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- Le 22 Novembre 2024
L’escalade des tensions entre la Biélorussie et l'Occident a atteint un point culminant inédit, en raison de la crise des migrants à la frontière du pays avec la Pologne.
Après l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, la Biélorussie a déclaré son indépendance et est devenue une zone d’intérêt, depuis lors, tant pour la Russie que pour l'Europe, en raison de sa position géopolitique.
Critiquant l'administration du président biélorusse Alexandre Loukachenko, l'Union européenne a d'abord suspendu les relations bilatérales et interrompu l'aide internationale à la Biélorussie en 1997, à la suite du référendum de 1996, qui a permis à Loukachenko de prolonger son mandat et d'étendre ses pouvoirs.
Depuis lors, les États-Unis ont imposé des sanctions contre Loukachenko et d'autres représentants de l'État à intervalles réguliers.
Les relations entre la Biélorussie, l'UE et les États-Unis s'étaient améliorées jusqu'aux deux dernières années avec l’assouplissement de certaines restrictions sur les activités politiques et de la société civile, par le gouvernement de Loukachenko.
La Biélorussie, fortement dépendante de la Russie sur le plan énergétique et économique, s'est rapprochée de l'Occident, et ce dernier a levé certaines sanctions en conséquence.
Des relations tendues à nouveau
Cependant, avant les élections présidentielles en Biélorussie au 9 août de l'année dernière, les relations entre le pays et l'Occident ont de nouveau été prises dans une nouvelle spirale de tensions.
Le blogueur et candidat à la présidence biélorusse, Sergueï Tikhanovsky, a été reconnu coupable d'avoir organisé des manifestations qui auraient perturbé l'ordre avant les élections. Le candidat à la présidentielle, Viktor Babaryko, un ancien banquier, a été, pour sa part, reconnu coupable de blanchiment d'argent et condamné à 14 ans de prison. L'épouse de Tikhanovsky, Svetlana Tikhanovskaya, a été nommée pour remplacer Tikhanovsky.
Les protestations contre les résultats ont commencé avant même la fermeture des bureaux de vote et la police est intervenue de manière excessive.
Sanctions occidentales
Le président sortant Loukachenko a remporté les élections.
L'UE, les États-Unis, le Royaume-Uni et d'autres pays occidentaux ont déclaré qu'ils ne reconnaissaient pas les résultats, clamant que les élections étaient truquées.
Des manifestations illégales dans le pays, qui ont duré des jours, ont été organisées sous la direction de Tikhanovskaya, qui a ensuite fui en Lituanie. D'autres dissidents ont aussi fui vers la Pologne, où un quartier général de l'opposition a été établi avec le soutien de l'État polonais.
Outre les allégations d'élections truquées, l'UE a également déclaré que des pressions s’exerçaient sur l'opposition en Biélorussie et a entamé une série de sanctions contre le pays.
Des restrictions de voyage ont été imposées à certains représentants de l'État, y compris Loukachenko, ainsi que le gel de leurs avoirs. D’autres sanctions ont également été imposées aux entreprises publiques.
Les membres de l'Union européenne ont également fermé leur espace aérien aux compagnies aériennes biélorusses, à la suite d'un incident survenu le 23 mai 2021, au cours duquel un avion de ligne de la compagnie Ryanair, qui effectuait un vol reliant Athènes à Vilnius, a été détourné et contraint d'atterrir dans la capitale biélorusse Minsk, sous prétexte d'une alerte à la bombe. Le journaliste dissident biélorusse, Roman Protasevich, qui se trouvait à bord de l’avion, a été débarqué de l’appareil et mis en détention.
La Biélorussie suspend l'accord de réadmission avec l'Union européenne
Dans un discours prononcé le 6 juillet dernier, Loukachenko a déclaré que suite aux attitudes occidentales envers la Russie et la Biélorussie, ils ne peuvent plus accepter les personnes fuyant la guerre.
Il a affirmé que la Biélorussie ne retiendrait plus personne, en ajoutant : “nous ne sommes pas leur destination finale après tout. Ils se dirigent vers une Europe éclairée, chaleureuse et confortable“.
En octobre, la Biélorussie a suspendu un accord avec l'Union européenne obligeant le pays de reprendre les migrants qui ont traversé son territoire vers l'UE.
L'UE accuse l'administration biélorusse d'"utiliser la migration irrégulière comme un outil" et d'"essayer de déstabiliser l'UE" en envoyant des migrants aux frontières des pays de l'UE, la Pologne, la Lituanie et la Lettonie.
Biélorussie et Russie
Face aux pressions occidentales, la Biélorussie s'est tournée vers la Russie, pour sortir du goulot d'étranglement économique.
La Biélorussie a accéléré le processus de l’“État de l'Union“ avec la Russie. L'accord sur la structure de l'“État de l'Union russo-biélorusse“, supprimant les frontières entre les deux États et assurant l'intégration économique et sociale, a été signé en 1997, il est entré en vigueur au cours de l’année 2000.
Le 4 novembre 2021, le président russe, Vladimir Poutine, et le président Loukachenko ont signé un décret ratifiant le programme de l'État fédéré Russie-Biélorussie.
La feuille de route du programme de l'État de l'Union s’articule en 28 points, dont la coordination des politiques macroéconomiques, monétaires et de crédit, ainsi que des politiques communes portant sur les secteurs de l'industrie, l'agriculture et l'énergie.
Poutine et Loukachenko ont également approuvé la “Doctrine militaire de l'État fédéré“.
Biélorussie et Union européenne
Peu de temps après la signature des accords par les deux dirigeants, le 8 novembre dernier, plus de 2 000 migrants ayant l’objectif d’immigrer vers l’Europe, ont atteint la frontière entre la Biélorussie et la Pologne.
Les autorités polonaises ont annoncé qu'elles ne les autoriseraient pas à entrer dans son territoire et qu'elles renverraient tous ceux qui réussiraient à passer en Biélorussie.
La présence d'un grand nombre de personnes en quête d'immigration vers l'Europe à la frontière entre Biélorussie et Pologne a fait monter d’un cran les tensions entre les deux pays.
La Biélorussie a accusé la Pologne de ne pas offrir un traitement humain aux personnes cherchant à émigrer en Europe, alors que l'administration polonaise a, pour sa part, accusé la Biélorussie d'utiliser ces personnes comme un outil politique.
L'Union européenne a accusé le gouvernement biélorusse d'"utiliser des immigrés et de les encourager à se rendre aux frontières de l'UE".
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé les États membres de l'UE à approuver un régime de sanctions élargi contre les responsables biélorusses, à la suite de la crise frontalière.
Source : AA