L'inflation de 8,1% en Russie qualifiée de "désastre" par la Banque centrale

La Russie échoue à enrayer la flambée de ses prix qui a atteint 8,1% en octobre. En cause, la faible productivité de l'agriculture russe et les politiques protectionnistes qui font grimper les prix de l'alimentaire.
L'inflation, qui bat des records en Russie, est un "désastre" car elle appauvrit la population, a noté ce lundi la présidente de la Banque centrale, Elvira Nabioullina, un rare rappel à l'ordre adressé au gouvernement.

"L'inflation est un désastre qui appauvrit les gens", a déclaré cette figure respectée devant la Douma, chambre basse du Parlement russe.

8,1% sur un an

En octobre, l'inflation a atteint 8,1% sur un an, un record depuis 2016, alors que l'objectif de la Banque centrale est de 4%. Comme ailleurs dans le monde, les prix de l'alimentaire ont particulièrement flambé, un coup dur pour une population vivant souvent sur le fil du rasoir, avec très peu d'épargne.

"Une inflation élevée détruit vraiment la prospérité. Et quand on nous dit que (...) l'essentiel est de maintenir le taux d'intérêt bas pour que le crédit augmente partout, nous ne pouvons pas être d'accord avec cela", a-t-elle dit devant le législateur.
Elvira Nabioullina sonne l'alarme depuis des mois face à l'inflation, augmentant le taux directeur, actuellement de 7,5%, pour freiner la hausse des prix.

Lundi, elle a en outre de nouveau critiqué les mesures de plafonnement administratif de certains prix prises par le gouvernement, les jugeant nuisibles pour l'économie. Elle a également semblé, à demi-mot, critiquer une certaine inaction en termes de soutien à la population dont les revenus ont été affectés par la pandémie.

En effet, les aides sont restées très limitées, alors même que le fonds souverain russe, qui doit pourtant servir de réserve en cas de coup dur, dépasse les 190 milliards de dollars.

La patronne de la Banque centrale russe est une des seules voix occasionnellement critiques des politiques gouvernementales généralement ordonnées par Vladimir Poutine.

Des poussées inflationnistes sur les prix alimentaires

La Russie lui doit en partie la sortie de la crise économique et financière en 2015-2016. Face à un effondrement historique du rouble, conséquence des sanctions liées à la crise ukrainienne et de la chute des cours du pétrole, elle avait augmenté drastiquement le taux directeur à 17% et réussi à enrayer l'inflation.

La Russie est depuis plusieurs années en proie à des poussées inflationnistes régulières notamment sur les prix alimentaires. Une situation paradoxale aux vues des importantes ressources énergétiques (pétrole, gaz...) dont dispose le pays.

La hausse des prix serait dû à une faible productivité dans le monde agricole russe à laquelle le gouvernement a tendance à répondre par des mesures protectionnistes.

"Lorsque vous augmentez le coût d'entrée et que vous avez protégé les producteurs locaux qui sont moins productifs que le marché international, alors bien sûr les prix augmentent", analysait en décembre dernuer Apurva Sanghi, économiste de la Banque mondiale en charge de la Russie.

Source: AFP

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