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- Le 22 Novembre 2024
Paul Rusesabagina est visé par treize chefs d’accusation, dont ceux de terrorisme, meurtre et financement de rébellion.
Le procès de Paul Rusesabagina s’est ouvert mercredi 17 février à Kigali lors d’une séance où l’ancien hôtelier, accusé entre autres de terrorisme, a contesté le droit du tribunal à le juger. M. Rusesabagina a été rendu célèbre par ce film hollywoodien sorti en 2004, qui raconte comment l’ancien directeur de l’Hôtel des Mille Collines à Kigali, un Hutu modéré, a sauvé plus de 1 000 personnes au cours du génocide qui a tué 800 000 Rwandais, principalement des Tutsi.
Il est aujourd’hui visé par treize chefs d’accusation, dont ceux de terrorisme, meurtre et financement de rébellion, pour son soutien présumé au Front de libération nationale (FLN), un groupe rebelle accusé d’avoir mené ces dernières années des attaques meurtrières au Rwanda. Il comparaissait avec 20 autres accusés.
Féroce critique du régime du président Paul Kagame, M. Rusesabagina vivait en exil depuis 1996 aux Etats-Unis et en Belgique, un pays dont il a obtenu la nationalité. Il a été arrêté fin août au Rwanda dans des circonstances troubles, à la descente d’un avion qu’il pensait être à destination du Burundi. Ses avocats ont accusé le régime rwandais de l’avoir fait « enlever ». L’ONG Human Rights Watch (HRW) a également dénoncé une « disparition forcée ».
Dès l’ouverture des débats, Paul Rusesabagina et ses avocats ont dénoncé les conditions de cette arrestation et contesté le droit du tribunal à le juger, en raison de sa nationalité belge. « Je vais le répéter, comme je l’ai déjà dit de nombreuses fois. Je ne suis pas rwandais. Je suis belge. Le dossier devrait le mentionner », a-t-il déclaré à la barre, portant un masque chirurgical et vêtu de l’uniforme rose des prisonniers. Il a notamment fait valoir que lors de visites au Rwanda en 2003 et 2004, il avait dû demander un visa. « C’est le traitement que l’on a avec les étrangers », a-t-il souligné.
Le procureur Bonaventure Ruberwa a quant à lui relevé la nationalité rwandaise des parents de M. Rusesabagina et le fait que ce dernier n’a jamais renoncé à sa citoyenneté. L’un de ses co-accusés, le commandant du FLN Callixte Nsabimana, est venu appuyer l’argumentation du procureur. « Il avait l’ambition de devenir le président du Rwanda. Comment as-tu de telles ambitions quand tu n’es pas rwandais ? », a-t-il lancé. « Nous avons fait la guerre au Rwanda, nous avons échoué et nous avons été capturés. Alors c’est embarrassant pour lui de prétendre maintenant qu’il n’est pas rwandais », a-t-il ajouté, déplorant des « manœuvres dilatoires » de M. Rusesabagina.
Lors d’une audience devant la justice rwandaise fin septembre, l’accusé avait admis avoir participé à la création du FLN, considéré comme le bras armé du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), qu’il a fondé en 2017. Mais il a nié toute implication dans leurs attaques. Les autorités rwandaises accusent notamment le FLN d’avoir mené des attaques meurtrières dans la région de Nyungwe (sud-ouest) en 2018.
Sa famille estime que les charges retenues contre M. Rusesabagina sont politiques. Après la sortie d’« Hôtel Rwanda », bénéficiant d’une importante notoriété internationale, il avait porté de vives critiques contre le président Kagame, l’accusant d’autoritarisme et d’alimenter un sentiment anti-hutu, un sujet hautement sensible dans ce pays. Son image s’est alors peu à peu détériorée au Rwanda. Des détracteurs l’ont accusé d’avoir embelli ses exploits et des survivants d’avoir profité de leur misère, tandis que ses partisans affirment que le régime s’est lui-même employé à ternir son image.
Ce procès a suscité de nombreuses réactions internationales : les Etats-Unis, qui lui ont décerné la médaille présidentielle de la liberté en 2005, ont demandé un procès équitable et le Parlement européen a réclamé sa libération. « Nous avons continué d’exhorter le gouvernement rwandais à garantir un traitement humain, le respect de l’Etat de droit et un processus légal juste et transparent », a affirmé mercredi Ned Price, le porte-parole de la diplomatie américaine.
Source : Le Monde avec AFP