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Au moins cinq personnes ont été tuées depuis mercredi dans des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre déclenchés par l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko.
Un collégien a été tué, samedi 6 mars, à Diaobé, dans le sud du Sénégal, selon des sources de sécurité. Le bilan des troubles qui agitent le pays depuis l’arrestation du principal opposant, Ousmane Sonko, est désormais de cinq morts. Le poste de gendarmerie, celui des douanes, des eaux et forêts ainsi qu’une station-service, ont été saccagés et brûlés, de même qu’une dizaine de véhicules.
Le pays, considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, est en proie à des heurts inhabituels depuis plusieurs jours. Vendredi, la capitale Dakar a vécu des scènes de guérilla urbaine entre les forces de l’ordre et des centaines de jeunes réclamant la libération de M. Sonko, dont l’arrestation a libéré une exaspération accumulée devant la dureté des conditions de vie. Dans un communiqué, le Mouvement de défense de la démocratie (M2D), une coalition d’opposants, a appelé à trois jours de manifestations à partir de lundi.
Dimanche, les autorités sénégalaises ont annoncé dimanche suspendre l’école sur tout le territoire à partir de lundi et pour une semaine. Les tensions se sont intensifiées sans perspective apparente d’apaisement, la justice ayant maintenu M. Sonko, candidat arrivé troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, en garde à vue. Au moins quatre personnes ont été tuées.
Vendredi soir, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, s’est dit « très préoccupé » et a appelé « à éviter une escalade », alors que le gouvernement sénégalais disait regretter « la perte de quatre vies humaines » depuis mercredi et a promis de mettre en œuvre « tous les moyens nécessaires pour ramener l’ordre ».
Samedi, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a condamné les violences survenues ces derniers jours au Sénégal, appelant « toutes les parties à la retenue et au calme ». L’organisation a également invité « les autorités à prendre les mesures nécessaires pour apaiser les tensions et garantir les libertés de manifester pacifiquement, conformément aux lois en vigueur ».
Dans le quartier populaire de la Médina, au cœur de la capitale sénégalaise à l’arrêt, des groupes de jeunes scandant « Libérez Sonko ! » ont harcelé en jetant des pierres les très nombreux policiers, dans les nuages de lacrymogènes et les déflagrations de grenades assourdissantes, selon des journalistes de l’Agence France-Presse. Les mêmes incidents se sont reproduits un peu plus loin près de la place de la Nation. Des blindés avaient été positionnés auprès du palais de la présidence et ses accès bouclés.
A Mbao, dans la grande banlieue, des pillards ont été aperçus sortant les bras chargés de marchandises d’un supermarché Auchan, dont au moins quatorze magasins ont été attaqués et dix « pillés », selon la direction du groupe français. Des heurts ont été rapportés dans d’autres villes.
Lors d’un discours diffusé en direct à la télévision, le ministre de l’intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a affirmé que ces événements « relèvent du grand banditisme et de l’insurrection » et a accusé Ousmane Sonko d’avoir « lancé des appels à la violence » et à « l’insurrection ».
Jeudi soir, des manifestants ont attaqué les locaux du quotidien Le Soleil et de la radio RFM, jugés proches du pouvoir. De nombreuses enseignes françaises ont été attaquées, la France étant volontiers considérée comme soutenant le président Sall. Les écoles françaises dans le pays ont fermé, tout comme l’agence d’Air France.
La garde à vue d’Ousmane Sonko doit s’achever dimanche. Il sera présenté à nouveau au juge lundi, selon ses avocats. M. Sonko a été arrêté officiellement pour trouble à l’ordre public, alors qu’il se rendait en cortège au tribunal où il était convoqué pour répondre à des accusations de viol. L’opposant est visé depuis début février par une plainte déposée par une employée d’un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.
Dans le cadre de l’affaire de viols présumés, il est ressorti sans être inculpé vendredi du bureau du juge, mais avec un nouveau rendez-vous lundi, et a été replacé en garde à vue dans la procédure pour trouble à l’ordre public, selon ses avocats. M. Sonko fait l’objet d’une « tentative de liquidation aux fins d’élimination d’un adversaire politique », a ainsi dénoncé Abdoulaye Tall. Personnalité au profil antisystème, le député crie au complot ourdi par le président Sall pour l’écarter de la prochaine présidentielle. M. Sall a démenti, fin février, mais gardé le silence depuis sur l’affaire.
Les réseaux sociaux ont rapporté des perturbations d’Internet, à l’instar de celles observées dans certains pays à l’initiative des gouvernants dans les périodes de crise. L’observatoire spécialisé Netblocks a confirmé des restrictions sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie, affectant le partage de photos et de vidéos.
Jeudi soir, les autorités ont suspendu le signal de deux chaînes de TV coupables, selon elles, de diffuser « en boucle » des images de violence.
« Les autorités sénégalaises doivent immédiatement cesser les arrestations arbitraires d’opposants et d’activistes, respecter la liberté de réunion pacifique et la liberté d’expression et faire la lumière sur la présence d’hommes armés de gourdins aux côtés des forces de sécurité », a demandé Amnesty International. Reporters sans frontières a condamné une « vague de violations de la liberté de la presse inédite ces dernières années dans ce pays d’Afrique de l’Ouest ».
Source : Le Monde avec AFP