Nouveau front de la guerre hybride du Kremlin


La démocratie reste vraiment vulnérable, étant fondée sur le principe du respect des autres points de vue. Les dictateurs le savent bien, exploitant tous les avantages offerts par la démocratie pour lutter contre elle, y compris en matière de politique étrangère. C'est ce que nous voyons aujourd'hui dans les efforts de la Russie visant à entraver le processus d'intégration européenne de l'Ukraine. 

Dès l'arrivée de Poutine au pouvoir, toutes ses démarches concernant les pays post-soviétiques visaient à les maintenir dans la zone d'influence du Kremlin, pour ensuite poursuivre leur annexion douce ou agressive, et l'Ukraine n'a pas été une exception. Le dictateur russe a deployé de grands efforts pour maintenir le pays voisin sous son règne. Cependant, face à une forte réprimande de la part de la communauté internationale, il a finalement dû arrêter son avancée. La guerre que professe Poutine est dite « hybride » car elle implique tous les outils possibles qui sont à la disposition de l'agresseur. La sphère juridique fait partie de ces outils. Il semble donc que l'une des pierres angulaires de la démocratie moderne se transforme en une nouvelle arme de guerre. 

Une fois que les responsables de Moscou ont réalisé qu'ils étaient incapables de contraindre la partie ukrainienne à organiser des élections dans les régions occupées par la Russie des régions de Donetsk et de Lougansk dans un format bénéfique pour le Kremlin, au milieu d'un certain nombre d'autres défaites sur la scène internationale, les Russes ont changé sur le terrain juridique, y compris pour saper les réformes considérées comme cruciales pour l'Ukraine. Le domaine juridique est une alternative parfaite pour le Kremlin car il pourrait contribuer à déclencher un conflit interne, au cours duquel la Russie, jouant le rôle de « libérateur », envahirait l'Ukraine et revisiterait le scénario de 1939 où les troupes soviétiques avaient envahi la Pologne. 

La meilleure façon pour le Kremlin de réaliser son plan de retour avec un gouvernment ukrainien soumi à la russie, est de faire en sorte que l'Ukraine perde ses alliés européens et américains, effaçant ainsi les aspirations euro-atlantiques et le choix du peuple ukrainien. Tout d'abord, il s'agit de compromettre l'Ukraine aux yeux des puissances occidentales, en la présentant comme un état où la loi ne fonctionne pas et ou la corruption prévaut. 

Pour ralentir la progression des aspirations euro-atlantiques de l'Ukraine, le Kremlin emploie principalement des agents d'influence, suffisamment performants pour avoir accédé aux plus hautes fonctions, notamment à la Cour constitutionnelle d'Ukraine (CCU). Beaucoup pensent qu'un groupe de juges du CCU sont infeodés à la Russie. En mai 2013, l'un de ces juges, Oleksandr Tupytsky, a été élu président du CCU après avoir initialement rejoint la Cour dans le cadre du quota d'un ex-président désormais en fuite, Viktor Ianoukovitch. Actuellement, Tupytsky est visé par au moins trois procédures pénales, dont l'une enquête sur l'acquisition de biens immobiliers dans la Crimée annexée par la Russie, ce qui constitue une grave violation de la loi ukrainienne. Malgré le fait que le Président Volodymyr Zelensky a publié un décret pour limoger Tupytsky de son poste et une interdiction qui a suivi d'assister aux audiences du CCU, il élabore toujours l'ordre du jour des autres juges du CCU, restant "Président hybride". 

Fin 2020, avec l'aide du CCU, l'article du code pénal prévoyant des poursuites pour fausses declarations de patrimoine a été secrètement abrogé. En outre, la CCU a privé le Bureau national de lutte contre la corruption (NABU), qui traite les affaires de corruption de haut niveau, du droit d'annuler par les tribunaux les transactions illégales des entreprises publiques, ainsi que les poursuites pénales pour enrichissement illégal. Fondamentalement, les initiateurs d'appels à motivation politique auprès de la CCU, ainsi que les projets de loi qui, au cours des cinq dernières années, visaient à un degré ou à un autre à affaiblir la capacité de la NABU à enquêter sur la corruption de haut niveau, ont été la cible d'enquêtes de la NABU, y compris les suspects et les personnes inculpées. Presque tous sont des politiciens contrôlés (financés) par le Kremlin, y compris Viktor Medvedchuk et ses alliés. 

Le but de tels efforts dans le domaine juridique est plus qu'évident : saper la confiance internationale en l'Ukraine et priver le pays d'un financement potentiel et d'un soutien supplémentaire de la part des États-Unis, de l'UE et du FMI.

En outre, le Kremlin tente une fois de plus de semer le chaos politique interne en Ukraine en essayant de saper le processus de réformes critiques.

Tant que le déséquilibre et la confrontation seront en place dans le pays, le prochain objectif des efforts destructeurs de la Russie sera de porter un coup aux problèmes de la Crimée et/ou du Donbass.

Ainsi, le jugement du tribunal à motivation politique a créé un certain nombre de problèmes à l'Ukraine, principalement sur la scène internationale. Mais malgré toutes les tentatives des Russes, l'Ukraine a l'intention de maintenir sa position d'adhésion aux valeurs euro-atlantiques,de progresser sur la voie de l'UE et de l'OTAN, ainsi que de poursuivre ses réformes. 

Source: mpolska24.pl

Traduit de l'anglais 

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