Washington se dit inquiet et déçu par la comparution de journalistes devant les tribunaux militaires en Tunisie

Washington a exprimé jeudi son inquiétude au sujet des rapports faisant état de la comparution de journalistes tunisiens devant les tribunaux militaires.

C’est ce qui ressort du point de presse du porte-parole du Département d’Etat américain, Ned Price, dans lequel il a déclaré, « nous sommes inquiets et déçus par les rapports en provenance de Tunisie faisant état de la comparution de journalistes devant les tribunaux militaires, ainsi que par la situation des droits de l’homme dans ce pays ».

« Washington exhorte le président tunisien Kaïs Saïed à revenir aux institutions légitimes », a déclaré Price.

« Il est essentiel que le gouvernement tunisien remplisse ses obligations en matière de respect des droits de l'homme conformément à la Constitution », a-t-il insisté.

Price a également souligné l'importance pour le Président tunisien et la nouvelle cheffe du gouvernement Najla Bouden de « répondre à l'appel du peuple pour une feuille de route claire ».

Les déclarations du porte-parole de la diplomatie américaine, interviennent à la suite de la comparution de journalistes devant le tribunal militaire, et la perquisition par la police tunisienne, mercredi, du siège de la chaîne privée « Zitouna TV » critique du président Kaïs Saïed et proche du parti Ennahdha, ainsi que la saisie de son matériel de diffusion.

Les forces de sécurité tunisiennes ont fermé la chaîne « Zitouna TV » en application d’une décision de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), chargée de la régulation des médias, au motif que le chaîne fonctionnait sans licence d’exploitation.

Le présentateur de ladite chaîne, Amer Ayad, et le député du Parlement gelé, Abdellatif Al-Aloui, ont été arrêtés dimanche par les forces de sécurité tunisiennes, après avoir vivement critiqué le président Saïed, lors de l’émission « Hassad 24 ».

La journaliste Chadha Hadj Mbarek a également été interpellée et poursuivie devant la justice militaire.

Al-Aloui a été libéré mardi par la justice tunisienne, mais il reste à la disposition des enquêteurs, tandis qu'Ayad et Hadj Mbarek ont ​​été écroués.

La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine tiendra une audience, jeudi 14 octobre 2021 à 13h00 (heure américaine), consacrée à « l'examen de l’état de la démocratie en Tunisie et les prochaines étapes de la politique américaine ».

La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que Kaïs Saïed avait décidé le 25 juillet de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, et de lever l’immunité des députés, dans le cadre de mesures d’exception. Le chef de l’Etat avait annoncé également qu’il s’arrogeait le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont il désignera le chef.

Le locataire de Carthage avait décidé le 22 septembre de supprimer l'instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, de légiférer par décrets présidentiels selon le décret présidentiel n° 2021-117 publié dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT).

La majorité des partis a rejeté les décisions de Saïed, prorogées sine die en date du 24 août écoulé. Certains partis ont qualifié ces décisions de « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres formations politiques y ont été favorables, estimant qu’il s’agit d’une « restauration du processus », sur fond de crises politiques, économiques, et sanitaires (Covid-19).

Source : AA

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