Algérie. “Des risques politiques et économiques imbriqués”

L’Algérie est confrontée à de nombreux défis, politiques et économiques, relève le  groupe  bancaire  français  Crédit  Agricole  dans  sa  dernière publication Perspectives.

“Confronté à de nombreux défis, à la fois politiques et économiques, le pays essaie d’y apporter des réponses qui restent encore modestes face aux déséquilibres observés”, souligne le groupe bancaire français. Le premier défi, indique-t-il, “est de relancer la croissance du produit intérieur brut (PIB) après des années de croissance très médiocre depuis 2017 et une année de forte récession (5,5%) en 2020, en raison de la crise de coronavirus et du prix du pétrole déprimé à 42 dollars le baril en moyenne”.

Selon le Crédit Agricole, si les prix se sont redressés à plus de 60 dollars début 2021, les volumes exportés au premier trimestre sont toujours de 15% inférieurs à ceux de l’année dernière. “L’assouplissement des plafonds de production de l’Opep devrait nourrir des volumes d’exportation en hausse, mais ne masquera pas néanmoins les sous-investissements productifs dans le secteur de l’énergie qui contraignent fortement la hausse des productions”, estime le groupe CA.

Ce dernier prévoit, toutefois, un redressement de la croissance qui devrait atteindre 3% cette année, soutenu par un effet de base à partir du prochain trimestre. La consommation des ménages, après une forte contraction de 5,5% l’année passée, devrait se redresser à plus de 3%. “Ce regain de croissance reste cependant encore un peu incertain et va dépendre de l’évolution de la pandémie”, estime le Crédit Agricole.

Les seuils d’équilibres budgétaire et courant de presque 100 dollars par baril ne devraient, également, que faiblement diminuer, malgré un léger ajustement budgétaire, ce qui devrait maintenir les déficits budgétaire et courant à des niveaux très élevés, de respectivement 11 et 9% du PIB. “

Le refus du gouvernement d’emprunter sur les marchés extérieurs a pour conséquence une forte chute des réserves en devises qui ont baissé de plus de 20% en 2020”, note le groupe bancaire, relevant qu’elles continuent de baisser d’un milliard de dollars par mois.

La dette publique, qui n’était que de 7% du PIB en 2014, pourrait, aussi, passer à 65% du PIB en 2021, dépassant ainsi le seuil de surendettement des pays émergents. Le groupe bancaire français constate que “la politique monétaire est celle d’une défense du change quasi fixe au dollar pour éviter l’inflation importée, mais elle s’assimile plutôt à un PEG glissant rétroactif”.

Pour  le  Crédit  Agricole, “la  forte  baisse  des  réserves  en  devises  rend la défense de cette  politique  de change  quasi  fixe  au  dollar  de  plus en plus difficile à tenir pour les autorités monétaires”. Le dinar a chuté de plus de 10% en 2020, et le marché noir suggère une forte surévaluation qui s’ajustera dans le futur.

La détérioration de la devise s’est poursuivie début 2021 avec une chute de 3,8% sur un an. “Compte tenu des larges déséquilibres de la balance commerciale, la baisse du change pourrait nourrir de l’inflation importée au cours des prochains trimestres”, prédit le groupe bancaire français. Au-delà des défis économiques, estime le Crédit Agricole, “l’Algérie devra aussi faire face à une contestation sociale qui ne s’apaise pas”.

Source : La Liberte
 

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