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- Le 22 Novembre 2024
« La Chine est fermement opposée aux ingérences américaines dans les affaires intérieures de la Chine », a déclaré le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie, Yang Jiechi, à Antony Blinken, jeudi, à Anchorage.
Les Etats-Unis et la Chine ont étalé, jeudi 18 mars en Alaska, des désaccords irréconciliables lors du premier face-à-face de l’ère Biden, mettant en scène une confrontation entre les deux premières puissances mondiales.
« Nous allons discuter de nos profondes inquiétudes au sujet des actes de la Chine s’agissant du Xinjiang », où Washington accuse Pékin de « génocide » contre les Ouïgours, « de Hongkong, de Taïwan, des cyberattaques contre les Etats-Unis et de la coercition économique contre nos alliés », a d’emblée énoncé le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, face à ses homologues chinois. « Chacun de ces actes menace l’ordre fondé sur des règles qui garantit la stabilité mondiale, a-t-il accusé. C’est pourquoi il ne s’agit pas seulement de questions intérieures. »
« La Chine est fermement opposée aux ingérences américaines dans les affaires intérieures de la Chine (…) et nous prendrons des mesures fermes en réponse », a répondu le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie, Yang Jiechi.
A ses côtés, le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, a dénoncé les dernières sanctions américaines, annoncées à la veille de cette réunion contre la reprise en main de Hongkong par Pékin. « Ce n’est pas comme cela que l’on accueille ses invités », a-t-il protesté.
La ville d’Anchorage avec ses températures polaires, tournée vers le Pacifique, a été choisie comme un terrain plus neutre que Washington ou Pékin pour ce séminaire de trois longues sessions étalées jusqu’à vendredi matin. Mais le ton donné par les discours d’ouverture a confirmé le fossé qui sépare les deux pays rivaux.
Leur dernière rencontre remontait à juin et n’avait pas dissipé le climat hostile qui régnait à la fin de la présidence de Donald Trump. Le nouveau président des Etats-Unis a repris à son compte la fermeté de son prédécesseur. Mais l’équipe Biden, qui reprochait à la précédente administration son isolement sur la scène mondiale et une diplomatie à la fois véhémente et brouillonne, assure vouloir être plus méthodique pour « coopérer » face aux défis communs que sont le réchauffement climatique, la pandémie ou la non-prolifération nucléaire. Et surtout pour remporter la compétition stratégique avec la Chine, érigée en « plus grand défi géopolitique du XXIe siècle ».
Le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, a ainsi assuré que les Etats-Unis ne voulaient pas d’un « conflit » avec la Chine, mais étaient « ouverts à une compétition rude ».
Yang Jiechi a, lui, appelé à « abandonner la mentalité de guerre froide », affirmant aussi ne vouloir « ni confrontation ni conflit ». Il a cependant très longuement reproché aux Etats-Unis de vouloir « imposer leur propre démocratie dans le reste du monde ». « La Chine est fermement opposée aux ingérences américaines dans les affaires intérieures de la Chine. Nous avons exprimé notre forte opposition à de telles ingérences, et nous prendrons des mesures fermes en réponse », a déclaré le plus haut responsable du Parti communiste chinois.
« Ce que j’entends est très différent de ce que vous décrivez », l’a repris Antony Blinken, sortant du protocole pourtant millimétré de la rencontre pour avoir le dernier mot. « J’entends une profonde satisfaction sur le retour des Etats-Unis auprès de nos alliés et partenaires, mais j’entends aussi de profondes inquiétudes au sujet de certaines actions de votre gouvernement. » « Nous nous battrons toujours pour nos principes, pour notre peuple, et pour nos amis », a prévenu Jake Sullivan.
Un haut responsable américain à Anchorage, en Alaska, où se tient la réunion, a de son côté accusé les chefs de la diplomatie chinoise d’avoir fait preuve de « démagogie » et d’avoir « privilégié la mise en scène théâtrale aux débats de fond ».
L’administration Biden dit s’appuyer dans cette compétition sur les alliances des Etats-Unis délaissées par Donald Trump. A dessein, le rendez-vous d’Anchorage survient au retour d’une visite d’Antony Blinken au Japon et en Corée du Sud, deux alliés-clés, où il a mis en garde le géant asiatique contre toute tentative de « coercition » et de « déstabilisation » de la région.
Ces derniers jours, les Américains avaient énuméré les sujets qui fâchent, parmi lesquels les violations des droits humains, la « militarisation » de la mer de Chine méridionale, le « vol de propriété intellectuelle », l’absence de transparence sur l’origine du Covid-19… « Une longue litanie de désaccords », selon l’expression du porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.
Or « il est improbable que la Chine change d’attitude sur ne serait-ce qu’un seul des sujets qui comptent pour les Etats-Unis, estime Elizabeth Economy, chercheuse à la Hoover Institution de l’université californienne de Stanford. Nous sommes dans une situation où les valeurs et la vision du monde à venir sont aux antipodes ».
Source : Le Monde avec AFP