L’Australie refuse un visa à Ayelet Shaked
- Le 22 Novembre 2024
Le pays est agité par des rassemblements prodémocratie depuis que l’armée a renversé le gouvernement, le 1er février.
De nouveaux rassemblements prodémocratie en Birmanie ont été violemment dispersés, dimanche 28 février, par les forces de sécurité. Six manifestants ont été tués, la répression la plus meurtrière depuis le coup d’Etat, a-t-on appris auprès des secouristes et d’un ancien député.
Trois manifestants ont été tués dans la ville côtière de Dawei (sud), tandis que deux adolescents de 18 ans sont morts à Pegu, dans le centre du pays, d’après les secouristes ; qui font état de plusieurs blessés. Une sixième personne a péri à Rangoun, a-t-on appris auprès d’un ex-député du parti d’Aung San Suu Kyi.
Les autorités ont graduellement intensifié l’usage de la force pour les disperser, avec des gaz lacrymogènes, canons à eau, balles en caoutchouc et parfois des balles réelles.
Pyae Zaw Hein, volontaire auprès des secouristes à Dawei, a expliqué que les trois morts avaient été « touchés par des tirs à balles réelles », alors que les blessés avaient été atteints par des tirs de balles en caoutchouc. « Il pourrait y avoir beaucoup plus de victimes car nous continuons de recevoir des blessés », a-t-il ajouté. Le média local Dawei Watch a également fait état de trois morts.
A Rangoun, les forces de sécurité ont aussi très vite dispersé une manifestation. « La police a commencé à tirer dès que nous sommes arrivés, a déclaré Amy Kyaw, une institutrice de 29 ans. Il n’y a pas eu un mot d’avertissement. Certains ont été blessés et certains sont toujours en train de se cacher dans les maisons du quartier. » Des retransmissions en direct sur les réseaux sociaux montraient les forces de sécurité utilisant des gaz lacrymogènes contre la foule à Rangoun. Mais on ignore si des tirs à balles réelles ont été effectués. A Mandalay, un manifestant, grièvement blessé par un projectile qui a transpercé son casque et s’est logé dans son cerveau, est dans un état critique.
On dénombrait auparavant cinq morts dans les rangs des manifestants depuis le 1er février. L’armée a affirmé pour sa part qu’un policier avait péri en tentant de disperser un rassemblement. « La nette escalade du recours à la force létale (…) est scandaleuse et inacceptable et doit être immédiatement stoppée », a réagi Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie de Human Rights Watch.
« Nous condamnons fermement la répression violente des manifestations en Birmanie, et appelons les militaires à cesser immédiatement d’utiliser la force contre des manifestants pacifiques », a pour sa part déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, dimanche.
La répression envers les journalistes se poursuit. L’un d’entre eux a été battu par les forces de l’ordre et arrêté à Myitkyina, dans le nord de la Birmanie, d’après un média local. Un autre a été visé par des tirs de balles en caoutchouc dans le centre du pays, selon son employeur. Samedi, au moins trois journalistes ont été interpellés, dont un photographe de l’agence américaine Associated Press ainsi qu’un vidéaste et un photographe de deux agences birmanes, respectivement Myanmar Now et Myanmar Pressphoto.
Plus de 850 personnes ont été arrêtées, inculpées ou condamnées depuis le coup d’Etat, selon une ONG d’aide aux prisonniers politiques. Mais ce chiffre devrait exploser au sortir du week-end, des médias officiels faisant état de 479 arrestations pour la seule journée de samedi. La junte a démis samedi de ses fonctions son ambassadeur aux Nations unies, au lendemain de sa rupture spectaculaire avec le pouvoir militaire.
La Birmanie est secouée par une vague de manifestations prodémocratie et une campagne de désobéissance civile depuis le putsch qui a renversé la dirigeante civile, Aung San Suu Kyi, le 1er février.
Source : Le Monde avec AFP