Algérie : RISQUES D’INFLATION IMPORTÉE

Les  prix  des  céréales  et  de  la  poudre  de  lait, dont  l’Algérie  est  l’un des  plus  grands  importateurs  mondiaux,  ont  progressé  respectivement de 26% et 24,1% en avril en glissement annuel, agitant le spectre d’une forte  inflation,  sur  fond  de  velléité  de  réforme  du  dispositif  des subventions.

Les tensions inflationnistes pourraient s’amplifier à l’avenir sous l’effet de la hausse  des  prix  des  produits  alimentaires  sur le  marché  mondial.  Cette hypothèse est d’autant plus sérieuse que  l’Exécutif  affiche  déjà  des velléités de réforme du dispositif des subventions dès  le second semestre de l’année en cours.

L’indice FAO des prix des produits alimentaires lève, en effet, le voile sur une hausse  ininterrompue  des  cours  des  céréales, des  huiles  végétales, des produits laitiers, des viandes et du sucre sur le marché mondial.

En avril, l’indice FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a progressé de 1,7% par rapport à mars  et  de  pas  moins de 30,8% en glissement annuel. Les prix des céréales et  de  la  poudre de lait, dont l’Algérie est un des plus grands importateurs mondiaux, ont grimpé de 1,2% chacun en avril par rapport à mars.

Cependant, en  variations  annuelles, la  FAO note un renchérissement sans précédent des  prix, soit  de  26% pour  les  céréales  et  de  24,1%  pour les produits laitiers ; ceux-ci marquant leur onzième mois consécutif de hausse. L’organisme onusien fait constater dans son indice mensuel que les prix des huiles végétales se sont inscrit en hausse, de 1,8% en avril dernier, comparés à ceux du mois de mars.

En revanche, l’indice FAO des prix du sucre s’est établi en moyenne à 100 points en avril, gagnant 3,9% depuis le mois de mars, et a augmenté de près de 60% par rapport à son niveau au même mois l’année dernière.

Quant  aux  prix  des  viandes, ceux-ci  ont  progressé de 1,7% en  avril par rapport à  leur  valeur  légèrement  révisée  de  mars,  enregistrant  ainsi  un septième mois de hausse consécutif et un niveau supérieur de 5,1% à celui du  même  mois  de  l’année  précédente.  Aussi, l’inflation  pourrait  grimper davantage dans les prochains mois.

La hausse des prix  des  intrants  à  l’importation  devrait  se  traduire  par une hausse des prix à la production et à la consommation locale même si certains bénéficient  d’un  soutien  de  l’État.   Le  dispositif  des  subventions  devrait d’ailleurs être révisé dès la  deuxième  moitié  de  l’actuel  exercice, si  l’on se réfère aux propos du ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane.

La dernière mesure en date, en la matière, concernant  les  prix  des céréales vendues par l’OAIC aux minotiers, s’est accompagnée aussitôt d’une hausse des prix, au lendemain de la  décision  de  l’Exécutif  de  lever  le  pied  sur  le soutien  de  l’État  aux  céréales  achetées   par  les  opérateurs  auprès  de l’importateur public.

Les velléités de réforme du dispositif des subventions généralisées constituent ainsi un facteur qui contribuera à  une  hausse  des  prix  à  la  consommation, alors que ceux-ci n’ont cessé de progresser  depuis  septembre 2020. Le taux d’inflation est passé, en effet, de  2%  à  fin  septembre  à  2,6%  à  fin  janvier dernier, contre une moyenne annuelle de 2,2% en 2020.

La loi de finances de l’actuel exercice table sur un taux d'inflation de 4,5%. Le Fonds  monétaire  international  (FMI)  anticipe, en  revanche,  une  hausse  à 4,9% du taux d’inflation en 2021 et à 6% l’an prochain.

Outre la hausse des prix  des  produits  alimentaires  sur  le  marché mondial, l’hypothèse d’un recours, à nouveau, à la solution monétaire pour financer le déficit abyssal de l’actuel exercice, révisé à la hausse dans l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2021, pourrait accélérer davantage la hausse de l’inflation et éroder le pouvoir d’achat des ménages.      

Source : La Liberte

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