La justice libanaise a rendu, mardi, une décision interdisant à Riad Salameh, gouverneur de la Banque Centrale du Liban, de quitter le pays dans le cadre d'une enquête relative à des accusations de corruption.

Cette décision a été rendue par la juge Ghada Aoun, procureur général de la région du Mont-Liban (centre), selon ce qu'une source judiciaire informée a déclaré à l'Agence Anadolu, sous couvert d'anonymat.

La décision prévoit une interdiction de quitter le territoire à l'encontre de Riad Salameh, à travers toutes les frontières et tous les points de passage terrestres, maritimes et aériens, dans le cadre d'une enquête préliminaire portant sur une plainte déposée par le groupe "Le peuple exige la réforme du système".

Cette mesure fait suite à une plainte déposée par ledit groupe contre le gouverneur de la Banque Centrale pour "manquement aux obligations professionnelles, négligence, enrichissement illicite, blanchiment d'argent et fraude".

Le groupe "Le peuple exige la réforme du système", créé lors des manifestations qui ont débuté en octobre 2019, comprend 12 avocats spécialisés dans les questions liées aux affaires et aux finances publiques.

Selon des informations de médias locaux, Riad Salameh est sous le coup de plusieurs enquêtes en France et en Suisse depuis le début de l'année 2021, portant sur des accusations d'opérations de blanchiment d'argent au sein de la Banque Centrale, ainsi que sur sa fortune personnelle et celle de ses proches.

Salameh a cependant annoncé plus d'une fois, la dernière en date de novembre dernier, qu'il faisait l'objet de "campagnes" médiatiques et politiques, soulignant que l’origine de sa "fortune est claire et documentée."

Le gouverneur de la Banque Centrale libanaise avait alors déclaré : "Je suis un banquier prospère depuis près de 20 ans, et rien ne m'empêche d'investir et de développer ma propre fortune", soulignant qu'il "soumettrait un rapport détaillé à la justice sur sa fortune personnelle et ses investissements."

Riad Salameh a pris ses fonctions de gouverneur de la Banque Centrale il y a 28 ans, mais doit faire face ces derniers temps à de vives critiques à la suite de l'effondrement du système financier libanais.

Des partis politiques libanais accusent le gouverneur de la Banque Centrale d'être responsable de l'effondrement de la monnaie nationale, qui a enregistré une baisse sans précédent dans un contexte de grave crise économique que traverse le pays depuis plus de deux ans.

Source : AA