L’Australie refuse un visa à Ayelet Shaked
- Le 22 Novembre 2024
Sa prise de parole était attendue. Cinq jours avant la journée nationale d’hommage aux Harkis qui est célébrée chaque 25 septembre depuis 2003, Emmanuel Macron a reçu ce lundi quelque 300 personnes, des Harkis désormais très âgés soixante ans après la fin du conflit, mais aussi leurs descendants, des responsables d’associations et des personnalités. Il leur a demandé « pardon » au nom de la France, estimant que le pays avait « manqué à ses devoirs » à leur égard.
« Aux combattants, je veux dire notre reconnaissance; nous n’oublierons pas. Je demande pardon, nous n’oublierons pas », a déclaré le président de la République, qui a par ailleurs annoncé une loi de « reconnaissance et réparation ».
« Le président considère que le travail accompli depuis soixante ans est important mais qu’il faut franchir un nouveau pas dans la reconnaissance au manquement qui a été fait aux Harkis mais aussi au manquement de la République française à ses propres valeurs », expliquait l’Élysée avant la rencontre. En 2016, François Hollande avait reconnu « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des Harkis. » Et d’ajouter : « L’histoire des Harkis, c’est une histoire de Français et c’est l’histoire des Français ; c’est dans cet état d’esprit qu’il faut aborder ce nouveau chapitre. »
Retour en arrière : jusqu’à 200 000 Harkis ont été recrutés comme auxiliaires de l’armée française pendant le conflit qui opposa de 1954 à 1962 des nationalistes algériens à la France. À l’issue de cette guerre, une partie d’entre eux, abandonnés par Paris, ont été victimes de représailles en Algérie. Plusieurs dizaines de milliers d’autres, souvent accompagnés de femmes et d’enfants, ont été transférés en France, où ils ont été placés dans des « camps de transit et de reclassement » aux conditions de vie indignes et durablement traumatisantes.
Depuis, les diverses procédures d’indemnisation qui ont eu lieu sont jugées insuffisantes par les Harkis qui demandent une « loi de reconnaissance de l’abandon des Harkis » avant la fin de l’année.
« Soixante ans d’une certaine hypocrisie »
« On vous a vu avoir le courage de reconnaître des pages sombres de notre histoire, sur la guerre d’Algérie, le Rwanda ou les essais nucléaires en Polynésie. Nous avons espoir que vous serez celui qui mettra fin à soixante ans d’une certaine hypocrisie consistant à reconnaître l’abandon des Harkis dans les discours mais à la refuser dans une loi », a lancé Ajir, l’Association Justice Information Réparation pour les Harkis.
Les associations, qui disent représenter une communauté d’environ 400 000 personnes (Harkis et descendants), réclament également une revalorisation des indemnisations existantes.
En septembre 2018, la secrétaire d’État aux Armées Geneviève Darrieussecq avait présenté un « plan Harkis » comprenant le déblocage de 40 millions d’euros sur quatre ans pour revaloriser les pensions des anciens combattants et venir en aide à ceux de leurs enfants qui vivent dans la précarité.
Après avoir pris différentes initiatives (sur Maurice Audin, l’ouverture des archives ou l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel…), Emmanuel Macron entend encore participer à deux journées mémorielles d’ici la fin du quinquennat : la répression par la police française d’une manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961, et la signature des accords d’Evian le 18 mars 1962 qui ont consacré la défaite française en Algérie.
Autant de rendez-vous politiquement sensibles à l’approche de la présidentielle d’avril 2022 alors que les Harkis représentent un électorat traditionnellement courtisé par le Rassemblement national et la droite.
Source: LeParisien