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- Le 22 Novembre 2024
Des manifestations pour réclamer le rétablissement de la démocratie ont de nouveau eu lieu en Birmanie jeudi 4 mars, au lendemain de la journée la plus sanglante depuis la prise du pouvoir le 1er février par les militaires, auxquels le rapporteur spécial de l'ONU a appelé à imposer « un embargo mondial » sur les livraisons d'armes. Au moins 38 personnes, d'après les Nations unies, ont été tuées mercredi par les forces de sécurité, qui ont tiré à balles réelles sur des rassemblements de contestataires, suscitant de nouvelles protestations internationales.
Dans un rapport rendu public jeudi, Thomas Andrews, un expert indépendant mandaté par l'ONU, souligne que « même si l'avenir de la Birmanie est déterminé par son peuple, la communauté internationale doit agir de manière urgente et décisive pour le soutenir ». Le rapporteur spécial des Nations unies recommande en conséquence au Conseil de sécurité, qui se réunit vendredi à huis clos pour discuter de la situation dans ce pays, de lui « imposer un embargo mondial sur les armes », comme le font déjà, selon lui, les Européens et le Canada, appelant en outre à « des sanctions économiques ciblées » contre les généraux birmans.
L'armée doit cesser d'« assassiner et [d']emprisonner les manifestants », a, quant à elle, exhorté Michelle Bachelet, la haute-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, « consternée par les attaques documentées contre le personnel médical d'urgence et les ambulances qui tentent de prodiguer des soins aux personnes blessées ».
Malgré la crainte des représailles, de nouvelles manifestations ont eu lieu jeudi, notamment à Rangoun, la capitale économique. « Nous sommes unis ! » ont scandé des contestataires derrière des barricades faites de vieux pneus, de briques, de sacs de sable et de fil de fer barbelé. Certains rassemblements ont été dispersés avec du gaz lacrymogène, d'après un média.
Dans le quartier de San Chaung, théâtre d'importantes violences ces derniers jours, des images du chef de la junte, Min Aung Hlaing, ont été placardées au sol pour que les piétons puissent les piétiner, une ruse pour gêner l'armée et la police qui n'oseront pas faire de même. « Résister est notre devoir », a lâché Thinzar Shunlei Yi, une militante de premier plan, promettant de manifester tous les jours.
La junte semble plus déterminée que jamais à éteindre le vent de fronde soufflant sur la Birmanie depuis le putsch qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi. Au moins 54 civils ont été tués depuis le coup d'État, selon l'ONU. Parmi eux figurent quatre mineurs, dont un adolescent de 14 ans, d'après l'ONG Save the Children, tandis que des dizaines de blessés sont également à déplorer. L'armée a fait état pour sa part de la mort d'un policier. Sollicitée, elle n'a pas répondu aux multiples requêtes de l'Agence France Presse.
« Le recours à la force meurtrière […] montre à quel point les forces de sécurité craignent peu d'être tenues pour responsables de leurs actes », a estimé Richard Weir, de l'ONG Human Rights Watch. Une foule très importante a participé jeudi à Mandalay, une ville située dans le centre du pays, aux funérailles d'une femme de 19 ans décédée la veille. « Il n'y aura pas de pardon pour vous jusqu'à la fin du monde », a scandé l'assemblée, réunie devant son cercueil entouré de fleurs.
Le président français Emmanuel Macron a demandé « l'arrêt immédiat de la répression », tandis que le département d'État américain a exhorté la Chine à « user de son influence » auprès des généraux birmans. Boris Johnson, le Premier ministre du Royaume-Uni, l'ancienne puissance coloniale, a également « appelé à la fin de la répression militaire ».
Les États-Unis ont également annoncé jeudi de nouvelles sanctions commerciales contre la Birmanie. Le ministère américain du Commerce a précisé avoir imposé de « nouvelles restrictions aux exportations » vers le pays et avoir inscrit sur sa liste noire les ministères birmans de la Défense et de l'Intérieur, « responsables du coup d'État », ainsi que « deux entités commerciales détenues et gérées par le ministère de la Défense ».
De son côté, celui qui avait été désigné mardi en qualité de nouvel ambassadeur de la Birmanie auprès de l'ONU par la junte, après le limogeage du titulaire de ce poste, a démissionné, assurant que son prédécesseur continuait à représenter son pays. La Chine et la Russie, des alliées traditionnelles de l'armée birmane, n'ont quant à elles pas officiellement condamné le coup d'État, considérant la crise comme « une affaire intérieure ».
La répression se poursuit aussi sur le terrain judiciaire. Aung San Suu Kyi, tenue au secret par l'armée, est désormais visée par quatre chefs d'inculpation, dont « incitation à des troubles publics », tandis que l'ex-président Win Myint est notamment accusé d'avoir enfreint la Constitution. Plus de 1 700 personnes ont été arrêtées depuis le 1er février, d'après l'ONU.
Source : AFP