"L'Afrique a besoin d'un nouveau discours pour rassurer les décideurs"

"L'Afrique a besoin d'un nouveau discours pour rassurer les décideurs", a déclaré Pierre Dandjinou, vice-président de la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (ICANN).

Dans une interview accordée à l'Agence Anadolu, Dandjinou a commenté la situation technologique et l'accès à Internet en Afrique, notamment durant la pandémie de Covid-19.

Le responsable a rappelé que le monde entier compte plus de 300 millions de noms de domaine de tout genre, dont 5 millions en Afrique, et que le taux de connectivité est de 35 à 40% sur le continent.

"La pandémie de Covid-19 a montré l'importance de l'accès à Internet ainsi que la dépendance aux infrastructures et applications étrangères, a-t-il fait remarquer. Beaucoup de choses ont été faites durant la pandémie en terme d'applications locales qui étaient mises en œuvre pour pouvoir diffuser les messages et les mesures concernant la Covid-19. […] Beaucoup de personnes ont commencé à travailler à distance et c'est alors que nous avons assisté à la pression sur la connectivité des pays africains. Nombreux pays ont essayé de renforcer la connectivité en mettant des équipements complémentaires. L'importance de l'accès à Internet a été comprise dans le monde entier, que ce soit aux États-Unis ou en Asie. En Afrique, nous nous sommes rendus compte que nous devons faire mieux. Nous devons rendre le secteur privé local plus compétitif."

Interrogé sur le rôle et le potentiel de l'Afrique quant à l'économie numérique, le responsable a souligné que le continent ne reflète pas son potentiel en matière d'échange commercial.

"La population jeune en Afrique est très importante, les jeunes âgés de moins de 30 ans représentent 60% de la population, a fait savoir Dandjinou. C'est surtout cette tranche d'âge qui comprend mieux ces technologies. De plus en plus d'entreprises de FinTech sont intéressés en Afrique, beaucoup de start-ups lèvent des fonds au niveau international pour mettre en œuvre des applications. Le secteur progresse petit à petit. En outre, la Commission de l'Union africaine avait pris la décision de former une zone de libre-échange et vise à alléger les réglementations pour faciliter l'échange."

Dandjinou a insisté sur le fait "qu'une bonne partie des infrastructures ont été amenées en Afrique par le financement extérieur".

"Il faut aujourd'hui lever un financement local aussi, pour pouvoir améliorer certaines choses, a-t-il noté. Nous devons investir dans l'innovation. Il faut également développer, moderniser et protéger le contenu sur Internet, sans oublier l'aspect 'marketing' de l'enjeu. Il faut trouver un nouveau discours en Afrique pour rassurer les uns et les autres qui veulent y investir. Je trouve que c'est la clé du développement. L'Afrique a le potentiel mais il faut trouver le 'bon discours' pour attirer les décideurs. Il faut aussi considérer l'Afrique comme un seul marché. C'est la question de bâtir la confiance à venir contribuer dans une atmosphère de gagnant-gagnant."

Quant au rôle de l'ICANN dans ce domaine et plus particulièrement en Afrique, Dandjinou a précisé qu'elle s'occupe "de la coordination unique des identifiants de l'Internet, en collaboration avec d'autres partenaires".

"L'ICANN établit les politiques qui concernent ces identifiants uniques, c'est à dire les noms de domaines et les adresses IP", a-t-il conclu.

Source : AA

De la même section Faits divers