Est de la RDC : Le mandat des troupes de la SADC renouvelé d’une année
- Le 22 Novembre 2024
Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga a appelé, samedi, le Conseil de Sécurité de l'ONU à changer de paradigme en matière de sécurité au Sahel.
Le Chef du gouvernement s'exprimait à l'occasion de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.
« La situation sécuritaire continue progressivement de se détériorer, au point que des pans entiers du territoire national échappent au contrôle du Gouvernement. Mes concitoyens vivent sous l’emprise des Groupes armés terroristes dans le déni de leurs droits les plus élémentaires », a expliqué Choguel Maïga.
Devant, les membres des Nations Unies, Maïga a indiqué que l'accès des populations maliennes aux services de base demeure hypothétique en raison de la faible présence des services de l’Etat, à cause de l’insécurité grandissante.
« Malgré les succès indéniables enregistrés par les Forces armées maliennes (FAMA) et leurs alliés, auxquels je rends hommage, les menaces entretenues par le terrorisme et les autres formes de banditisme et de criminalité transnational continuent, hélas, à endeuiller notre peuple au quotidien et à menacer les fondements de l’Etat », a déclaré le Chef du gouvernement.
Selon Maïga, de mars 2012 à ce jour, la situation du Mali ne s’est guère améliorée, malgré le soutien international et la présence sur le sol malien d’une opération de paix de l’ONU, la Minusma, et des forces internationales dont l’opération française Barkhane, la force européenne Takuba et la Force conjointe du G5 Sahel.
''Face à cette situation préoccupante, le Gouvernement est régulièrement et fortement interpellé par les populations maliennes, de plus en plus exigeantes vis-à-vis des pouvoirs publics et des partenaires internationaux. S’il est établi que l’un des droits fondamentaux des populations est le droit à la sécurité, la garantie de celle-ci est, assurément, l’élément de légitimation de l’Etat aux yeux des citoyens'', a indiqué la même source.
Il a, en outre, convié le Conseil de sécurité à l’introspection, afin de changer de paradigme en matière de sécurité au Sahel.
Le Premier ministre a rappelé la mission de la Minusma, consistant à « appuyer les autorités de transition maliennes, pour stabiliser la situation dans les principales agglomérations, en particulier dans le nord du pays, et, dans ce contexte, écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones ».
Choguel Maïga regrette que huit ans après le déploiement de la Minusma, les populations maliennes sont exaspérées aujourd’hui devant les tueries de masse, les villages rasés de la carte et d’innocents civils fauchés, dont des femmes et des nourrissons souvent brûlés vifs.
« Les Maliennes et les Maliens ont le net sentiment que la mission assignée à la Minusma a changé en cours de route, et notamment depuis 2015, suite à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, alors même que les défis qui ont justifié son déploiement sont restés constants », a-t-il affirmé.
C’est dans ce contexte que l’opération française Barkhane amorce subitement son retrait en vue, dit-on, d’une transformation en Coalition internationale dont tous les contours ne sont pas encore connus, en tout cas pas connus de mon pays, explique Choguel Kokalla Maïga .
Le Chef du gouvernement a déclaré que ''l’annonce unilatérale du retrait de Barkhane et sa transformation n’ont pas tenu compte du lien tripartite qui nous lie, c’est-à-dire l’ONU et le Mali en tant que partenaires engagés avec la France sur le front de la lutte contre les facteurs de déstabilisation''.
Le Mali regrette que le principe de consultation et de concertation qui doit être la règle entre partenaires privilégiés n’ait pas été observé en amont de la décision du Gouvernement français, dit-il.
« Aussi, la nouvelle situation née de la fin de l’opération Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autre partenaires, de manière à combler le vide que ne manquera pas de créer par la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le Nord de notre pays », a annoncé le Premier ministre malien.
Il a ajouté que cette situation doit également inciter les Nations Unies à avoir désormais une posture plus offensive sur le terrain.
Le Chef du gouvernement a, en outre, rappelé qu'il n’existe pas de sentiment anti-Minusma au Mali, pas plus qu’il n’existe de sentiment anti français dans le pays. ''Non ! Je le dis sans ambages. Notre peuple n’a jamais été et ne sera jamais un peuple ingrat'', a-t-il insisté.
Selon lui, au sommet de l’Etat et au sein des populations maliennes, il existe un désir de paix et une soif de sécurité qui font écho à l’exigence d’efficacité des instruments et des mécanismes politiques et militaires mis en place et qui font paradoxalement du Mali un pays surmilitarisé, mais très vulnérable face au terrorisme, devenu un facteur de désintégration des sociétés et de déstabilisation des fondements de l’Etat.
Sur la question du programme de DDR accéléré (Désarmement, Démobilisation et de Réinsertion) portant sur l’intégration de 3 000 ex-combattants issus des mouvements signataires et de l’inclusivité le Chef du gouvernement a indiqué, que 1840 ex-combattants ont déjà été intégrés.
Il a également exprimé la volonté du gouvernement d’intégrer les 1160 restants au plus tard le 21 août courant n’eut été la lenteur accusée par la Coordination des Mouvements de l’Azawad dans la fourniture de la liste de ses représentants.
En outre, le Gouvernement du Mali est disposé à l’intégration prochaine des ex-combattants au sein des Forces armées et de sécurité, de la Fonction publique de l’Etat et d’autres corps paramilitaires du pays, dès lors que les quotas compatibles avec les capacités du budget national sont fixés.
Selon lui, son équipe est déterminée à surmonter les obstacles techniques qui émanent des autres parties de l’Accord, en particulier les Mouvements signataires dont l’adhésion au DDR doit être sans réserve.
Choguel Kokalla Maïga a déclaré que le volet réinsertion socioéconomique entamera les activités d’ici fin septembre 2021 avec l’appui de la Minusma et de la Banque mondiale.
Source : AA