Comité des médecins du Soudan: le bilan des victimes des manifestations à Omdourman s’alourdit à 4 morts

Le Comité central des médecins du Soudan a annoncé, ce jeudi, que le bilan des victimes lors de la manifestation du 30 décembre (aujourd'hui) dans la ville d'Omdourman, à l'ouest de la capitale, Khartoum, s’est alourdi à 4 morts.

Le Comité (non-gouvernemental) a déclaré dans un communiqué : "trois martyrs sont tombés lors des manifestations dans la région d'Omdourman, sous les balles des forces putschistes et leurs milices aux noms et aux activités multiples".

Dans un communiqué ultérieur, le Comité a déclaré qu'"un quatrième martyr est tombé sous les balles de l'autorité putschiste, portant le bilan du massacre du 30 décembre à 4 martyrs, tous tués à balles réelles".

Et de souligner qu'après la mort des quatre manifestants, "le bilan des martyrs du coup d'État depuis le 25 octobre dernier s’est alourdi à 52 morts, dont 10 sont tombés après l'accord putschiste du Premier ministre du putsch (Abdullah Hamdok) et du chef de son Conseil de souveraineté (Abdel-Fattah al-Burhan)".

Le Comité a accusé les autorités, qu'il a qualifiées de "putschistes", de pratiquer "les violations les plus odieuses contre notre peuple en ce moment et de continuer à commettre leurs massacres dans un silence médiatique qui n’empêchera pas son inévitable chute".

Et d’ajouter : "l’autorité putschiste continue les traques à l'intérieur des quartiers en tirant à balles réelles dans des violations flagrantes du caractère sacré des maisons".

Dans un même contexte, le Comité a déclaré dans un communiqué séparé : "Les forces de l’ordre ont enlevé un blessé par balle au cou, alors qu'il était sous assistance respiratoire dans une ambulance, au moment de son transfert à l'hôpital d'Omdourman, afin de recevoir des soins nécessaires à son état critique".

Il a estimé que "ce détournement public de l'ambulance avec son cadre médical et le blessé qu’elle transporte, confirme ce qui se raconte dans les rues de la vaillante révolution, à propos de la nécessité de renverser l’ensemble de ce gouvernement".

Pour leur part, les forces "Liberté et Changement" (l'ancienne coalition au pouvoir), ont déclaré que les autorités sécuritaires "ont tiré à balles réelles sur les manifestants, ce qui a fait plusieurs morts et blessés avec préméditation, parmi les manifestants pacifiques".

Les forces "Liberté et Changement" ont ajouté dans un communiqué : "dans les manifestations d'aujourd'hui, 30 décembre, les autorités putschistes ont tiré à balles réelles sur les cortèges pacifiques des femmes et hommes de notre peuple à Omdourman, ce qui a engendré le martyre d'un certain nombre de révolutionnaires pacifiques (dont le nombre n'a pas été précisé) avec préméditation, et plus d'une vingtaine de blessés".

Des manifestations ont eu lieu dans la journée du jeudi à l’appel de l’Association des professionnels soudanais et des Comités de résistance pour protester contre l'accord politique signé entre le président du Conseil de souveraineté, Abdel Fattah al-Burhan, et le Premier ministre Abdullah Hamdok, et pour exiger le retour au régime civil démocratique.

Depuis le 25 octobre dernier, le Soudan a été le théâtre de protestations contre les mesures prises par al-Burhan, dont notamment, la déclaration de l'état d'urgence, la dissolution du Conseil de souveraineté, ainsi que celui des ministres de transition, la destitution de Hamdok et l'arrestation de dirigeants et de responsables de partis.

Les forces politiques et civiles ont considéré ces mesures comme un "coup d'Etat militaire", ce que l’armée a démenti, en qualifiant ces mesures de "correctives".

Les autorités sécuritaires ont fermé certains ponts et rues du centre de Khartoum, dans les journées du mercredi et du jeudi, avec des conteneurs, des barbelés et des barrières en béton pour empêcher l’arrivée des manifestants rejetant le "régime militaire", à proximité du palais présidentiel.

Le 21 novembre dernier, le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhan, et le Premier ministre Abdullah Hamdok avaient signé un accord politique qui prévoit le retour de ce dernier à ses fonctions, la formation d'un gouvernement de compétences et la libération des détenus politiques. Les deux parties se sont engagées à travailler ensemble pour achever la transition démocratique.

Cependant, les forces politiques et civiles soudanaises ont considéré l'accord comme une "tentative de légitimer le coup d'État" et se sont engagées à poursuivre les protestations jusqu'à l’instauration d’un régime totalement civil, pendant la période de transition.

Le Soudan traverse, depuis le 21 août 2019, une période de transition de 53 mois, qui devait se terminer par la tenue des élections. Au cours de cette transition, le pouvoir était partagé entre l'armée, les forces civiles et les mouvements armés qui ont signé un accord de paix avec le gouvernement, le 3 octobre 2020.

Source : AA

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