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- Le 22 Novembre 2024
Une femme, ses deux enfants et une fille de 12 ans ont été remis samedi à une délégation diplomatique néerlandaise en vue de leur rapatriement.
Les autorités kurdes en Syrie ont remis, samedi 5 juin, quatre Néerlandais proches de combattants du groupe Etat islamique (EI), parmi lesquels trois enfants, à une délégation diplomatique néerlandaise en vue de leur rapatriement, provoquant de vives critiques aux Pays-Bas. Il s’agit d’une femme et de ses deux enfants – deux garçons âgés de 2 et 5 ans – ainsi que d’une fille de 12 ans, selon des responsables kurdes et néerlandais.
« Le cabinet transfère une ressortissante néerlandaise soupçonnée d’infractions terroristes avec ses deux enfants mineurs, ainsi qu’une victime d’enlèvement international d’enfants, de Syrie vers les Pays-Bas », ont confirmé samedi soir dans une lettre aux députés néerlandais – transmise à l’Agence France-Presse (AFP) – la ministre des affaires étrangères, Sigrid Kaag, et le ministre de la justice et de la sécurité, Ferd Grapperhaus.
« La suspecte sera arrêtée à son arrivée aux Pays-Bas et fera face à des poursuites pénales », ajoutent-ils en expliquant qu’une « opportunité exceptionnelle » s’était présentée pour transférer la femme et ses enfants, alors que de nombreux députés néerlandais se sont indignés de l’opération qui n’avait pas été annoncée sur les réseaux sociaux.
Tamara Buruma, l’avocate de la femme et de ses deux enfants, a confirmé à l’AFP qu’il s’agit d’une femme appelée Ilham B., originaire de la ville de Gouda, et de ses deux jeunes garçons.
Vives critiques
La question du rapatriement de proches de l’EI a provoqué de vives critiques aux Pays-Bas et divisé le gouvernement démissionnaire, certains défendant une approche humanitaire tandis que d’autres privilégient la dimension sécuritaire. Il s’agit d’une démarche « incompréhensible », a déploré sur Twitter la députée libérale Ingrid Michon. « Il est inacceptable et insupportable d’amener ici l’ennemi qu’est l’EI. Ces femmes terroristes ont perdu leur droit de fouler le sol néerlandais à jamais », a renchéri le député d’extrême droite Geert Wilders.
Les quatre Néerlandais ont été remis à la délégation, composée notamment de l’envoyé spécial des Pays-Bas en Syrie, Emiel de Bont, et du directeur des affaires consulaires au ministère hollandais des affaires étrangères, Dirk Jan Nieuwenhuis. « Il s’agit d’une mission consulaire très spécifique, que mon gouvernement a décidé d’entreprendre parce que la cour de justice néerlandaise a rendu des arrêts dans ces cas précis », a souligné M. de Bont lors d’une conférence de presse.
Selon les autorités néerlandaises, au moins 220 enfants néerlandais vivent en Syrie ou en Turquie voisine, dont 75 % ont moins de 4 ans. Environ 75 d’entre eux, ainsi que 30 femmes et 15 hommes néerlandais, vivent dans des camps gérés par les Kurdes.
Réticence occidentale
Depuis la chute en mars 2019 du « califat » de l’EI en Syrie, les Kurdes réclament le rapatriement des milliers de femmes étrangères et d’enfants de djihadistes qu’ils retiennent dans des camps surpeuplés. Malgré ces demandes répétées, la plupart des pays, notamment européens, rechignent à reprendre leurs citoyens. Certains, parmi lesquels la France, ont rapatrié un nombre limité de mineurs, incluant des orphelins. Les Pays-Bas n’y font pas exception, rapatriant seulement deux orphelins en 2019.
« La politique générale est que les Pays-Bas n’aident pas les personnes venant de zones de combat », a expliqué à l’AFP Anna Sophia Posthumus, porte-parole du coordinateur national néerlandais pour la lutte contre le terrorisme et la sécurité. Mais pour les Kurdes de Syrie, cette réticence occidentale pose un vrai défi d’autant qu’il s’agit d’un dossier lourd à assumer, aussi bien financièrement qu’au niveau sécuritaire.
Chargé des affaires étrangères pour l’administration autonome kurde du nord-est de la Syrie, Abdulkarim Omar a réitéré samedi son appel à la communauté internationale, afin « qu’elle assume ses responsabilités » et qu’elle « coopère » avec les Kurdes.
Pour sa part, Mme Posthumus a dit préférer voir « un tribunal dans la région » capable de juger les personnes coupables sur place. « Nous avons eu des discussions mais ce n’est qu’un tout début », a-t-elle ajouté.
L’ONU a maintes fois mis en garde contre la détérioration de la situation sanitaire et sécuritaire dans les camps surpeuplés du nord-est de la Syrie. Un rapport onusien publié en février a fait état de « cas de radicalisation, de formation, de collecte de fonds et d’incitation à des opérations extérieures » dans ces camps, notamment celui d’Al-Hol.
« Nous sommes ravis que nos clients soient rapatriés aux Pays-Bas, mais aurions préféré que cela arrive plus tôt », a conclu Mme Buruma.
Source : Le Monde avec AFP