Les détails de la situation (problématique) des délais de paiement au Maroc

Le niveau des délais de paiement des entreprises privées reste largement supérieur aux délais réglementaires, indique le premier rapport annuel de l’Observatoire des Délais de Paiement, publié dimanche. 

Selon une analyse de BAM sur l’évolution des délais de paiement du secteur privé dans le cadre de ce rapport, les calculs effectués font ressortir à fin 2018, une moyenne globale de 152 jours de chiffre d’affaires (JCA) pour les délais clients, et de 105 jours d’achat (JA) pour les délais fournisseurs, soit un dépassement de 45 jours par rapport au seuil réglementaire fixé par la loi à 60 jours.

Dans ces conditions, le solde commercial des entreprises marocaines fait ressortir une position nette prêteuse avec une moyenne équivalente à 73 jours de chiffre d’affaires, relève la même source.

L’étude relève également que plus de 40% des entreprises marocaines se font payer dans des délais supérieurs à 90 JCA et environ un quart d’entre-elles règle ses fournisseurs au-delà de 120 JA.

“La classification des entreprises par tranche de délais permet de mieux appréhender le comportement de paiement des entreprises qui payent dans les délais ou se font payer au-delà des normes légales”, précise le rapport.

Ainsi, l’analyse des observations individuelles des délais clients fait ressortir, qu’en 2018, un peu plus que la moitié des entreprises sont payées dans les délais réglementaires de 60 jours, 8% entre 60 et 90 jours, délai pouvant être consenti entre les partenaires, et 41% dans des délais supérieurs à 90 jours, dont 84% d’entre elles observant des délais au-delà de 120 jours.

Pour ce qui est des délais de paiement fournisseurs, et bien que 62% des entreprises honorent leurs engagements dans des délais inférieurs à la limite réglementaire, près du tiers des entreprises paye ses fournisseurs après 90 jours, 79% d’entre elles dans des délais supérieurs à 120 jours.

L’analyse de BAM soulève aussi que les pratiques de paiement semblent ne pas s’améliorer au cours des dernières années avec une persistance des comportements retardataires. “Afin d’apprécier l’évolution des pratiques de paiement des entreprises, une analyse par tranche de délais a été effectuée sur la période s’étalant de 2015 à 2018”, indique le rapport.

Il en ressort ainsi que la part des entreprises enregistrant des délais de paiement clients supérieurs à 60 jours reste quasi-stable au cours des dernières années, représentant environ la moitié de l’ensemble de la population retenue, note la même source, relevant qu’il s’agit d’une stagnation qui reflète la persistance des difficultés que rencontrent une grande partie des entreprises à recouvrir leurs créances commerciales.

Parallèlement, la tranche des entreprises qui règlent leurs fournisseurs au-delà du délai réglementaire de 60 jours, représente depuis 2015 près de 40% des entreprises étudiées, deux tiers d’entre-elles avec délais fournisseurs supérieurs à 120 jours.

De plus, cette catégorie d’entreprises devient plus importante, représentant 24% de la population en 2018 contre environ 22% au cours des trois dernières années. Cette dégradation a été principalement accompagnée par le repli de la part des entreprises réglant leurs factures entre 60 et 120 jours.

Certes, les niveaux observés globalement confirment la situation problématique des délais de paiement au Maroc, mais masqueraient également de nombreuses disparités entre délais par régions, par taille d’entreprises et par secteur d’activité, précise la même source.

Fruit d’une collaboration entre les partenaires concernés (BAM, Confédération Générale des Entreprises du Maroc, Trésorerie Générale du Royaume et la direction des entreprises publiques et de la privatisation), le premier rapport de l’Observatoire des Délais de Paiement présente un diagnostic de la situation des délais de paiement, les actions entreprises, les insuffisances qui persistent ainsi que les perspectives d’évolution.

Il ambitionne de contribuer au renforcement de la transparence en matière de délais de paiement et de concourir ainsi à la consolidation de la confiance entre les opérateurs économiques.

Source : infomediaire

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