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- Le 22 Novembre 2024
Selon les Européens, c’est pour arrêter le journaliste Roman Protassevitch, un opposant au régime présent à bord, que l’avion a été intercepté. Minsk maintient être intervenu à la suite d’une alerte à la bombe.
Nouveau bras de fer entre Minsk et les capitales européennes. La Biélorussie a assuré, lundi 24 mai, avoir agi dans la légalité en interceptant un vol commercial à la suite d’une alerte à la bombe, rejetant les accusations des Européens qui suspectent Minsk d’avoir détourné l’avion pour arrêter un opposant se trouvant à bord.
« Il n’y a aucun doute que les actions de nos organes compétents étaient en conformité avec les règles internationales », a affirmé le ministère des affaires étrangères biélorusse sur son site, rejetant les « accusations sans fondement » de pays européens, accusés de « politiser » l’incident.
Roman Protassevitch, 26 ans, ancien rédacteur en chef de l’influent média d’opposition biélorusse Nexta, ainsi que sa compagne, Sofia Sapéga, ont été interpellés dimanche après-midi après l’atterrissage d’urgence à l’aéroport de Minsk d’un appareil de la compagnie Ryanair, à la suite d’une alerte à la bombe infondée. En début de soirée, l’appareil qui reliait la Grèce à la Lituanie, un pays balte membre de l’Union européenne, a pu reprendre son vol, sans M. Protassevitch ni sa compagne.
Cette dernière est étudiante en droit à l’Université européenne des sciences humaines fondée à Minsk en 1992, mais contrainte par les autorités biélorusses de transférer ses activités en Lituanie, voisine, depuis 2004.
Des agents des services de sécurité biélorusses (KGB) sont soupçonnés d’avoir été présents dans l’avion, a estimé lundi le patron de la compagnie aérienne irlandaise, Michael O’Leary. « Il apparaît que l’intention des autorités était de faire sortir un journaliste et la personne qui voyageait avec lui », a-t-il expliqué sur la radio irlandaise Newstalk.
« Nous pensons que des agents du KGB ont été débarqués à l’aéroport également », a-t-il ajouté, évoquant un incident « très effrayant » pour les passagers et l’équipage. « Je pense que c’est la première fois que cela arrive à une compagnie aérienne européenne. »
Réunis en sommet à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE doivent examiner lundi soir de nouvelles sanctions contre le régime autoritaire de Minsk, en réaction à ce détournement. Le service diplomatique européen a, par ailleurs, convoqué l’ambassadeur biélorusse auprès de l’UE pour lui faire part de la condamnation des institutions européennes et des Etats membres après le déroutage « inadmissible » de l’avion et l’arrestation de M. Protassevitch, selon un communiqué publié lundi. Les ambassadeurs de l’OTAN vont, quant à eux, se réunir mardi, alors que l’organisation a réclamé l’ouverture d’une « enquête internationale ».
L’Organisation de l’aviation civile internationale, organisme rattaché à l’ONU, a, elle, avancé que l’atterrissage forcé « pourrait être une violation de la convention de Chicago », qui protège la souveraineté de l’espace aérien des nations. Une centaine de responsables biélorusses, dont le président, Alexandre Loukachenko, sont déjà sous sanctions européennes en raison des atteintes aux droits humains dans cette ex-république soviétique.
La France a suggéré, lundi, une « interdiction de l’espace aérien » biélorusse, par la voix du secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, Clément Beaune, sur la radio RMC. « Je souhaite qu’on le regarde le plus rapidement possible et je pense que ce serait une des mesures raisonnables pour nous protéger », a-t-il dit.
La Lituanie et la Lettonie ont également appelé les vols internationaux à ne plus passer par l’espace aérien biélorusse. La compagnie aérienne régionale AirBaltic, établie en Lettonie, a annoncé lundi qu’elle allait éviter l’espace aérien biélorusse. De son côté, le ministre lituanien des transports, Marius Skuodis, a déclaré, lors d’une réunion gouvernementale à Vilnius, que « tout vol vers ou depuis les aéroports lituaniens via l’espace aérien biélorusse [était] interdit » à partir de mardi.
De son côté, le Royaume-Uni, qui n’est plus membre de l’UE, « se coordonne avec ses alliés », a indiqué sur la BBC la secrétaire d’Etat chargée des entreprises, Anne-Marie Trevelyan. Le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, avait averti dimanche de « graves conséquences », à la suite du détournement de l’avion de ligne.
De nombreux responsables européens condamnaient, lundi, l’interception de ce vol. Le ministre italien des affaires étrangères, Luigi Di Maio, l’a qualifiée de « détournement d’Etat », son homologue irlandais des affaires étrangères, Simon Coveney, a dénoncé un acte de « piraterie » étatique. « Nous ne pouvons répondre [à un tel incident seulement] avec des avertissements ou de forts communiqués de presse », a-t-il ajouté, appelant à des « sanctions ».
De son côté, la diplomatie russe a, au contraire, jugé lundi « choquantes » les accusations occidentales à l’égard de son allié biélorusse. « C’est choquant que l’Occident considère que l’incident dans l’espace aérien de la Biélorussie soit choquant », a ironisé sur Facebook la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, relevant que les Etats occidentaux se sont par le passé rendus coupables « d’enlèvements, d’atterrissages forcés et d’arrestations illégales ».
Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse à Sotchi, dans le sud de la Russie, le ministère des affaires étrangères biélorusse a fait part de sa « volonté (…) de suivre toutes les règles internationales, de garantir une transparence totale, y compris d’accueillir, si nécessaire, des experts internationaux ». « C’est une approche tout à fait raisonnable », a-t-il estimé.
Source : Le Monde avec AFP