La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) a réagi aux récentes tensions entre le Mali et l'Algérie, appelant les deux parties au dialogue et à utiliser "les mécanismes régionaux et continentaux pour régler leurs différends".
C'est ce qui ressort d'un communiqué, émis mercredi par la Commission de la Cédéao et consulté par Anadolu, sachant que l'Algérie n'appartient pas à cette communauté régionale et que le Mali s'en est retiré fin janvier dernier.
Dans son communiqué, la Commission de la Cédéao a exprimé "son inquiétude face aux récents développements ayant affecté les relations entre le Mali et l'Algérie", en l'occurrence la destruction d'un drone malien à Tinzaouatine, ville située à la frontière entre les deux pays, et les tensions qui s'en sont suivies.
"Au nom des États membres, la Commission a fait part de sa profonde préoccupation face à cette tension et a lancé un appel au Mali et à l'Algérie pour qu'ils désamorcent la tension, favorisent le dialogue et utilisent les mécanismes régionaux et continentaux pour régler leurs différends", peut-on lire dans le document.
-- Destruction d'un drone armé
Le différend a commencé le 1er avril dans la nuit, lorsque l'armée algérienne a abattu un drone appartenant à l'armée malienne, affirmant dans un communiqué que l'appareil a pénétré son espace aérien sur une distance de 2 kilomètres.
"Dans le cadre des efforts consentis pour préserver nos frontières nationales, une unité relevant de Défense Aérienne du Territoire en 6ème Région Militaire, a réussi, dans la soirée du 1er avril 2025, vers minuit, à détecter et à détruire un drone de reconnaissance armé, à proximité de la ville frontalière de Tin-Zaouatine en 6ème Région Militaire, après avoir pénétré l’espace aérien sur une distance de deux kilomètres", a souligné le communiqué du ministère algérien en date du 2 avril.
Côté malien, l'armée affirme dans un communiqué que l'"aéronef sans pilote appartenant aux FAMa s’est écrasé à proximité de Tinzaouatine, dans la région de Kidal". Il était en "mission ordinaire de surveillance du territoire", selon la même source, précisant qu'il "a touché le sol dans une zone inhabitée, sans faire de victimes ni de dégâts matériels".
L'incident a suscité la colère de Bamako qui assure la présidence tournante de la Confédération de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), regroupant également le Burkina Faso et le Niger.
Dans un communiqué publié dimanche 6 avril courant, le Collège des chefs d'Etat de l'AES annonce le rappel, "pour consultations" des ambassadeurs des pays membres accrédités à Alger.
Le Collège a considéré que ''la destruction du drone des Forces armées et de sécurité maliennes comme étant une agression visant tous les Etats membres de la Confédération et voie perfide de promouvoir le terrorisme ainsi que de contribuer à la destruction de la région''. Le Collège a également condamné la destruction dudit drone.
Alger a, à son tour, réagi par le biais de son ministère des Affaires étrangères qui a, dans un communiqué, exprimé sa "consternation" et qualifié les affirmations du Mali et de l'AES de "graves" et "mensongères".
"Toutes les données se rapportant à cet incident sont disponibles dans la banque de données du ministère algérien de la Défense nationale, en particulier les images radar qui établissent clairement la violation de l'espace aérien de l'Algérie", a déclaré la diplomatie algérienne, notant qu'"il ne s’agit pas de la première violation par un drone malien de l’espace aérien de l’Algérie, mais bien de la troisième en l’espace de seulement quelques mois".
"Les deux premières violations sont intervenues respectivement le 27 août 2024 et le 29 décembre 2024. Toutes les données se rapportant à ces violations sont disponibles dans la banque de données du Ministère de la Défense nationale", affirme le département des Affaires étrangères dans son communiqué.
Alger a également regretté "profondément l'alignement inconsidéré du Niger et du Burkina Faso sur les thèses fallacieuses présentées par le Mali".
-- Fermeture réciproque de l'espace aérien
L'Algérie a, ensuite, procédé à la fermeture de son espace aérien.
"Face aux violations répétées par l’État du Mali de notre espace aérien, le Gouvernement algérien a décidé la fermeture de ce dernier à la navigation aérienne en provenance ou à destination de l’État du Mali, et ce, à partir d’aujourd’hui 07 avril 2025", a fait savoir un communiqué du gouvernement algérien, lundi.
Dans la même journée du lundi 7 avril, le ministère algérien des Affaires étrangères a annoncé la décision de rappeler "pour consultations" ses ambassadeurs au Mali et au Niger et de différer la prise de fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso.
"En guise de réciprocité", le ministère malien des Transports et des infrastructures a déclaré l'espace aérien malien "fermé à tous les aéronefs civils et militaires en partance ou à destination de l'Algérie à compter de ce lundi 07 avril 2025 jusqu'à nouvel ordre".
Le Mali s'est également retiré, avec effet immédiat, du Comité d’état-major Conjoint (Cemoc) et décidé de porter plainte, devant les instances internationales, contre l'Algérie.
Source: AA