Ménaka : après le départ de Barkhane, l'ONU alerte sur le vide sécuritaire

Selon l'organisation, la détérioration de la situation dans la zone des 3 frontières conjuguée avec le départ de l'armée française seraient de hauts facteurs de risques. 

Alors que l'armée française a quitté lundi 13 juin au matin la base militaire de Ménaka, dans le nord-est du Mali, l'émissaire de l'ONU pour ce pays au Conseil de sécurité craint qu'une attaque djihadiste intervienne dans la ville. « Depuis le début de cette année, nous avons constaté une détérioration de la zone des trois frontières (aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso) avec des effets conséquents sur les régions de Ménaka et de Gao », sur fond de redéploiement des forces françaises Barkhane et européenne Takuba, a dit El-Ghassim Wane. Indiquant s'être rendu il y a 15 jours à Ménaka, le responsable de l'ONU a déclaré que ses « interlocuteurs n'avaient pas exclu une attaque contre la ville (...) où 5 000 déplacés ont trouvé refuge ».

« Si ce scénario devait se concrétiser, la base de la Minusma risque d'être perçue comme le dernier refuge pour les civils fuyant la violence », a-t-il estimé. « Avec un minimum de forces maliennes dans la région et quelque 600 soldats de la paix disponibles pour protéger les civils, le personnel et les biens de l'ONU, la capacité de la Minusma à organiser une réponse efficace est limitée », a averti El-Ghassim Wane.

La France propose un soutien aérien 

Dans ce contexte d'insécurité qui perdure, la France a proposé officiellement « de poursuivre » son soutien aérien à la Minusma « de l'extérieur » après son départ du pays. « Ce soutien est nécessaire à la Minusma et à la protection des Casques bleus », a fait valoir l'ambassadeur français à l'ONU, Nicolas de Rivière. Si un tel soutien était décidé à l'occasion du renouvellement ce mois-ci du mandat de la Minusma, expirant le 30 juin, il devra s'inscrire dans un cadre juridique clair et avec l'accord du Mali, a précisé le diplomate français.

Sollicité sur ce sujet depuis plusieurs semaines, Bamako n'a pas encore répondu formellement à la proposition française qui est soutenue par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Le départ de Barkhane se précise 

L'armée française a officiellement remis les clés de la base de Ménaka aux forces armées maliennes (FAMa), avant-dernière étape du départ de la force antidjihadiste Barkhane du pays, selon l'état-major français. Les militaires français quitteront le Mali pour de bon « à la fin de l'été » avec le transfert aux FAMa de leur principale emprise de Gao. Les rapports entre la junte au pouvoir à Bamako et Paris, ancienne puissance coloniale, se sont brutalement dégradés ces derniers mois, en particulier depuis l'arrivée au Mali de paramilitaires du groupe russe Wagner, poussant les deux pays à la rupture après neuf ans de présence française ininterrompue pour lutter contre les djihadistes.

Source : Le Point

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