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- Le 22 Novembre 2024
Le départ des États-Unis sans la mise en place d'une structure de gouvernance crédible en Afghanistan risque de plonger le pays, déchiré par la guerre, dans une nouvelle guerre civile, selon des experts locaux.
Un séminaire en ligne sur le thème "Le retrait des États-Unis d'Afghanistan : Menaces pour la paix régionale, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur", a été organisé, mercredi, par l'Institut d’études politiques (IPS), un groupe de réflexion basé à Islamabad.
Lors de ce séminaire, des experts ont exhorté Washington à ne pas reproduire l’erreur qui a suivi le retrait des troupes soviétiques en 1989, qui a déclenché un bain de sang de plusieurs années entre les groupes de moudjahidin dans le pays.
Le général de brigade (retraité) Said Nazir, analyste géostratégique basé à Islamabad, craint que la lutte pour le pouvoir, déjà acharnée entre les talibans et le gouvernement de Kaboul, ne s'intensifie après l'achèvement du processus de retrait en cours, ce qui aurait des "conséquences directes" pour le Pakistan voisin.
Washington, a-t-il estimé, se contenterait d'être un spectateur distant de cette "pagaille" si elle quittait le pays sans mettre en place une structure à même de gérer efficacement le pouvoir à Kaboul.
Commentant la proposition très controversée de permettre à Washington de mener ses opérations antiterroristes depuis le sol pakistanais après le retrait, il a mis en garde contre le fait que cette décision permettrait aux forces hostiles à l'État, notamment Daech et le groupe Tehreek-e-Taliban Pakistan, de reprendre du poil de la bête en qualifiant le Pakistan de mandataire des États-Unis.
Syed Abrar Hussain, ancien ambassadeur du Pakistan en Afghanistan, est d'avis que les pays de la région ne veulent pas que les talibans gouvernent seuls l'Afghanistan, car ils craignent que cela n'entraîne un regain de violence dans la région. C'est pourquoi, a-t-il suggéré, un dialogue interne est nécessaire avant le départ des États-Unis pour une paix durable en Afghanistan.
Jumma Khan Sufi, auteur et expert de la question afghane, a déclaré que le Royaume-Uni tente de rapprocher le Pakistan et l'Afghanistan afin de résoudre les problèmes bilatéraux qui existent depuis longtemps entre les deux pays.
Il a affirmé que le Royaume-Uni avait facilité la récente rencontre entre le chef des armées pakistanaises, le général Qamar Javed Bajwa, et le président afghan Ashraf Ghani.
Il a souligné que le Pakistan devait faire pression sur les puissances régionales pour que l'Afghanistan reconnaisse la frontière pakistano-afghane existante en vue d'un règlement à long terme.
À propos de sa récente visite en Afghanistan, Hasan Khan, un analyste basé à Peshawar, a déclaré que le peuple afghan aime le Pakistan et ne le méprise pas, contrairement à ce qui est souvent décrit dans les médias, notamment les médias sociaux. Néanmoins, les Afghans ne sont satisfaits ni des talibans ni du gouvernement de Kaboul et pensent que les États-Unis ont trahi l'Afghanistan une fois de plus en laissant le pays dans le désordre.
Khalid Rahman, directeur exécutif de l'IPS, a mis en garde contre la montée de la violence en Afghanistan suite au retrait des États-Unis, soulignant que la situation en Afghanistan ne laisse rien présager de bon pour la paix et offre plutôt un terrain propice à une guerre civile.
Il a exhorté toutes les parties prenantes, en particulier les intervenants locaux, à parvenir à un accord négocié avant que les États-Unis ne quittent le pays.
Source : AA