Au Mexique, le président Lopez Obrador poursuit son mandat après un référendum à la participation très faible

Les Mexicains devaient répondre, dimanche 10 avril, à la question suivante : « Etes-vous d’accord pour révoquer le mandat du président pour perte de confiance, ou pour qu’il continue à la présidence de la République jusqu’à la fin de son terme ? »

A l’issue de ce référendum qu’il a lui-même lancé et à la participation très faible, le président Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) reste au pouvoir. Au total, plus de 90 % des électeurs ont souhaité que le leader de gauche nationaliste, 68 ans, aille jusqu’à la fin de son mandat unique de six ans en 2024, d’après les premières estimations de l’Institut national électoral (INE). L’INE a annoncé une participation comprise entre 17 % et 18,2 % des 93 millions d’électeurs. La loi prévoit un seuil de 40 % pour que le résultat de ce type de référendum contraigne les pouvoirs en place. En d’autres termes, même si le non l’avait emporté, le président n’était pas légalement obligé de démissionner avec un taux de participation largement inférieur à 40 %.

Le parti d’Andres Manuel Lopez Obrador, le Mouvement pour la régénération nationale (Morena), a salué « un résultat tranchant en faveur de notre président ». « Les gens ont reconnu son engagement en faveur de ceux qui en ont le plus besoin, l’énorme autorité morale avec laquelle il gouverne », a déclaré un des chefs de file de Morena, Mario Delgado.

Le spectre de la réélection

« Que personne n’oublie que c’est le peuple qui commande », avait déclaré Andres Manuel Lopez Obrador en votant à l’ouverture des quelque 57 000 bureaux de vote du pays. Le président avait lui-même inscrit dans la Constitution en 2019 ce « mandat révocatoire », sur le modèle d’autres pays latino-américains comme le Venezuela. 

Trois partis d’opposition (PAN, de droite, PRD de gauche et l’ancien parti-Etat du PRI) avaient appelé à l’abstention, dénonçant un exercice populiste. Le PAN a évoqué une consultation populaire marquée « par l’illégalité, le mensonge et le détournement des ressources publiques ». Le PRI a accusé Morena d’avoir transformé le référendum en « plaisanterie » pour « satisfaire son propre ego et continuer à tromper les Mexicains », selon l’un de ses responsables, sur Twitter, Alejandro Moreno.

Des opposants soupçonnent AMLO de vouloir s’appuyer sur un plébiscite pour envisager une réélection, un tabou politique au Mexique depuis le « Porfiriato » : le président Porfirio Diaz – un dictateur pour certains historiens – était resté au pouvoir pendant près de trente ans, de 1884 à 1911, avant son exil et sa mort à Paris.

Source : Le Monde et AFP

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