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- Le 22 Novembre 2024
De telles incursions de l’aviation chinoise dans cette zone se sont multipliées depuis deux ans, Pékin entendant effectuer ainsi des démonstrations de force à des moments importants.
Taïwan perd patience face à Pékin. Après la plus vaste incursion d’avions militaires chinois dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île, Taïwan a accusé la Chine, samedi 2 octobre, de faire monter la pression et de vouloir nuire à la paix dans la région.
La démonstration de force de Pékin a commencé vendredi, jour de fête nationale en république populaire de Chine, avec l’incursion d’un nombre record d’avions militaires chinois, trente-huit au total, parmi lesquels un bombardier H-6 à capacité nucléaire. Samedi, un nouveau record a été enregistré avec trente-neuf incursions dans la zone taïwanaise, selon le ministère de la défense.
Les 23 millions d’habitants de cette île, dirigée aujourd’hui par un régime démocratique, vivent sous la menace constante d’une invasion de la Chine. Pékin considère ce territoire comme une province rebelle appelée à rentrer dans son giron, si nécessaire par la force.
Incursions quotidiennes
Depuis l’arrivée en 2012 de Xi Jinping à la tête du pays, les avions militaires chinois ont pénétré presque quotidiennement dans la zone d’identification de défense aérienne (« Adiz », selon son acronyme en anglais) de Taïwan. Mais l’incursion massive de vendredi a suscité des protestations particulièrement virulentes de la part de Taipei.
« La Chine a été belliqueuse et a porté atteinte à la paix régionale tout en se livrant à de nombreux actes d’intimidation », a déclaré le premier ministre Su Tseng-chang, lors d’un point presse samedi matin. « Il est évident que le monde, la communauté internationale, rejette de plus en plus ces comportements de la Chine », a-t-il ajouté.
Le ministère de la défense taïwanais a fait savoir que vingt-deux avions de chasse, deux bombardiers et un avion de lutte anti-sous-marine avaient pénétré vendredi l’Adiz du sud-ouest de l’île. Dans la nuit de vendredi à samedi, un deuxième groupe de treize avions a pénétré l’Adiz, ce qui portait selon le ministère le nombre total d’appareils total à trente-huit, avant une nouvelle incursion de vingt appareils samedi. Une zone d’identification de défense aérienne est un espace aérien dans lequel un Etat souhaite identifier et localiser les aéronefs pour des raisons de sécurité nationale.
De telles incursions de l’aviation chinoise dans cette zone se sont multipliées depuis deux ans, Pékin entendant effectuer ainsi des démonstrations de force à des moments importants. C’est également pour la Chine un moyen d’éprouver la flotte vieillissante d’avions de chasse de Taipei.
Tensions au plus haut
La démonstration de force de vendredi intervient quelques jours après que Pékin a reproché au Royaume-Uni d’avoir envoyé un navire de guerre, pour la première fois depuis 2008, dans le détroit de Taïwan. La Chine revendique le détroit qui sépare la Chine continentale de l’île de Taïwan, ainsi que la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, plus au sud. Les Etats-Unis et d’autres pays estiment que cette zone fait partie des eaux internationales, et est donc ouverte à tous.
L’an dernier, 380 avions militaires chinois ont été détectés dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île et depuis le début de l’année, ils sont plus de 500. Le précédent record quotidien remonte au 15 juin, lorsque vingt-huit appareils avaient franchi la zone de défense aérienne de Taïwan.
Des experts soulignent que les tensions entre la Chine continentale et Taïwan sont au plus haut depuis le milieu des années 1990, et des responsables militaires américains n’ont pas caché redouter que la Chine puisse envisager d’envahir l’île.
Source : Le Monde avec AFP