Au Sénégal, un jeune Français accusé d’avoir voulu rejoindre des combattants djihadistes

Mamadou Diaou, 22 ans, est jugé pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et « apologie du terrorisme ».

Mercredi 17 mars, le parquet de Dakar a requis cinq ans de prison contre un jeune Français accusé d’avoir voulu rejoindre des djihadistes au combat. Il s’agit d’un procès rare au Sénégal, un pays considéré comme un îlot de stabilité, relativement épargné par les agissements djihadistes, mais préoccupé par la propagation en cours chez ses voisins sahéliens. Le président Macky Sall a déclaré en février que son pays et d’autres d’Afrique de l’Ouest devaient se préparer à affronter une poussée djihadiste vers l’Atlantique à partir du Sahel.

Mamadou Diaou est accusé d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et d’apologie du terrorisme. Cet homme de 22 ans, né à Saint-Brieuc (ouest de la France) et détenteur de la double nationalité franco-malienne, selon son avocat, avait été arrêté en août 2016 à sa descente d’avion au Sénégal parce que signalé comme potentiellement dangereux par une base de données sécuritaire. Il est depuis en détention.

Les services de sécurité avaient retrouvé sur son téléphone portable un message informant ses parents qu’il partait rejoindre les rangs djihadistes pour se battre. Ils y avaient aussi trouvé des contenus violents.

« Aucun élément matériel »

Mamadou Diaou est accusé d’avoir été en contact avec un certain Ibrahima Ndiaye, qui aurait proposé de le faire passer en Libye, en Syrie ou en Irak. Il a reconnu avoir participé sur une messagerie cryptée aux échanges d’un groupe au contenu violent, mais a invoqué la curiosité. Il a dit avoir gagné le Sénégal à l’invitation d’Ibrahima Ndiaye pour y faire du tourisme.

Son avocat, Gorgui Gueye, a plaidé la relaxe, déclarant que « tout ce qu’il a dit, ce sont des conjectures, des constructions intellectuelles qui ne sont étayées par aucun élément matériel ». Le message d’adieu préparé pour sa famille, « il ne l’a jamais envoyé », a-t-il dit. Le procureur a réclamé cinq ans de prison et une amende de 1 million de francs CFA (environ 1 500 euros) au titre de l’apologie du terrorisme, citant des questions de droit pour ne pas retenir l’association de malfaiteurs. Le verdict a été mis en délibéré au 29 avril.

Ce procès devant une chambre criminelle spéciale est le premier d’une série d’audiences qui doivent avoir lieu dans les prochaines semaines, dont celui de Maliens soupçonnés d’avoir été en contact avec les auteurs ou les organisateurs de l’attentat de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, qui avait fait 19 morts en 2016.

Source : Le Monde avec AFP

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