Conflit Airbus-Boeing : accord entre les États-Unis et l’UE

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a confirmé la suspension pendant cinq ans des droits de douane punitifs dans ce dossier.

Après plusieurs années de conflit, l'Union européenne et les États-Unis ont trouvé un accord dans le dossier Boeing-Airbus. C'est ce qu'a annoncé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mardi, après l'arrivée du président américain Joe Biden à Bruxelles. « La réunion a commencé par une percée sur les avions […]. Nous avions décidé conjointement de résoudre cette dispute. Aujourd'hui, on a tenu promesse », a-t-elle déclaré.

« Cet accord ouvre un nouveau chapitre dans notre relation, car nous passons d'un contentieux à une coopération sur l'aéronautique, après 17 ans de dispute », s'est-elle réjouie. Les deux parties ont accepté de suspendre pendant cinq ans les droits de douane punitifs qu'ils s'infligent dans le cadre de ce contentieux, a expliqué à des journalistes la Représentante américaine au Commerce Katherine Tai. Les États-Unis tentent de rallier l'UE dans leur bras de fer avec la Chine et voulaient profiter de ce sommet pour apaiser une relation transatlantique mise à mal par les années Trump. 

Un « bon accord » pour la France

« Au lieu de combattre l'un de nos plus proches alliés, nous nous retrouvons finalement ensemble face à une menace commune », a affirmé Katerine Tai, en confirmant la prolongation de la trêve qui avait été décidée sur ce dossier en mars et devait expirer en juillet. « C'est un exemple pour faire face à d'autres défis, comme celui de la Chine », a-t-elle ajouté. « L'Amérique est de retour. Il est dans l'intérêt absolu des États-Unis d'Amérique d'avoir une grande relation avec l'Otan et l'UE », a affirmé Joe Biden, au moment où il a été accueilli dans de grands sourires par Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen, Charles Michel. L'accord permet à Joe Biden, à la veille de son sommet avec Vladimir Poutine, de montrer « que les États-Unis et l'Europe sont soudés ». 

Washington et Bruxelles s'opposent depuis 2004 devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aides publiques illégales versées à leurs deux avionneurs. Sous l'administration Trump, Washington avait été autorisé en octobre 2019 à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d'euros) de biens et services européens importés chaque année, à hauteur de 25 % pour les vins et spiritueux, et de 15 % pour les avions Airbus. L'OMC avait permis à Bruxelles de mettre en place des taxes sur des produits importés des États-Unis. L'UE impose, depuis, des droits de douane sur 4 milliards de dollars d'exportations américaines. 

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire a salué mardi le « bon accord » trouvé entre l'Union européenne et les États-Unis sur le vieux conflit Airbus-Boeing, et a appelé à « conclure définitivement » ce dossier, dans une déclaration transmise à l'Agence France-Presse. C'est « une excellente nouvelle pour les entreprises françaises et européennes », a aussi réagi le ministre français du Commerce extérieur Franck Riester, la prolongation de 5 ans de la trêve sur laquelle se sont entendus l'UE et les États-Unis s'accompagnant d'une suspension des sanctions douanières subies notamment par les viticulteurs français. Ces sanctions commerciales « n'ont fait que des perdants. Le ciel s'éclaircit enfin. C'est une excellente nouvelle pour des milliers d'Européens et les entreprises américaines qui avaient été pris au piège dans ce conflit », a estimé l'eurodéputé conservateur Christophe Hansen, porte-parole de son groupe sur le commerce international. 

D'autres conflits à résoudre

Outre le conflit Airbus/Boeing, l'UE et les États-Unis s'opposent encore sur une série d'autres dossiers, notamment celui des exportations d'acier et d'aluminium européens pour lequel l'UE souhaite un règlement d'ici décembre. Joe Biden veut « désamorcer les contentieux commerciaux afin de se concentrer sur sa priorité, la Chine », souligne Éric Maurice de la fondation Schuman. Quant aux Européens, « ils vont chercher à savoir quelle est leur marge de manoeuvre dans cette alliance contre Pékin. Il y a un accord entre eux pour ne pas s'aligner totalement, pour des raisons géopolitiques côté français et économiques côté allemand », ajoute-t-il. 

Si l'Europe s'efforce de protéger son grand marché de la concurrence déloyale des entreprises chinoises, elle doit aussi ménager une puissance devenue son premier partenaire commercial. Bruxelles n'a pas renoncé à l'accord controversé conclu en décembre avec Pékin visant à ouvrir aux investisseurs européens des secteurs dont l'accès est fermé ou restreint. Il est actuellement gelé après des sanctions de l'UE contre les violations des droits des Ouïghours, suivies de contre-sanctions de Pékin. L'UE et les États-Unis resserrent aussi les rangs contre la Russie, qu'ils accusent de tentatives de déstabilisation en Ukraine et en Géorgie, deux pays de son voisinage tentés par un rapprochement avec les Européens. Américains et Européens se disent « prêts à répondre fermement à la répétition de comportements négatifs et d'activités nocives » de Moscou, selon un projet de déclaration commune.

Source : AFP

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