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- Le 28 Octobre 2024
La directive des autorités sanitaires, prise à la surprise générale, soulève des questions dans un pays où le port du masque était devenu un enjeu politique.
Après la surprise de la levée par les autorités sanitaires américaines de la recommandation du port du masque pour les personnes vaccinées contre le Covid-19, sont venus de vifs débats et une certaine confusion dans le pays, vendredi 14 mai.
Même au Congrès, des altercations ont éclaté, certains élus ayant subi des pressions pour retirer leur masque, malgré les appels la veille de Joe Biden à ce que soient « traités avec gentillesse et respect » ceux préférant le garder.
La directive, simple au premier abord, n’a pas manqué de soulever un enchevêtrement de questions, dans un pays où le débat autour du masque était devenu, au moment de sa généralisation il y a plus d’un an, un enjeu politique – les pro-Trump refusant de le porter.
Car les recommandations annoncées jeudi par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ne sont pas contraignantes : en plus de ne pas s’appliquer dans les transports et les hôpitaux, les autorités précisent qu’elles ne valent pas si le masque reste « requis par les lois et règles fédérales, étatiques, locales » ou « les directives des magasins et entreprises ». Une situation qui a laissé patrons et décideurs locaux démunis, forcés de trancher entre recommandations scientifiques et inquiétudes d’Américains encore ébranlés par les répercussions du virus.
Au regard des recommandations, les villes ou territoires auront donc le dernier mot, provoquant un patchwork de situations divergentes. A New York mais aussi à Washington, les responsables ont sobrement fait savoir qu’ils allaient « étudier » les nouvelles recommandations.
Dans le Minnesota et en Pennsylvanie, les obligations en vigueur ont été immédiatement mises à jour. La Virginie et le Maryland ont, de leur côté, finalement annoncé qu’ils s’y conformeraient samedi. Dans le Connecticut, la nouvelle règle ne s’appliquera que la semaine prochaine. Dans de nombreux endroits, la recommandation ne changera finalement pas grand-chose : au Texas, l’obligation du port du masque a par exemple été levée dès mars… y compris pour les non vaccinés.
La question s’est également posée pour les supermarchés, dont beaucoup avaient instauré l’obligation du port du masque à tous leurs clients. Après une journée de réflexion, Trader Joe’s, le numéro un américain de la distribution Walmart et les supermarchés à bas prix Costco ont annoncé se conformer aux nouvelles recommandations. Au contraire, Aldi a annoncé maintenir le statu quo.
D’autres entreprises restaient, elles, hésitantes : dans les usines de General Motors, le masque reste de rigueur le temps d’« étudier » les nouvelles directives. A Las Vegas, les casinos Wynn et Encore suppriment l’obligation pour leurs « invités » s’ils sont « pleinement vaccinés », selon un communiqué. Le groupe dit « faire confiance » aux clients pour prendre la décision « appropriée ».
« Les recommandations des CDC entraînent de la confusion », s’est plaint le syndicat de la distribution UFCW. Les « travailleurs essentiels sont fréquemment exposés à des individus qui ne sont pas vaccinés et refusent de porter des masques. (…) Sont-ils supposés devenir les policiers de la vaccination ? ». Car une question demeure : comment vérifier si les personnes sans masque sont vaccinées ? Aux Etats-Unis, l’idée d’un « passeport sanitaire » national a clairement été écartée.
La plupart des scientifiques, qui considéraient que les recommandations sanitaires étaient depuis longtemps trop frileuses, ont applaudi les nouvelles annonces. Les vaccins sont efficaces contre les variants, permettent de réduire drastiquement la possibilité même d’être infecté (et pas seulement de développer des symptômes) et, dans les rares cas où la maladie se déclenche malgré tout, la charge virale est réduite, ont conclu des études. Elles montrent donc que les personnes vaccinées (près de 36 % de la population aux Etats-Unis), ne se mettent ni elles ni les autres en danger lorsqu’elles ne portent pas de masque. Sans compter que les cas quotidiens ont fortement baissé au niveau national.
Par ailleurs, dans un pays où l’offre de vaccins surpasse désormais la demande, les autorités espèrent ainsi encourager les réticents à sauter le pas de la piqûre. Certains experts ont toutefois émis des réserves, notamment pour les zones où les taux de transmission sont toujours élevés : l’épidémiologiste Caitlin Rivers aurait préféré voir cette annonce liée localement une condition de « moins de cinq cas quotidiens pour 100 000 personnes ». « Donnez aux gens le temps de s’organiser », a également regretté Linsey Marr, spécialiste de la transmission aérienne des virus.
Source : Le Monde avec AFP