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- Le 22 Novembre 2024
Arrivée mardi en Chine, une délégation des talibans afghans s'est entretenue avec de hauts responsables de la diplomatie chinoise, sur fond d'inquiétude croissante des voisins de l'Afghanistan sur la progression éclair des insurgés à travers le pays. Cette délégation de haut niveau, forte de neuf membres, est menée par le n° 2 des talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar, l'un des cofondateurs du mouvement et chef de son « bureau politique », la représentation des talibans à Doha, a indiqué mercredi à l'AFP un porte-parole des insurgés.
Les talibans « ont assuré à la Chine que le sol afghan ne serait pas utilisé contre la sécurité de quelque pays que ce soit », a déclaré Mohammad Naeem, lui-même membre de la délégation, dans un message à l'AFP à Kaboul. De leur côté, les responsables chinois « ont promis de ne pas interférer dans les affaires afghanes, mais au contraire d'aider à résoudre les problèmes et amener la paix », a-t-il ajouté, sans préciser où s'étaient déroulées les rencontres sur le sol chinois. Durant cette visite de deux jours, la délégation talibane a eu « des rencontres séparées avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, le vice-ministre des Affaires étrangères (Wu Jianghao) et le représentant spécial chinois pour l'Afghanistan (Yue Xiaoyong) », a-t-il précisé.
La conquête éclair (moins de trois mois) par les talibans de vastes pans du territoire afghan inquiète tout particulièrement les voisins de l'Afghanistan, alors que le retrait définitif des forces internationales, présentes depuis 20 ans dans le pays, est désormais quasiment achevé . Les talibans se sont notamment emparés de zones de la province du Badakhshan, à l'extrême Nord-Est du pays, frontalière de la Chine, une région où ils n'avaient jamais pris pied auparavant, même lorsque leur régime dirigeait l'Afghanistan.
L'Afghanistan et la Chine ne partagent que 76 km de frontière, située à haute altitude dans une zone accidentée, sans point de passage routier. Mais de l'autre côté se trouve la région chinoise du Xinjiang, à majorité musulmane, et Pékin redoute la menace que pourrait y faire peser un chaos en Afghanistan. Les autorités chinoises redoutent également une alliance entre islamistes afghans et séparatistes ouïghours, peuple musulman du Xinjiang que les autorités chinoises sont accusées de réprimer et dont un million de membres auraient été placés dans des camps de rééducation.
Une délégation talibane avait déjà été reçue en septembre 2019 en Chine, également soucieuse de sécuriser ses projets économiques - miniers ou de « Nouvelles routes de la soie » - avec l'Afghanistan. Pékin a récemment qualifié « d'irresponsable » le retrait américain du pays.
Antony Blinken était, ce mercredi, une visite en Inde, fidèle soutien du gouvernement afghan, qui redoute qu'un retour au pouvoir des talibans n'offre un refuge à des groupes opposés à New Delhi. L'Afghanistan deviendrait un « Etat paria » si les talibans devaient prendre le pouvoir par la force, a prévenu le chef de la diplomatie américaine.
Les forces afghanes, qui n'ont offert jusqu'ici qu'une faible résistance, ne contrôlent plus pour l'essentiel, outre Kaboul, que les capitales provinciales et les principaux grands axes, faisant redouter un retour au pouvoir des talibans. Des pourparlers de paix entre les talibans et les autorités afghanes, ouverts en septembre à Doha, n'ont connu jusqu'ici aucune avancée.
Mercredi, le président afghan, Ashraf Ghani, a affirmé que l'Afghanistan faisait face à « une invasion sans précédent […] en termes d'échelle, d'étendue et de timing ». « Il ne s'agit plus des talibans du XXe siècle, mais de la manifestation des liens entre des réseaux terroristes transnationaux et des organisations criminelles transnationales », a-t-il souligné, appelant « la communauté internationale à réexaminer le discours des talibans sur leur volonté de soutenir une solution politique » en Afghanistan.
Source AFP