Est de la RDC : Le mandat des troupes de la SADC renouvelé d’une année
- Le 22 Novembre 2024
La Commission électorale éthiopienne a annoncé samedi le report des élections législatives prévues le 5 juin en raison d'obstacles logistiques, sans fixer de nouvelle date.
A son arrivée au pouvoir en 2018, le Premier ministre Abiy Ahmed avait promis d'organiser les élections les plus démocratiques que l'Ethiopie ait jamais connues.
Mais le chef de l'exécutif est à présent confronté à une série de crises profondes et meurtrières qui avaient déjà fait craindre ces dernières semaines à de nombreux observateurs la tenue d'élections au mieux imparfaites.
"Le vote n'aura pas lieu le 5 juin", a déclaré la présidente de la commission électorale, Birtukan Mideksa, précisant ne pas pouvoir fournir de nouvelle date avant d'avoir examiné les propositions des partis politiques.
Elle a énuméré pléthore de retards logistiques, tels que la finalisation de l'enregistrement des électeurs, la formation du personnel électoral, l'impression et la distribution de bulletins de vote.
"Il s'est avéré quasiment impossible de parvenir à tout cela aux dates initialement fixées", a-t-elle indiqué, ajoutant que la nouvelle date devrait prendre en compte la saison des pluies, qui s'étend de juin à septembre.
Le pays de 110 millions d'habitants était appelé aux urnes pour choisir des députés sur le plan national et régional. Les députés élisent le Premier ministre, qui est le chef du gouvernement, ainsi que le président, un rôle essentiellement symbolique.
Les élections avaient déjà été reportées en août l'an dernier en raison de la pandémie de coronavirus et de problèmes qui n'ont fait que s'accroître par la suite, avec un conflit dans la région du Tigré et des violences ethniques dans plusieurs régions.
Quelques semaines avant l'élection fixée au 5 juin, la campagne avait été jusque là très peu visible, et plusieurs partis d'opposition avaient prévu de boycotter le scrutin, le qualifiant de "farce".
Même avec ce nouveau report, le vote risque d'être impossible dans de nombreux pans du pays, en particulier au Tigré, région septentrionale de quelque six millions d'habitants.
L'offensive militaire lancée par le Premier ministre en novembre l'an dernier dans cette région s'est transformée en un conflit émaillé d'exactions et de massacres. Il se traduit par un "désastre humanitaire" selon le département d'Etat américain.
Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) dirigeait la région jusqu'à la chute de la capitale régionale Mekele le 28 novembre, trois semaines après le début de l'opération militaire.
A travers ce parti, le Tigré a dominé les structures politiques et sécuritaires de l'Ethiopie pendant près de 30 ans, entre 1991 - date à laquelle il fait chuter le régime militaro-marxiste du Derg - et 2018 - l'arrivée du Premier ministre Abiy Ahmed au pouvoir.
Ses dirigeants ont ensuite été progressivement écartés des responsabilités à Addis Abeba et sont passés de fait dans l'opposition, réduisant l'influence politique du TPLF.
Mais d'autres régions sont aussi en proie à l'instabilité.
Selon Birtukan Mideksa, quelque 36 millions d'électeurs ont été enregistrés à ce stade dans le pays, mais personne ne l'a été dans certaines zones affectées par des violences ethniques, dont les régions les plus peuplées du pays, Oromia et Amhara.
En mars, des centaines de personnes ont été tuées dans la région d'Amhara.
Le premier mandat d'Abiy Ahmed, le premier dirigeant éthiopien oromo, s'est accompagné d'une résurgence de conflits locaux - souvent territoriaux - que ses prédécesseurs étaient parvenus à étouffer moyennant une répression tous azimuts.
M. Abiy avait été désigné en 2018 par la coalition au pouvoir pour remplacer son prédécesseur, emporté par un vaste mouvement de manifestations antigouvernementales.
Il a obtenu le prix Nobel de la paix en 2019 pour les réformes démocratiques engagées dans son pays et la fin d'un long conflit avec l'Erythrée voisine.
Le scrutin de juin était censé lui conférer l'onction populaire qui lui fait défaut.
L'Ethiopie est divisée en dix régions fédérales semi-autonomes, découpées essentiellement selon des critères ethniques et les différends territoriaux et politiques entre et au sein de ces régions provoquent souvent des violences.
Source : AFP