Les Suisses appelés à se prononcer sur le voile intégral

La Confédération helvétique tient un référendum ce dimanche pour autoriser ou bannir la dissimulation du visage, soit le port de la burqa ou du niqab.

Officiellement, ni la burqa (une sorte de longue pièce de tissu qui couvre les femmes de la tête aux pieds et munie d'une fente grillagée à hauteur des yeux) ni le niqab (qui couvre entièrement le corps et le visage à l'exception des yeux) ne sont évoqués. Et pourtant, tout le monde comprend ce qui est visé. Les Suisses doivent voter dimanche 7 mars pour autoriser ou bannir la dissimulation du visage. Les sondages donnent une courte majorité à cette initiative, qui vient après des années de débat.

Les slogans sur les affiches de campagne ôtent tout doute : « Stopper l'islamisme radical » ou « Stopper l'extrémisme », et montrent des femmes en niqab. Les affiches des opposants au oui exhortent, eux, à voter « non à une loi anti-burqa islamophobe, absurde et inutile ». Si le oui devait l'emporter, il sera alors interdit de se couvrir complètement le visage en public, mais des exceptions sont prévues pour les lieux de culte par exemple.

« En plus d'être inutile, ce texte est raciste et sexiste. Nous pensons qu'en 2021, en tant que féministes, il n'est pas acceptable que la Constitution suisse ait un article qui prescrive ou interdise une tenue aux femmes quelles qu'elles soient », a déclaré à l'Agence France-Presse Ines El Shikh, porte-parole du collectif de féministes musulmanes Les foulards violets. Pour elle, le projet de loi crée l'illusion d'un problème là où il n'y en a pas et concerne quelques dizaines de femmes seulement.

L'opposition du gouvernement

« La cible de l'initiative, ce ne sont pas les musulmans, nous ne remettons pas en cause leurs pratiques religieuses », affirme à l'Agence France-Presse Jean-Luc Addor, le porte-parole du oui et membre du parti de la droite populiste UDC. Pour lui, il s'agit de défendre « les valeurs de notre civilisation ». Le gouvernement fédéral et le Parlement s'opposent à cette mesure en arguant que l'initiative s'attaque à un problème qui n'existe pas.

Leur contre-proposition (qui serait immédiatement adoptée en cas d'échec du oui) obligerait les gens à montrer leur visage à partir du moment où les autorités l'exigent à fin d'identification, aux frontières par exemple. Des amendes allant jusqu'à 10 000 francs suisses (un peu plus de 9 000 euros) peuvent être infligées aux contrevenants. La très grande majorité des femmes qui portent le niqab sont des touristes. Il n'était pas rare avant la pandémie de coronavirus de les apercevoir dans les boutiques de luxe du centre de Genève en train d'y faire des emplettes.

La population doit par ailleurs se prononcer sur deux autres sujets, dont, pour la première fois, un accord commercial, en l'occurrence avec l'Indonésie. L'autre référendum porte sur l'adoption d'une identité électronique approuvée par l'État fédéral qui permettrait de faciliter et de sécuriser de nombreuses démarches en ligne. Elle serait octroyée sur une base volontaire auprès d'une entreprise agréée par l'État fédéral. Les résultats sont attendus dans l'après-midi, les bureaux de vote fermant tous à 11 heures GMT. La grande majorité des Suisses votant à l'avance.

Source : AFP

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