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- Le 22 Novembre 2024
Des généraux à la retraite dénoncent dans une lettre ouverte « le délitement » de la France. L’hebdomadaire a également publié une réponse de Marine Le Pen les invitant à la rejoindre.
Après un silence de plusieurs jours, la ministre des armées, Florence Parly, a fustigé dimanche 25 avril la publication dans Valeurs actuelles d’une tribune de plusieurs militaires, dont 20 généraux à la retraite, évoquant « le délitement » de la France, suivie d’une lettre de Marine Le Pen les invitant à la rejoindre pour la présidentielle. « Les armées ne sont pas là pour faire campagne mais pour défendre la France », a rappelé la ministre, après avoir été pressée de réagir ces derniers jours par plusieurs élus de gauche.
Mercredi, l’hebdomadaire d’extrême droite a publié une tribune lancée par Jean-Pierre Fabre-Bernadac, ancien officier de carrière et responsable du site Web Place d’Armes, appelant Emmanuel Macron à défendre le patriotisme. Selon le journal, cette lettre a été signée par « une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d’un millier d’autres militaires ». Les noms des signataires ont été publiés sur le site de M. Fabre-Bernadac, à l’origine de la lettre ouverte.
Ces militaires dénoncent le « délitement » qui frappe selon eux la patrie et « qui, à travers un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés ».
« Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution, estiment-ils encore. Délitement, car (…) le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. »
« Nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation », ajoutent-ils, avant de conclure :
« Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.
On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers. »
Deux jours après la parution de cette tribune, Valeurs actuelles a publié vendredi une réponse de Marine Le Pen : « Comme citoyenne et comme femme politique, je souscris à vos analyses et partage votre affliction. » « Je vous invite à vous joindre à notre action pour prendre part à la bataille qui s’ouvre, qui est une bataille certes politique et pacifique, mais qui est avant tout la bataille de la France », écrit notamment la présidente du Rassemblement national (RN).
« La tribune irresponsable publiée dans Valeurs actuelles est uniquement signée par des militaires à la retraite, qui n’ont plus aucune fonction dans nos armées et ne représentent qu’eux-mêmes », a commenté Mme Parly sur Twitter, en rappelant que « deux principes immuables guident l’action des militaires vis-à-vis du politique : neutralité et loyauté ».
« Les mots de Madame Le Pen reflètent une méconnaissance grave de l’institution militaire, inquiétant pour quelqu’un qui veut devenir cheffe des armées », a-t-elle poursuivi. « La politisation des armées suggérée par Madame Le Pen affaiblirait notre outil militaire et donc la France. Les armées ne sont pas là pour faire campagne mais pour défendre la France et protéger les Français », a conclu la ministre des armées.
La publication de ces deux tribunes avait ces derniers jours provoqué l’ire de plusieurs figures de la gauche, qui dénonçaient le manque de réaction du gouvernement.
Le fondateur de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, avait fustigé la « stupéfiante déclaration de militaires s’arrogeant le droit d’appeler leur collègue d’active à une intervention contre les islamogauchistes ». Sur Twitter, le député avait rappelé que le fait de provoquer la désobéissance des militaires est puni par l’article 413-3 du code pénal :
« 60 ans après le début du “putsch d’Alger”, 20 généraux menacent explicitement la République d’un coup d’Etat militaire », s’était aussi indigné sur Twitter l’ancien candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon. Il s’était également étonné de l’absence de réaction de Mme Parly ou d’Emmanuel Macron.
« Des militaires appellent à une chasse aux sorcières, à une éradication, à défendre des “valeurs civilisationnelles” à rebours de la République, ça finit sur une menace de guerre civile, Le Pen salue ces apprentis factieux et ? Rien. On se réveille ? », a renchéri le député LFI Eric Coquerel, toujours sur Twiter. Conclusion, pour le député Aurélien Taché (Les Nouveaux Démocrates) : « La démocratie française est bel et bien menacée. »
La semaine précédente, Valeurs actuelles avait publié une tribune de Philippe de Villiers titrée « J’appelle à l’insurrection ». Son frère, Pierre de Villiers, ancien chef d’état-major des armées est cité par certains comme possible candidat à la présidentielle de 2022.
Source : Le Monde avec AFP