le Donbass (...), la défense de la région est essentielle pour donner une indication sur celui qui dominera dans les semaines à venir », a-t-il ajouté dans son message vidéo quotidien.

Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Severodonetsk, et ne plus disposer que de « voies de communication compliquées » avec elles après la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk.

Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans l’usine chimique Azot, emblématique de cette ville de 100 000 habitants, avec plus de 500 civils à l’intérieur, selon le maire de Severodonetsk Oleksandre Striouk.

Moscou a proposé mardi un « couloir humanitaire » qui permettrait d’évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, mais Kiev ne l’a pas confirmé. Un responsable séparatiste prorusse a accusé mercredi matin les Ukrainiens d’avoir empêché son instauration.

Une situation qui rappelle celle de l’immense aciérie Azovstal, qui fut des semaines durant la dernière poche de résistance ukrainienne dans le port stratégique de Marioupol, sur la mer d’Azov au sud-est, avec des centaines de civils réfugiés avec eux et de rares opérations coordonnées d’évacuation.

Kiev a démenti jusqu’ici tout encerclement de ses forces dans Severodonetsk, largement détruite et vidée de ses habitants, alors que les forces séparatistes prorusses ont affirmé qu’il leur faudrait « se rendre ou mourir ».

Les routes reliant Lyssytchansk à Kramatorsk, autre ville-clé du Donbass sous contrôle ukrainien, sont utilisées pour acheminer des armes, notamment des lance-roquettes multiples Grad et des canons d’artillerie.

« Les Russes bombardent le centre-ville sans arrêt », a indiqué un policier local. « C’est 24h/24, “non-stop” », ajoute son collègue.

Décision prochaine de l’Union européenne

Si les chances de l’Ukraine d’entrer dans l’OTAN semblent plus lointaines que jamais, Kiev attend du sommet européen des 23-24 juin la décision des Vingt-Sept sur sa demande d’être acceptée comme candidate officielle à une adhésion au bloc européen – début d’un processus de négociations qui peut durer des années.

Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron, qui assume la présidence tournante de l’UE jusqu’au 30 juin, ainsi que le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre italien Mario Draghi, sont attendus à Kiev jeudi, selon des médias allemands et italiens. Une telle visite serait une première depuis le début de l’invasion russe pour les dirigeants des trois premières économies européennes. Sans confirmer ce déplacement, le président français a envoyé mercredi des signaux encourageants à Kiev, en visitant une base de l’OTAN en Roumanie. « Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d’envoyer des signaux politiques clairs, nous, Union européenne, à l’égard de l’Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois », a déclaré M. Macron.

Source : AFP

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