Israël-Palestine : les vols vers Tel-Aviv déroutés, au moins 67 morts à Gaza et 7 Israéliens tués depuis lundi

Des militants d’extrême droite ont manifesté mercredi soir à travers l’Etat hébreu, provoquant des affrontements avec la police, et parfois avec des Arabes israéliens.

Près de 1 500 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza vers différentes villes israéliennes depuis le début, lundi soir, de l’escalade militaire entre le Hamas et Israël, a annoncé, jeudi 13 mai, l’armée israélienne. En début de journée, les militaires de l’Etat hébreu avaient évoqué environ 1 000 roquettes.

Selon l’armée, le tir de 350 roquettes a « échoué » et des « centaines » d’autres ont été interceptées par le bouclier antimissile « Dôme de fer ». De son côté, le Hamas a déclaré avoir lancé mercredi soir plus d’une centaine de roquettes vers Israël.

Le bilan est passé à 7 morts du côté israélien, dont un enfant de 6 ans, Ido Avigal, et des centaines de blessés en un peu plus de deux jours. Selon le dernier bilan du ministre de la santé dans la bande de Gaza, les affrontements des derniers jours ont fait 67 morts et 388 blessés dans ce territoire palestinien paupérisé.

  • Tous les vols vers l’aéroport de Tel-Aviv déroutés

Tous les vols en direction de l’aéroport international Ben-Gourion de Tel-Aviv sont déroutés jusqu’à nouvel ordre, ont annoncé jeudi les autorités aéroportuaires israéliennes. Les avions seront dirigés vers l’aéroport Ramon, situé près d’Eilat, dans le sud d’Israël, ont précisé les autorités aéroportuaires.

Pour l’heure, cette décision n’affecte pas les vols en partance de l’aéroport, où les avions privés sont autorisés à atterrir. Les autorités israéliennes avaient suspendu temporairement mardi soir tout le trafic aérien en partance ou à destination de l’aéroport international Ben-Gourion de Tel-Aviv.

  • Le nord du pays en alerte

Pour la première fois depuis le début du conflit entre Israël et la Palestine, l’armée israélienne a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi une alerte à la roquette dans le nord du pays. Jusqu’à présent, les projectiles tirés depuis la bande de Gaza par le Hamas avaient déclenché les sirènes d’alarme dans le sud et le centre d’Israël, mais pas dans le nord du pays.

Tôt jeudi matin, les sirènes ont retenti à nouveau dans la métropole Tel-Aviv, où des habitants se sont précipités dans des abris, mais aussi dans la vallée de Jezreel, située en Galilée (nord du pays).

Dans la nuit, cinq personnes ont été blessées quand une roquette s’est abattue sur un complexe résidentiel de Petah Tikva, près de Tel-Aviv, selon les secouristes.

  • Un troisième Palestinien tué mercredi en Cisjordanie

Pendant ce temps, l’aviation israélienne frappait des positions du Hamas dans la bande de Gaza, territoire palestinien peuplé de 2 millions d’habitants, ciblant entre autres des locaux liés aux opérations de « contre-renseignement » du mouvement et la résidence d’Iyad Tayeb, un de ses commandants.

Un Palestinien a été « neutralisé » lors d’une confrontation avec l’armée israélienne près de la ville de Naplouse, grande ville du nord de la Cisjordanie. L’« attaque » a aussi fait deux blessés, d’après les militaires israéliens. Cela porte à trois le nombre de morts dans des affrontements mercredi entre Palestiniens et forces militaires israéliennes en Cisjordanie occupée.

Plus tôt en journée, un adolescent de 16 ans, Rachid Abouara, a été tué par des tirs à la tête et à la poitrine dans le village d’Aqaba, au nord de la ville de Naplouse, selon le ministère de la santé palestinien. Hussein Al-Titi, un Palestinien de 26 ans, a été tué dans des affrontements avec l’armée israélienne, dans le camp de réfugiés d’Al-Fawwar, près de la ville palestinienne de Hébron.

L’armée israélienne a précisé que les faits s’étaient déroulés durant une « activité opérationnelle », quand « une violente émeute a été déclenchée », au cours de laquelle les soldats ont « repéré un des manifestants qui s’apprêtaient à lancer un bloc sur les troupes depuis un toit »« Les soldats ont réagi en ouvrant le feu », selon un communiqué de l’armée.

  • Des affrontements persistent

A quelques heures de la fin du ramadan, mois du jeûne musulman, de nombreuses villes en Israël ont, elles, été le théâtre de rassemblements.

Des militants d’extrême droite ont manifesté mercredi soir à travers le pays, provoquant des affrontements avec la police, et parfois avec des Arabes israéliens. La police a dit « réagir aux incidents violents dans plusieurs villes, notamment Lod, Acre et Haïfa ».

Et le pays accusait le choc de la diffusion, en direct à la télévision, et à une heure de grande écoute, du lynchage d’un homme, considéré comme arabe par ses agresseurs, par des militants d’extrême droite près de Tel-Aviv. Ces images insoutenables montrent un homme sorti de force de sa voiture puis roué de coups par une foule de plusieurs dizaines de personnes, jusqu’à ce qu’il perde connaissance.

« Ce qui se passe depuis ces derniers jours dans les villes d’Israël est insupportable… Rien ne justifie le lynchage d’Arabes par des Juifs et rien ne justifie le lynchage de Juifs par des Arabes », a déclaré dans la nuit le premier ministre Benyamin Nétanyahou, disant qu’Israël était confronté à un « combat sur deux fronts ».

  • Une réunion publique du Conseil de sécurité réclamée

Face à cette intensification des combats, la Tunisie, la Norvège et la Chine ont demandé, mercredi soir, la tenue vendredi d’une nouvelle réunion en urgence du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) sur le conflit israélo-palestinien, qui sera cette fois publique, rapportent des sources diplomatiques.

Cette session, à laquelle devraient participer Israël et les Palestiniens, sera la troisième du Conseil de sécurité depuis lundi. Lors des deux premières visioconférences, tenues à huis clos, les Etats-Unis se sont opposés à l’adoption d’une déclaration commune visant à faire arrêter les affrontements, la jugeant « contre-productive » à ce stade, selon des diplomates.

Washington a, toutefois, annoncé mercredi soir l’envoi d’un émissaire en Israël et dans les territoires palestiniens pour exhorter une nouvelle fois à la « désescalade ». Mais le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui s’est entretenu au téléphone en soirée avec le président des Etats-Unis, Joe Biden, a dit vouloir « continuer » à frapper et à affaiblir les « capacités militaires » du Hamas.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’est aussi entretenu avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. « J’ai exprimé mes condoléances pour les pertes de vies. J’ai souligné la nécessité de mettre fin aux attaques à la roquette et de faire baisser les tensions », a tweeté le responsable américain.

Source : Le Monde avec AFP

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