Afrique du Sud : les appels à la démission du président suscitent des réactions mitigées

Les appels de plus en plus pressants à la démission du président sud-africain, accusé de blanchiment d'argent, ont suscité des réactions mitigées dans le pays le plus économiquement développé d'Afrique.

Les acteurs de la scène politique et certains représentants de l'opinion publique appellent Cyril Ramaphosa à démissionner depuis l'annonce, il y a une semaine, du vol de 4 millions de dollars en liquide dans sa ferme de la province du Limpopo, dans le nord du pays.

C'est notamment le cas de Julius Malema, président des Combattants pour la liberté économique (EFF), troisième parti au Parlement, qui a déclaré : "Le blanchiment d'argent est un crime grave, et le président a rompu son serment."

"La seule institution qui avait ouvert une enquête sur Ramaphosa a vu son chef suspendu", a déclaré, lundi dans un tweet, Vuyo Zungula, président du Mouvement pour la transformation de l'Afrique, en référence à la suspension du responsable de la lutte contre la corruption du pays, l'avocat Busisiwe Mkhwebane.

L'ancien patron des services de renseignement, Arthur Fraser, a déposé la semaine dernière une plainte pénale contre Cyril Ramaphosa, l'accusant de blanchiment d'argent et de ne pas avoir signalé le vol commis dans sa ferme.

Le vol, commis il y a deux ans et qui n'a été rendu public que la semaine dernière, a suscité l'indignation des Sud-Africains, qui se demandent pourquoi il y avait autant de devises étrangères dans la ferme du président.

Le président Ramaphosa a déclaré que l'argent provenait de la vente de gibier dans sa ferme et n'avait pas été volé aux contribuables.

"Je n'ai jamais volé l'argent des contribuables. Je tiens à réaffirmer que je n'ai été impliqué dans aucune action criminelle et, une fois encore, je m'engage à coopérer pleinement avec toute forme d'enquête", a déclaré Ramaphosa, qui est connu pour ses positions fermes sur la corruption.

Une politique douteuse

Lors d'un entretien accordé, lundi, à l'Agence Anadolu, l'éminent avocat sud-africain Saber Ahmed Jazbhay a déclaré : "Le président peut se mettre à l'écart maintenant, à moins qu'il y ait une affaire criminelle contre lui.

Saber Ahmed Jazbhay a ajouté que Cyril Ramaphosa doit d'abord être inculpé par la commission d'intégrité du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), et que les politiciens et les groupes concernés doivent donc attendre.

Il craint également que les allégations contre Ramaphosa ne s'accumulent avant la conférence élective de l'ANC prévue en décembre.

Mametlwe Sebei, président du syndicat "General Industries Workers Union of South Africa", a déclaré à l'Agence Anadolu que les Sud-Africains doivent comprendre que la campagne appelant à la destitution de Ramaphosa est principalement orchestrée par des factions au sein de l'ANC et certains partis politiques alignés sur ces factions.

Il a précisé que la faction de l'ANC qui demande la destitution du président Ramaphosa serait associée à l'ancien président Jacob Zuma et serait connue sous le nom de RET ou faction de la transformation économique radicale.

"Il convient de noter clairement que cette faction n'a rien de radical. Elle a contrôlé le gouvernement pendant une décennie et il n'y a pas eu de transformation. Elle n'a rien fait pour restituer les terres, les Noirs restant sans terre. Ils n'ont rien fait pour faire avancer la lutte pour l'éducation gratuite", a-t-il déclaré lors d'une interview téléphonique.

"Le vol a eu lieu le jour d'une vente aux enchères dans une ferme d'élevage de gibier, où l'on avait élevé certains des animaux les plus chers. Il n'y a donc rien de surprenant à ce qu'une telle somme d'argent ait été volée", a soutenu Sebei.

Il a ajouté que l'allégation de blanchiment d'argent ne tient pas la route, car il est généralement exigé que l'argent soit déposé dans une banque dans un délai maximum de sept jours.

Ramaphosa, est un milliardaire renommé. Ancien syndicaliste devenu homme d'affaires, il s’est ensuite engagé en politique.

Source : AA

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