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- Le 22 Novembre 2024
Le groupe Etat islamique demeure une force "puissante" en Afghanistan, juge, dans un entretien à l'AFP, le plus haut diplomate américain à Kaboul, qui impute à l'EI le récent attentat qui a tué des dizaines d'adolescentes près d'une école dans la capitale afghane.
Mais c'est aux talibans que le chargé d'affaires américain Ross Wilson attribue la montée des violences en Afghanistan, en les accusant de violer les engagements pris dans le cadre des discussions de paix, alors même que les forces américaines poursuivent leur retrait.
"L'EI demeure ici une force puissante, ce qui est une des nombreuses raisons pour lesquelles nous continuons de fournir aux autorités afghanes une aide en matière de sécurité et de contre-terrorisme", a déclaré M. Wilson dans cet entretien donné lundi à l'AFP.
Il lui impute l'attentat du 8 mai près d'une école pour filles de Kaboul qui a fait plus de 50 morts et celui contre une mosquée de la banlieue de Kaboul qui a fait 12 morts vendredi.
L'EI a revendiqué l'attaque contre la mosquée, mais pas celle contre l'école.
"L'attentat contre l'école et celui contre la mosquée quelques jours plus tard sont apparus plutôt clairement comme l'oeuvre du soi-disant Etat islamique", a-t-il dit, en ajoutant que des éléments d'Al-Qaïda continuaient également d'opérer dans le pays.
"Ce n'est pas pour exonérer quiconque, et certainement pas les talibans pour les violences dans lesquelles ils sont directement impliqués ou pour l'écosystème de terrorisme et de violence dont il restent profondément, profondément, profondément complices", a-t-il ajouté.
En dépit des démentis talibans, et des revendications de l'EI, le gouvernement afghan attribue souvent les violences contre les civils aux talibans, soutenant que l'EI a été mis en déroute il y a deux ans dans son ancien bastion, la province de Nangarhar (est).
L'organisation jihadiste avait fait la une en 2014 en surgissant dans de vastes zones des provinces de Nangarhar et Kunar (nord-est). Ses partisans ont revendiqué ensuite des attentats jusqu'à Kaboul, tout en étant attaqués par les forces américaines, afghanes et même les talibans.
Les Américains et l'Otan ont entamé le 1er mai un retrait final qui doit être achevé pour le 20ème anniversaire des attentats du 11 septembre. Mais ce processus a été marqué par un regain de violences entre les talibans et le gouvernement afghan.
M. Wilson accuse les talibans d'avoir mené ces derniers mois des offensives "importantes" contre les forces afghanes et les civils, "en les prenant pour cibles sur les marchés et dans toute une série de villes dans le pays."
Le chargé d'affaires, qui fut par le passé en poste en Russie et en Turquie, juge la violence "injustifiable" dans la mesure où les talibans sont engagés dans des discussions de paix avec Kaboul, même si celles-ci sont au point mort.
"Nous sommes profondément déçus par le comportement des talibans et la poursuite de ces violences, vraiment injustifiées, à l'égard des Afghans", a dit M. Wilson.
"Cela n'a aucun sens (...) surtout quand on est engagé dans un processus politique."
Mais le diplomate, arrivé à Kaboul en janvier 2020, assure que Washington continue de croire en une issue pacifique.
"Ce que nous essayons de faire maintenant est de promouvoir ce règlement politique qui mènera à un cessez-le-feu et à une fin permanente des combats", a-t-il expliqué.
Un projet qui paraît lointain pour de nombreux analystes.
Les talibans, sans se montrer très précis sur les détails, insistent sur le fait que l'Afghanistan doit redevenir un Emirat, dirigé par un conseil religieux, comme lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.
Le président Ashraf Ghani a lui préparé un plan qui inclut un accord politique avec les talibans, un cessez-le-feu et une élection présidentielle.
Les Américains sont en faveur d'un gouvernement intérimaire qui inclurait les talibans.
Après l'accord entre Washington et les talibans l'an passé qui a ouvert la voie au retrait américain, des discussions de paix entre Kaboul et les insurgés ont débuté en septembre au Qatar. Mais aucun accord n'a encore été trouvé.
Une conférence spéciale était prévue fin avril en Turquie pour relancer les pourparlers, mais elle a été reportée sine die après le refus d'y participer des talibans pour protester contre le retard du retrait américain, initialement fixé au 1er mai.
"Il est évident que le pays va être encore confronté pendant des mois et des années à des problèmes difficiles", a reconnu le diplomate. "Nous avons été clairs sur notre engagement à poursuivre notre assistance en matière de sécurité."
"Nous ne partons nulle part. Nous sommes là."
Source : AFP