Guerre du Donbass, un conflit à dimensions plus que régionales

Premier pays à quitter l’Union Soviétique en 1991, et provoquant ainsi la chute de ce bloc, l’Ukraine fait face à nouveau à la politique expansionniste de Moscou et qui ne se resigne pas à lâcher ce pays. Même si indépendante depuis 30ans, l’Ukraine se bat aujourd’hui pour sa vraie indépendance, indépendance qui lui permettra de choisir son avenir en toute souveraineté.

 La région du Donbass, dans l’est du pays, est depuis 2014 en proie à une guerre qui a fait des milliers de victimes entre les forces de Kiev et des séparatistes, dont le Kremlin est le parrain militaire malgré ses dénégations. La zone reste particulièrement sujette aux tensions. Apres une période d’accalmie, la situation dans l’est de l’Ukraine connait depuis quelque mois une nette dégradation, marquée par une multiplication des violations du cessez-le-feu.

Le 2 novembre dernier, un soldat a encore été tué suite aux tirs des séparatistes soutenus et financées par la Russie à Avdiïvka, une ville industrielle la région de Donetsk. Un autre soldat a été blessé le 5 novembre dernier à Zolote dans la région de Lougansk.

De son côté, Kiev a confirmé, mercredi 27 octobre, avoir utilisé pour la première fois un drone turc au combat. La frappe aurait été lancée en réponse à un tir d’artillerie de calibre 120 millimètres, qui aurait coûté la vie à un soldat ukrainien et blessé un autre. Il s’agit de la première utilisation par l’Ukraine d’un drone turc Bayraktar TB2, qui a joué un rôle clé dans la victoire de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie dans la guerre du Haut-Karabakh, il y a un an. Kyiv prévoit d’acheter cinquante de ces drones à Ankara, avant de lancer ensuite sa propre production.

Selon Dmytro Kuleba, Ministre des Affaires étrangères ukrainien, environ 14 000 personnes ont été tuées lors du conflit dans le Donbass, « À ce jour, environ 14 000 personnes ont été tuées dans le Donbass. Ce nombre comprend des militaires [des forces armées ukrainiennes] et des victimes civiles. Nous mettons régulièrement ces données à jour ».

Suspension de la mission de OSCE dans le Donbass.

Le 17 octobre, l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a annoncé la suspension de sa mission spéciale d'observation dans l'est de l'Ukraine suite aux protestations des séparatistes pro-russes devant son siège à Donetsk. Environ 200 manifestants ont bloqué l'entrée de l'hôtel où siège une partie des observateurs de la mission, exigeant la libération d'un officier rebelle détenu par l'armée ukrainienne. La République Populaire Autoproclamée de Louhansk (RPAL) a déclaré que le chef adjoint de la Mission spéciale d'observation de l'OSCE, Mark Etherington, avait promis d'enquêter après des discussions avec Vladislav Deinego, le Ministre des Affaires étrangères de la République Autoproclamée et Négociateur en chef. Les manifestants affirment qu'Andrei Kosyak, l’officier en question, a été capturé le 13 octobre dans la zone de désengagement près de la ville de Zolote. Les services de sécurité ukrainiens disent eux qu'il effectuait une reconnaissance des positions ukrainiennes sous couvert de déminage. 

Visite de Lloyd Austin, aide américaine et adhésion à l’OTAN

Lors de sa dernière visite en Ukraine en octobre dernier à l’occasion de la tournée régionale qui l’a emmené aussi en Géorgie, le Secrétaire à la Défense de l’Administration de Joe Biden, M. Lloyd Austin a qualifié la Russie d’« obstacle » à la paix en Ukraine, accusant Moscou de déstabiliser la région de la mer Noire. « Nous appelons la Russie à mettre fin à son occupation de la Crimée et à arrêter de prolonger la guerre dans l’est de l’Ukraine et ses activités déstabilisatrices en mer Noire et le long des frontières ukrainiennes. […] La Russie a commencé cette guerre et la Russie fait obstacle à sa résolution pacifique »

Fin août, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré à Washington le président Joe Biden, qui lui avait réitéré sa promesse de soutenir Kiev face à la Russie, tout en restant évasif sur la question très délicate de l'Otan, que l'Ukraine veut rejoindre. Le chef d'Etat ukrainien était reparti avec la promesse de 60 millions de dollars d'aide militaire supplémentaire, sous la forme en particulier de dispositifs de missiles anti-char Javelin.

Une partie de cette aide a bien été livrée à Kiev pour renforcer les capacités de l'armée en guerre contre des séparatistes financés par la Russie. Une aide conditionnée selon Lloyd Austin par des réformes de l'armée ukrainienne, de son industrie militaire, et un renforcement du contrôle par des institutions civiles dans ce secteur, a indiqué un haut responsable américain.

"Le gouvernement ukrainien s'est engagé à faire avancer ces réformes", a affirmé ce responsable. La lutte contre la corruption et la quête d'une meilleure gouvernance sont des revendications portées par les Occidentaux depuis des années. Ces réformes sont censées mener à une collaboration renforcée avec l'Otan, à laquelle L'Ukraine souhaite adhérer, au grand dam de Moscou.

Concernant la possible adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, et répondant à une question d’un journaliste sur les objections russes à l'entrée de l'Ukraine dans le pays, le haut responsable américain a déclaré qu'aucun pays tiers n'avait de veto sur les aspirations de l'Ukraine à rejoindre l'alliance militaire de l'OTAN. "L'Ukraine (...) a le droit de décider de sa propre politique étrangère future, et nous espérons qu'elle pourra le faire sans aucune ingérence extérieure. Et enfin, je dirais que notre soutien à la souveraineté de l'Ukraine est inébranlable et, encore une fois, nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour veiller à ce que les bonnes choses soient en place pour que l'Ukraine puisse se défendre. 

Néanmoins, l'OTAN hésite encore à admettre l'Ukraine dans l'alliance sous pretexte de corruption et la lenteur des réformes. Mais comment espérer une démocratie totale alors que l'Ukraine est constamment menacée par la Russie de Vladimir Poutine ? L'alliance ne serait-elle pas  beaucoup plus forte avec une Ukraine à bord et à l'avant-garde d’une éventuelle guerre avec la Russie ? N’est-il pas dans l’intérêt de l’occident d’aider l’Ukraine à repousser les Russes ? Autrement, l’armée de Poutine ira plus loin et tentera d'engloutir des territoires européens supplémentaires. Ils y travaillent depuis 2008, et ils ne montrent aucun signe de relâchement. Pour rappel, pendant la guerre froide, les inquiétudes croissantes d’une éventuelle agression soviétique en Europe de l'Est ont entraîné la remilitarisation de l'Allemagne de l'Ouest et son admission à l'OTAN. L'Allemagne de l'Ouest a servi de tampon supplémentaire.

Donc la question qui se pose est : Aider l'Ukraine à défendre son intégrité territoriale et sa souveraineté, ne serait-il pas le moyen le plus sûr de défendre l’Europe ? 

Ines LABTER pour Maghreb Aujourd'hui

 

 

 

 

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