Biden et Poutine prônent «diplomatie» et «dialogue» avant leur entretien sur l'Ukraine

États-Unis et Russie vont se parler au téléphone pour la deuxième fois en moins d'un mois. Cet entretien aura lieu quelques jours avant des pourparlers sur la sécurité en Europe, le 10 janvier.

Les présidents américain et russe ont affirmé, à quelques heures d'un entretien jeudi 30 décembre, leur volonté de dialoguer pour résoudre les profondes tensions russo-occidentales, sur fond de crainte d'une invasion russe de l'Ukraine avant des pourparlers sur la sécurité en Europe qui débuteront le 10 janvier.

Joe Biden et Vladimir Poutine aborderont «divers sujets, dont les prochains contacts diplomatiques avec la Russie», a annoncé mercredi une porte-parole de la Maison-Blanche chargée des questions de sécurité lors d'un appel se tiendra à 20h30 GMT. Joe Biden compte proposer, selon la Maison Blanche, une «voie diplomatique» pour sortir de la crise lors de leur appel téléphonique, le deuxième en moins d'un mois.

Vladimir Poutine s'est de son côté dit «convaincu», dans ses vœux de Nouvel an au président américain, qu'un dialogue «efficace» et «fondé sur le respect mutuel» était possible, rappelant le sommet en juin à Genève ayant réuni les deux hommes. «Seule la voie des négociations peut résoudre l'abondance des problèmes immédiats qu'il y a entre nous», a ajouté par la suite le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant que l'appel téléphonique prévu jeudi entre les deux présidents était une initiative de Poutine.

Joe Biden devrait toutefois souligner que les États-Unis demeurent «profondément inquiets» de la présence de troupes russes à la frontière avec l'Ukraine et qu'ils seront «préparés à répondre» en cas d'invasion, selon un responsable de la Maison-Blanche. Washington «aimerait voir les troupes (russes, NDLR) retourner à leurs zones d'entraînement habituelles», a précisé cette source.

Menace de sanctions

Joe Biden continue de consulter «ses alliés et partenaires» à ce sujet, a précisé la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Emily Horne. Le secrétaire d'État Antony Blinken s'est ainsi entretenu mercredi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky d'une part, et ses homologues français, allemand et britannique d'autre part. Le chef de la diplomatie américaine a ainsi réaffirmé à Volodymyr Zelensky «le soutien sans faille des États-Unis à l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine face au renforcement militaire de la Russie», a indiqué son porte-parole Ned Price. Volodymyr Zelensky a quant à lui souligné dans un tweet avoir reçu l'assurance d'un «plein soutien américain» pour «contrer une attaque russe».

Avec les ministres des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, allemande, Annalena Baerbock, et britannique, Elizabeth Truss, Antony Blinken a ensuite évoqué «l'importance d'une coordination continue afin de dissuader une quelconque attaque russe contre l'Ukraine». Les quatre chefs de la diplomatie ont réaffirmé le «consensus» en vue d'«imposer des conséquences massives et des coûts exorbitants à la Russie» le cas échéant. Lors d'un précédent entretien téléphonique début décembre entre Joe Biden et Vladimir Poutine, le président américain avait menacé son homologue de sanctions «comme il n'en a jamais vu» en cas d'attaque contre l'Ukraine.

Des négociations en janvier

Cet appel interviendra deux semaines avant des négociations entre les deux pays prévues le 10 janvier à Genève sur les traités de contrôle de l'armement nucléaire et la situation à la frontière russo-ukrainienne, où les Occidentaux accusent Moscou de masser des troupes en vue d'une éventuelle attaque. La Russie n'a de cesse de répéter que la priorité des priorités est la négociation de deux traités redéfinissant l'équilibre et l'architecture sécuritaires de l'Europe. Pour le Kremlin, la sécurité de la Russie passe par l'interdiction de tout élargissement de l'Alliance atlantique et la fin des activités militaires occidentales à proximité des frontières russes, zone que Moscou considère comme relevant de sa zone d'influence. Signe que les discussions du 10 janvier seront âpres, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a d'ores et déjà exclu toute «concession». Les États-Unis avaient auparavant prévenu que certaines requêtes russes étaient «inacceptables».

Ces pourparlers bilatéraux devraient être suivis le 12 janvier par une réunion entre la Russie et l'Otan, suivie le 13 janvier d'une rencontre entre la Russie et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont font partie les États-Unis, a indiqué lundi un porte-parole américain. «Pour ce qui sera de la suite, nous allons voir en fonction de la disposition des États-Unis et de l'Otan à avoir une discussion concrète sur nos préoccupations», a souligné jeudi Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe.

En réaction à une révolution pro-occidentale, la Russie a déjà annexé en 2014 une partie du territoire ukrainien, la péninsule de Crimée, une manœuvre qui avait déjà provoqué des sanctions à son encontre.

Source : Le Figaro

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