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- Le 22 Novembre 2024
Pour la première fois, les électeurs étaient invités à choisir trente des quarante-cinq membres du Majlis al-Choura, qui étaient jusqu’alors tous nommés par l’émir du Qatar. Vingt-huit femmes avaient été autorisées à se présenter.
Le scrutin était inédit. Les Qataris ont voté, samedi 2 octobre, pour élire la majorité des membres de leur organe législatif. Le résultat ne devrait pas changer l’équilibre du pouvoir dans ce riche pays du Golfe gouverné par une famille régnante et où les partis politiques restent interdits.
Les électeurs étaient invités à choisir trente des quarante-cinq membres du Majlis al-Choura, un organe consultatif sans grand pouvoir. Ce dernier peut proposer des lois, approuver le budget ou encore révoquer des ministres, prérogatives qu’il n’avait pas avant. Jusqu’alors, tous les membres de ce conseil étaient nommés par l’émir Tamim Ben Hamad Al Thani. Mais celui-ci gardera un droit de veto sur les décisions prises.
Les trente sièges à pourvoir ont été remportés par des candidats masculins, selon le ministère de l’intérieur. Aucune des vingt-huit femmes autorisées à se présenter n’a été élue. L’émir du Qatar, à qui il revient de désigner les quinze autres membres du Majlis al-Choura, peut encore réduire ce déséquilibre en nommant des femmes. On ignore quand il annoncera ces nominations, et quand le conseil tiendra sa réunion inaugurale.
La moitié des candidats abandonnent le jour même
Le taux de participation a été de 63,5 %, selon des chiffres officiels, soit beaucoup plus que lors des élections municipales de 2019 où moins d’un électeur sur dix avait voté.
« Au début de la journée, j’ai entendu beaucoup de gens dire qu’ils ne voteraient pas, estimant que cela n’apporterait aucun changement, mais on a vu beaucoup de votants », a dit un membre du comité d’organisation des élections à Doha, Sultane Abdallah al-Kouwari.
La majorité des 2,5 millions d’habitants du Qatar, premier producteur et exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, sont étrangers et n’ont donc pas pu voter. Parmi les 330 000 Qataris, seuls les descendants d’habitants déjà citoyens du pays en 1930 ont le droit de voter et de se présenter comme candidats, disqualifiant d’office des familles naturalisées depuis.
Des membres de l’importante tribu Al-Murra ont ainsi été exclus de ces élections, suscitant des débats animés sur les réseaux sociaux.
Selon l’agence gouvernementale Qatar New Agency, deux cent trente-trois candidats se sont présentés. Tous ont dû recevoir pour cela l’autorisation du ministère de l’intérieur. Mais selon la télévision d’Etat, cent un de ces candidats ont jeté l’éponge le jour du vote pour soutenir d’autres prétendants au poste dans leur circonscription. « Quand les candidats réalisent qu’ils n’ont aucune chance de gagner un siège, ils décident d’appuyer d’autres candidats », note Andreas Krieg, professeur au King’s College de Londres.
Un vote scruté à l’étranger
La tenue de ce premier scrutin législatif au suffrage universel direct, prévu par la Constitution de 2004 mais reporté à plusieurs reprises, a eu lieu au moment où le pays est scruté à l’étranger. A un an de la Coupe du monde de football au Qatar, les autorités estiment que l’organisation de ces élections « va attirer une attention positive » sur le pays, affirme Luciano Zaccara, spécialiste du Golfe à l’université du Qatar.
Au Qatar, le ministère de la santé est dirigé par une femme et le pays dispose d’une porte-parole pour le ministère des affaires étrangères. Les femmes jouent aussi un rôle important dans le comité d’organisation de la Coupe du monde 2022 et sont aussi très présentes dans les domaines de la philanthropie, la médecine, le droit, les affaires et les arts. Mais en mars, l’ONG Human Rights Watch a dénoncé le système de « tutelle » qui impose aux femmes l’accord d’un homme (parmi leurs proches) pour leurs activités quotidiennes.
Si quelques rassemblements politiques ont eu lieu, les candidats ont tous évité pendant la campagne d’aborder la politique étrangère de leur pays ou le statut de la monarchie, préférant se focaliser sur les enjeux sociétaux comme la santé, l’éducation ou les droits des citoyens.
Source : Le Monde avec AFP