Algérie : Paris défend la délivrance de visas étudiants malgré la brouille diplomatique

Le porte-parole du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, Pascal Confavreux, a justifié vendredi l’augmentation des visas étudiants accordés à des ressortissants algériens en 2025, malgré les tensions diplomatiques persistantes entre Paris et Alger.

- « Influence et attractivité »

Répondant à une question de CNews sur une communication de l’ambassade de France en Algérie se félicitant de la hausse de ces visas, Confavreux a rappelé : « Les visas répondent à différents objectifs. Le premier, c’est le contrôle de la politique migratoire, la sécurité, l’influence et l’attractivité. »

Il a souligné que la France accueille « 329 000 étudiants étrangers » et qu’elle est « la 7ᵉ destination étrangère préférée des étudiants dans le monde », considérant cela comme « un vecteur puissant d’influence pour nous dans les pays d’origine et un atout aussi pour nos entreprises et notre vie économique ».

- Distinguer « régime » et « société civile »

Concernant la polémique autour du message de l’ambassade, le porte-parole a précisé : « La forme de la communication, qui était à destination de la société civile algérienne, (…) a interrogé, et nous le comprenons. Mais nous tenons en même temps à redire la différence qu’il faut faire entre un régime avec lequel nous avons des différends forts de politique étrangère (…) et la société civile. »

- Des mesures déjà prises contre le régime algérien

Confavreux a rappelé les décisions annoncées par l’exécutif : « Le président de la République, début août, a demandé au Premier ministre de prendre des mesures touchant le régime algérien. Ce qui a été fait par la suspension de l’accord de 2013, qui permettait (…) pour les détenteurs de passeport officiel algérien de se rendre en France en exemption de visa. »

« Donc cet accord est suspendu », a-t-il insisté, en ajoutant que « les conditions d’obtention de visa pour ces personnes-là ont été rendues plus difficiles ». La France a également travaillé « avec nos partenaires européens pour éviter des contournements, c’est-à-dire que ces individus puissent atterrir ailleurs et ensuite se rendre en France par l’espace Schengen ».

- Baisse globale du nombre de visas

En revanche, la contrainte imposée aux services consulaires français en Algérie a réduit le volume global de visas : « Par la nature même des décisions prises par les autorités algériennes, c’est-à-dire en contraignant notre appareil diplomatique à Alger, mécaniquement, nos services consulaires émettront 30 % de moins de visas cette année. »

« Donc le nombre de visas collectifs diminue de 30 % », a-t-il précisé.

- Contexte d’une relation tendue

Cette controverse intervient dans un climat de brouille durable entre Paris et Alger. Depuis le début de l’année 2025, l’Algérie a mis fin à l’accord bilatéral de dispense de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. En riposte, la France a appliqué le principe de réciprocité en suspendant la même disposition.

Ces tensions s’ajoutent aux désaccords persistants sur la coopération en matière de reconduite des ressortissants algériens en situation irrégulière en France, que Paris juge insuffisante.

Les relations franco-algériennes, régulièrement marquées par des crispations mémorielles et migratoires, se trouvent ainsi à nouveau fragilisées, malgré la volonté affichée de maintenir des passerelles avec la société civile.

Source: AA

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