La Géorgie secouée par une crise politique, des dizaines de manifestants de l’opposition arrêtés

Des centaines de protestataires se sont réunis, vendredi, pour demander l’organisation de législatives anticipées. La veille, le premier ministre a démissionné.

Des dizaines de personnes manifestant pour la tenue d’élections législatives anticipées ont été interpellées, vendredi 19 février, en Géorgie, au lendemain de la démission du premier ministre Guiorgui Gakharia sur fond de crise politique dans le pays.

Des centaines de protestataires se sont réunis devant le Parlement pour soutenir les appels de l’opposition à la tenue d’un nouveau scrutin. Une requête formulée depuis les élections contestées d’octobre, remportées de justesse par Rêve géorgien, le parti fondé par l’ex-premier ministre Bidzina Ivanichvili, l’homme le plus riche du pays, suspecté de contrôler le pouvoir en sous-main.

Plusieurs participants au rassemblement ont été frappés par la police et emmenés dans des ambulances, selon des images diffusées par la chaîne Formula TV. « L’arbitraire de la police n’a pas de limites. Ils ont recours à la répression malgré les appels de l’opposition en faveur d’une désescalade de la confrontation politique », a réagi auprès des journalistes Levan Khabeïchvili, l’un des responsables du Mouvement national uni (MNU), l’un des principaux partis d’opposition.

« Risque pour la santé et la vie de nos concitoyens »

La manifestation de ce vendredi fait suite à la démission, jeudi, de M. Gakharia. Celui-ci a quitté ses fonctions pour protester contre la décision d’un tribunal d’ordonner le placement en détention provisoire de Nika Melia, dirigeant du MNU, parti de l’ex-président en exil Mikheïl Saakachvili.

Lors d’une réunion gouvernementale retransmise à la télévision, M. Gakharia avait estimé que cette décision judiciaire constituait un « risque pour la santé et la vie de [leurs] concitoyens » et « cré[ait] la possibilité d’une escalade politique dans le pays ».

M. Melia est accusé d’avoir organisé des « violences de masse » lors des manifestations de grande ampleur qui ont secoué pendant près d’une semaine le pays, en 2019. Il encourt neuf ans de prison. L’intéressé rejette ces accusations et dénonce la « répression visant l’opposition ». Retranché au siège de son parti, à Tbilissi, il est soutenu par la quasi-totalité des formations d’opposition.

« J’appelle [Nika] Melia à obéir aux décisions de la justice. Autrement, le gouvernement va faire appliquer la décision et l’arrêter », a déclaré le président de Rêve géorgien, Irakli Kobakhidze lors d’une conférence de presse. Le ministère de l’intérieur a pour sa part annoncé, jeudi, avoir « temporairement reporté » l’arrestation de M. Melia à la suite de la démission du premier ministre.

L’Union européenne et les Etats-Unis se sont inquiétés de l’escalade de la crise politique en Géorgie, une ex-république soviétique habituée aux turbulences et aux luttes de pouvoir.

Source : Le Monde avec AFP

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