Les journalistes locaux et les membres de la presse arrivés en masse du monde entier en Ukraine, risquent en permanence leur vie pour couvrir les derniers développements sur le terrain dans ce pays déchiré par la guerre.

Depuis le 24 février, date du déclenchement des hostilités entre la Russie et l'Ukraine, 18 journalistes ont été tués et 13 autres blessés, a indiqué, mardi, le ministère ukrainien de la culture et de la politique de l'information. En outre, trois journalistes sont toujours portés disparus et huit autres, dont quatre femmes, ont été enlevés depuis le début de la guerre.

La Russie a commis au moins 148 crimes contre des journalistes et des médias en Ukraine au cours du premier mois de la guerre, selon l'Institut de l'information de masse (IMI), une ONG indépendante soutenant la société civile ukrainienne et, en particulier, les professionnels des médias.

Au moins 10 tours de télévision ont été prises pour cible par les forces russes, ce qui a entraîné l'interruption complète ou temporaire des émissions de télévision et de radio dans huit régions d'Ukraine, selon l'IMI.

Par ailleurs, quelque 70 médias régionaux ont été contraints de fermer leurs portes dans tout le pays en raison de menaces liées à la guerre, indique l'institut.

Le mois dernier, des troupes russes ont attaqué une équipe de reporters de Sky News dans leur voiture. Plusieurs membres de l'équipe ont été blessés par balle mais ont survécu grâce à leurs gilets pare-balles.

Maksim Levin

Le 2 avril, le ministère ukrainien de la défense a annoncé sur Twitter que le photojournaliste et documentariste Maksim Levin avait été retrouvé mort près de la capitale Kiev, où il enquêtait sur les "crimes de guerre russes". Le ministère a précisé que Maksim, qui n'était pas armé, a, selon les enquêteurs, été abattu de "deux tirs d'armes à feu" par les troupes russes.

"Il laisse derrière lui sa femme et ses quatre enfants", a ajouté le ministère.

Levin, 40 ans, qui avait été porté disparu le 13 mars alors qu'il travaillait sur les lignes de front près de la capitale, a été retrouvé mort près du village de Huta-Mezhyhirska le 1er avril, selon le conseiller présidentiel ukrainien Andriy Yermak.

Anton Gerashchenko, conseiller et ancien vice-ministre de l'intérieur, avait également confirmé sur Telegram que le journaliste ukrainien avait disparu il y a plus de deux semaines alors qu'il était en reportage dans le district de Vishgorod, une zone d'intenses combats.

Levin, accompagné d'Oleksiy Chernyshov, un militaire et ancien photographe, s'est rendu à Huta-Mezhyhirska le 13 mars "pour couvrir les conséquences de l'agression russe", a déclaré LB.ua, un média ukrainien pour lequel Levin a travaillé pendant plus de dix ans.

"Ils ont laissé la voiture et sont partis en direction du village de Moshchun. Depuis lors, aucun contact n'a pu être établi avec ces deux hommes. Plus tard, on a appris que des combats intenses s'étaient déclenchés dans la zone où se trouvait Maksim Levin (...). La situation et le sort d'Oleksiy Chernyshov sont actuellement inconnus", ajoute le rapport.

Maksim Levin collaborait également avec des médias internationaux, la plupart de ses documentaires portant sur la guerre en Ukraine.

Oksana Baulina

La journaliste russe Oksana Baulina, qui travaillait pour le site d'investigation The Insider, a été tuée le 23 mars lors d'un bombardement russe sur Kiev.

Le site a indiqué, dans un communiqué, que Baulina effectuait un reportage à Kiev et dans la ville de Lviv (ouest du pays) et qu'elle a été tuée lorsque les troupes russes ont bombardé un quartier résidentiel de Podil à Kiev, alors qu'elle filmait les scènes de destruction dans la zone.

Elle est morte "au cours d'un pilonnage alors qu'elle menait sa mission journalistique", ajoute le site.

The Insider, dont la rédaction est basée en Lettonie, pays balte, a indiqué qu'un autre civil était également mort dans le bombardement, tandis que deux autres personnes qui se trouvaient avec Baulina ont été blessées et hospitalisées.

Oksana Baulina était connue pour avoir travaillé auparavant pour la Fondation anti-corruption de l'opposant russe Alexeï Navalny.

Elle a quitté la Russie l'année dernière après que les autorités ont inscrit la fondation de Navalny sur une liste de groupes extrémistes.

Oleksandra Kuvshinova et Pierre Zakrzewski

Oleksandra "Sasha" Kuvshinova, 24 ans, cinéaste et journaliste ukrainienne, est morte le 14 mars avec le journaliste irlandais Pierre Zakrzewski, 55 ans, cameraman pour Fox News, lorsque leur voiture a été la cible de tirs de soldats russes dans le village de Horenka, dans la banlieue nord-ouest de Kiev.

Le correspondant britannique Benjamin Hall, 39 ans, a également été blessé dans cette attaque.

Zakrzewski, un caméraman chevronné, a couvert les conflits en Irak, en Afghanistan et en Syrie pour Fox News.

Kuvshynova avait été consultante sur le terrain pour Fox News.

Brent Renaud

Un autre journaliste étranger a été tué alors qu'il couvrait la guerre russe en Ukraine : Brent Renaud, cinéaste et journaliste lauréat de nombreux prix.

Le journaliste américain, âgé de 50 ans, a été tué le 13 mars près d'un poste de contrôle russe dans la ville d'Irpin, dans la région de Kiev, selon la police.

Ancien collaborateur du New York Times, Renaud a été abattu alors qu'il allait, avec un collègue, faire un reportage sur la situation des réfugiés fuyant la région.

Il se trouvait dans la région pour travailler à un projet des studios TIME sur la crise mondiale des réfugiés.

Le chef de la police de Kiev, Andriy Nebytov, a déclaré que le journaliste avait été pris pour cible par des soldats russes, tandis que ses deux collègues ont été blessés et emmenés à l'hôpital par des secouristes ukrainiens.

L'un des journalistes blessés a été identifié comme étant le reporter américano-colombien Juan Arredondo.

Viktor Dudar

Viktor Dudar, un journaliste de 44 ans originaire de la région de Lviv, a été tué par balle, le 4 mars à Mykolaiv, ville portuaire stratégique du sud de l'Ukraine sur la mer Noire.

Il était correspondant spécialisé dans les affaires de criminalité pour l'hebdomadaire ukrainien Express, jusqu'à ce qu'il se porte volontaire pour la guerre de 2014-2015 dans la région orientale du Donbass.

Après s'être engagé comme réserviste et être revenu de la guerre, le journaliste ukrainien est devenu correspondant en matière de défense du journal.

Dudar, qui était journaliste en temps de paix, a de nouveau rejoint l'armée pour combattre l'avancée des forces russes avec le début de la guerre lancée par Moscou.

Yevhenii Sakun

Le cameraman ukrainien Yevhenii Sakun, 49 ans, qui travaillait pour LIVE TV, a été tué le 1er mars lors d'une attaque russe à la roquette contre une tour de télévision dans le quartier de Babyn Yar à Kiev.

Lorsque le missile a frappé le bâtiment, Sakun y était avec ses collègues.

Son corps n'a été identifié que grâce à sa carte de presse.

Outre Sakun, quatre personnes ont également été tuées et cinq autres blessées dans une attaque contre une tour de télévision dans le quartier Shevchenkivskyi de Kiev.

Source : AA