En Ethiopie, des dizaines de milliers de musulmans réunis pour rompre le jeûne et prier pour la paix

Ce rassemblement a été organisé alors que le pays se prépare à des élections générales en dépit de violences politico-ethniques meurtrières dans plusieurs régions.

Plusieurs dizaines de milliers d’Ethiopiens musulmans se sont réunis sur la plus grande place d’Addis-Abeba pour la rupture du jeûne du ramadan, mardi 11 mai au soir, et ont prié pour la paix dans un pays en proie à de nombreuses violences, a constaté un journaliste de l’AFP. Cet événement, le premier du genre dans la capitale, a été organisé alors que le pays se prépare à des élections générales en dépit de la guerre dans la région septentrionale du Tigré et de violences politico-ethniques meurtrières dans plusieurs autres régions.

« Il y a beaucoup de choses qui nous inquiètent en tant que nation, donc nous voulions nous unir et prier », a déclaré une participante, Firdus Said, 30 ans. « Nous avons besoin d’un pays en paix et nous voulons que notre unité nationale soit renforcée », a-t-elle ajouté, tandis qu’autour d’elle les fidèles se réunissaient autour de plats remplis de dattes et de pain.

Le premier ministre Abiy Ahmed a lancé le 4 novembre 2020 une opération militaire d’envergure au Tigré pour en déloger les autorités dissidentes issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui a dominé la vie politique éthiopienne pendant près de trente ans. M. Abiy a proclamé la victoire fin novembre après la prise de la capitale régionale, Mekele, mais les autorités du Tigré ont pris la fuite et les combats se poursuivent, tandis que la communauté internationale s’alarme de la situation humanitaire très critique sur place.

Le premier mandat de M. Abiy a été marqué par une recrudescence de violences politico-ethniques, souvent motivées par des différends territoriaux, et les élections du 5 juin s’organisent dès lors dans un climat lourd d’incertitudes. Les musulmans représentent environ un tiers des quelque 110 millions d’Ethiopiens, les chrétiens orthodoxes comptant pour une large majorité de la population.

L’événement de mardi devait initialement se tenir dimanche, mais la police avait dispersé la foule sans ménagement. Le gouvernement a depuis allégué une erreur de communication entre les organisateurs de l’événement et les autorités. « Nous étions très tristes de ce qui s’est passé, nous nous demandions si nous étions Ethiopiens ou non », a expliqué Firdus Said. Mardi, le rassemblement s’est déroulé dans le calme.

Source : Le Monde avec AFP

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