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- Le 22 Novembre 2024
Selon un bilan provisoire, les déflagrations ayant ravagé un camp de l’armée et des habitations à Bata, la capitale économique, ont fait plus de 100 morts.
Le bilan en Guinée équatoriale a continué de s’alourdir, mardi 9 mars, avec une centaine de morts et plus de 600 blessés, deux jours après les explosions qui ont ravagé un camp de l’armée et d’innombrables maisons à Bata, la capitale économique. L’inamovible président Teodoro Obiang Nguema, qui dirige le pays d’une main de fer depuis quarante-deux ans en s’appuyant notamment sur l’armée, a de nouveau blâmé les responsables du camp de Nkoa Ntoma pour avoir stocké les explosifs à l’origine des déflagrations meurtrières, dimanche, si près de quartiers d’habitations.
Sept cadavres ont été extirpés des ruines mardi, portant le bilan provisoire à 105 morts et 615 blessés, a annoncé la télévision d’Etat TVGE, ajoutant que les chances de retrouver vivantes de nombreuses victimes ensevelies s’amenuisaient quarante-huit heures après les explosions. La veille, les secouristes avaient retrouvé vivantes « plus de 60 personnes bloquées sous les décombres », selon le gouvernement, dont deux enfants âgés de 3 et 4 ans.
Dès dimanche soir, le président Obiang avait annoncé une enquête pour déterminer les responsabilités, révélant que le sinistre avait pour origine un feu d’écobuage mal maîtrisé d’un fermier à proximité des stocks d’explosifs et de munitions du camp. Il avait déjà accusé les responsables du camp de « négligences ». Dans une interview à la TVGE diffusée mardi, le chef de l’Etat a enfoncé le clou. Les responsables du camp « ont vraiment commis une imprudence, ou c’est de la malveillance pour des gens censés connaître les effets des explosions de la dynamite, qui normalement […] se stocke très loin de toute population et sous la terre, et non pas, comme cela était le cas, dans un lieu ouvert et près de la population », a-t-il dit.
Les très puissantes déflagrations, espacées de longues minutes en plein après-midi, ont littéralement ravagé les édifices du camp abritant des militaires des forces spéciales et des gendarmes, ainsi que leurs familles, et éventré ou aplati d’innombrables maisons des quartiers environnants. « Bata est calme ce matin mais les gens continuent d’envoyer leurs familles dans les villages à l’intérieur du pays, car ils estiment que les explosions de dimanche étaient une alerte et que le pire pourrait arriver », a assuré mardi à l’AFP, par téléphone, un habitant, Pastor Oyono.
La ville de Bata abrite environ 800 000 des quelque 1,4 million d’habitants de ce petit Etat riche de son pétrole et de son gaz mais où la grande majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté. Ce port, sur la partie continentale du pays, est littéralement coupé de la capitale, Malabo, située sur l’île de Bioko : depuis plusieurs semaines, les autorités ont suspendu toutes les liaisons aériennes et maritimes pour ralentir la propagation du coronavirus. Depuis le drame, seuls des avions militaires et du gouvernement font le trajet.
La Guinée équatoriale, l’un des pays les plus fermés d’Afrique, est régulièrement accusée par les organisations internationales d’atteintes aux droits humains. Et les mises en cause de la toute puissante armée n’y sont pas monnaie courante. Le clan de Teodoro Obiang Nguema, qui détient à 78 ans le record mondial de longévité en tant que président encore en vie, appuie son pouvoir sur l’armée, dont tous les hauts gradés sont issus de sa famille ou de sa tribu des Essangui. Le vice-président chargé de la défense et de la sécurité, Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé « Teodorin », est le fils du chef de l’Etat et présenté comme son dauphin. Depuis dimanche, il est d’ailleurs omniprésent à Bata et filmé à l’envi par la TVGE sur les ruines comme dans les hôpitaux.
Ce pays à l’économie sérieusement en berne en raison de la chute des cours des hydrocarbures depuis 2014, dont elle dépend à 90 %, a consacré 95 milliards de francs CFA à la défense (140 millions d’euros) dans son budget 2020, contre 59 milliards à l’éducation. Mais président et vice-président multiplient depuis deux jours les appels à l’aide internationale pour surmonter le drame de Bata. L’Espagne, ancienne puissance coloniale, a annoncé qu’un avion d’aide partirait de Madrid pour atterrir mercredi à Bata chargé de médicaments et de matériel médical. L’ambassade des Etats-Unis a annoncé mardi que Washington envoyait des experts pour aider « le gouvernement dans ses efforts d’évaluation des dégâts et de reconstruction ».
Source : Le Monde avec AFP