Tanzanie : arrestation de Tundu Lissu, figure de l’opposition, en pleine campagne électorale

Tundu Lissu, figure de proue de l’opposition tanzanienne, a été arrêté mercredi à l’issue d’un rassemblement politique, a annoncé son parti Chadema, faisant ressurgir les inquiétudes quant à un possible retour de la répression politique à l’approche des élections générales prévues plus tard cette année.

Lissu, fervent critique de l’administration de la présidente Samia Suluhu Hassan, aurait été interpellé avec plusieurs membres de son entourage à Mbinga, dans la région de Ruvuma, au sud de la Tanzanie.

Selon plusieurs témoins, la police aurait tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule venue l’écouter dans le cadre de la campagne en cours du parti intitulée "Pas de réformes, pas d’élections", qui réclame des changements profonds du processus électoral.

"L’arrestation de notre vice-président est une tentative claire de faire taire les voix de l’opposition avant le scrutin", a dénoncé Brenda Rupia, directrice de la communication du parti.

"Nous sommes ciblés, harcelés et brutalisés simplement pour avoir exercé nos droits constitutionnels".

Avocat chevronné et ancien candidat à la présidentielle, Lissu mène depuis plusieurs mois une série de rassemblements à travers le pays pour appeler à des réformes garantissant des élections libres et équitables.

Il avait déjà été victime d’une tentative d’assassinat en 2017, lorsque des hommes armés avaient criblé sa voiture de balles, le blessant grièvement.

Cette nouvelle arrestation s’inscrit dans une tendance inquiétante, selon les observateurs.

Ces derniers mois, plusieurs cadres du parti Chadema ont été la cible d’attaques violentes.

En octobre 2024, Aisha Machano, une responsable du parti, avait été enlevée et grièvement blessée alors qu’elle était en mission. Un mois plus tôt, Ali Kibao, un dirigeant régional, avait été enlevé et retrouvé assassiné.

"Il ne s’agit pas d’incidents isolés", a alerté Rupia. "C’est une campagne coordonnée pour intimider les leaders de l’opposition, restreindre les libertés politiques et saper la démocratie".

La présidente Samia, arrivée au pouvoir en 2021 après le décès de son prédécesseur John Magufuli, avait initialement promis d’ouvrir l’espace politique et de favoriser la réconciliation.

Son gouvernement avait levé les interdictions de rassemblements publics et permis le retour des opposants en exil, dont Tundu Lissu.

Mais cet élan semble aujourd’hui compromis.

Des ONG de défense des droits humains et des observateurs étrangers affirment que l’optimisme qui avait accompagné les débuts de Samia au pouvoir s’éteint rapidement.

Les enlèvements, les arrestations arbitraires et la surveillance accrue des militants politiques font craindre un retour aux méthodes autoritaires de l’ère Magufuli, marquée par une répression féroce des voix dissidentes.

À ce jour, les autorités tanzaniennes n’ont fourni aucune justification officielle à l’arrestation de Tundu Lissu.

Les démarches entreprises pour obtenir des commentaires auprès des responsables de la police régionale sont restées sans réponse.

À l’approche des élections générales, l’opposition tire la sonnette d’alarme. Sans réformes électorales substantielles et un réel engagement en faveur des libertés fondamentales, le processus électoral risque de perdre toute crédibilité.

"La démocratie est en danger", a alerté Brenda Rupia, directrice de la communication de Chadema. "Le peuple tanzanien mérite mieux".

Source: AA

De la même section Afrique