Dans le sud de la Colombie, les manifestations contre la répression policière tournent au chaos

Une jeune fille de 17 ans s’est suicidée jeudi après avoir été emmenée de force et agressée par des policiers. Le ministre de l’intérieur a été envoyé à Popayan, où de violentes manifestations ont eu lieu

Des manifestations contre la répression policière en Colombie ont éclaté avec violence à Popayan, dans le sud-ouest du pays, où une jeune fille de 17 ans s’est suicidée après avoir été emmenée de force et agressée par des policiers.

Des troubles et de violents affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont été constatés dans cette ville de plus de 250 000 habitants, vendredi 14 mai, par un journaliste de l’Agence France-Presse, sans qu’il y ait encore de bilan officiel des victimes ou des dégâts.

Ces violences ont eu lieu alors que, mercredi soir, une mineure a été conduite de force au bureau du procureur par des policiers qui dispersaient une manifestation contre le gouvernement. Dans une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, on peut voir la jeune fille crier alors que les agents lui immobilisent les pieds et les mains. Selon la Commission des garanties et des droits humains, qui accompagne les manifestations contre le gouvernement, la mineure a fait savoir qu’elle avait été battue et qu’elle avait subi des attouchements. Elle s’est suicidée jeudi à son domicile.

La police, qui a démenti ces abus, a annoncé la suspension de quatre policiers impliqués dans cette affaire. Le bâtiment où se situe le bureau du procureur et où la jeune fille était détenue, a été incendié vendredi.

Plus de 40 civils tués en moins d’un mois

Un groupe de manifestants s’est également rassemblé devant le siège de la police de Popayan pour protester contre cette agression. Le bureau du procureur général, qui supervise les fonctionnaires en Colombie, a ouvert une enquête pour déterminer la responsabilité des agents impliqués dans cette affaire.

Les ministres de l’intérieur et de la défense sont arrivés à Popayan samedi à la demande du président de la République, Ivan Duque ; ce dernier les a chargés du « rétablissement de l’ordre public dans la ville ».

Au total, 42 personnes ont été tuées, dont 41 civils et un membre des forces de l’ordre, lors des affrontements qui ont émaillé les manifestations que connaît la Colombie depuis le 28 avril, selon le Défenseur du peuple, une entité publique de protection des droits humains. Il y a eu plus de 1 500 blessés parmi les civils et les policiers, selon le ministère de la défense.

La Colombie est en proie à une forte mobilisation sociale contre le gouvernement, marquée par des violences meurtrières dans ce pays dont l’économie s’est détériorée avec la pandémie de Covid-19. Les manifestants dénoncent aussi la répression exercée par les forces de sécurité, réclamant des réformes en profondeur de la police.

Source : Le Monde avec AFP

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