"La balle est désormais dans le camp de la Russie", dixit Lecornu, pressant Moscou à un cessez-le-feu en Ukraine

"La balle est évidemment dans le camp de la Russie." En marge du Paris Defence and Strategy Forum ce mercredi, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a souligné que "la vraie négociation va débuter prochainement pour nous permettre d'avoir un cessez-le-feu et commencer à détailler, discuter les véritables paramètres de ce que pourrait être une paix durable."

Cette déclaration intervient alors que les États-Unis et l'Ukraine ont trouvé un accord prévoyant une trêve de 30 jours, en échange de la reprise immédiate de l'aide militaire américaine. La Russie, pour sa part, n’a pas encore donné son aval.

Lecornu a insisté sur l’importance du soutien occidental à Kiev, rappelant que "la première des garanties de sécurité pour l'Ukraine, c'est l'armée ukrainienne elle-même." Il a détaillé les moyens nécessaires pour y parvenir : "Ses capacités, son armement, son équipement, sa formation, son format."

- Une unité européenne réaffirmée

Réunis dans le cadre du format E5, qui regroupe la France, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne et le Royaume-Uni, les ministres européens de la Défense ont affiché une position commune sur la nécessité d’accélérer l’assistance à l’Ukraine.

Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, s’est "félicité" de la reprise des livraisons d’armes par Washington, tout en plaidant pour "l’harmonisation des systèmes d’armement en Europe", afin d’éviter des problèmes d’interopérabilité.

Pour sa part, son homologue italien, Guido Crosetto, a qualifié l’accord américano-ukrainien de "bonne nouvelle", ajoutant que "sans possibilité de se défendre, il n’y a pas d’avenir pour l’Ukraine."

Le secrétaire d'Etat britannique John Healey a, quant à lui, annoncé que Londres allait porter ses dépenses militaires à 2,7 % du PIB, affirmant que "la pression est maintenant sur les épaules de Poutine."

S'agissant de Władysław Kosiniak-Kamysz, ministre polonais de la Défense, il a estimé que "le géant vient de se réveiller, l’Europe vient de se réveiller." Kosiniak-Kamysz a insisté sur la nécessité de "tenir la Russie à distance, à distance maximale de tous nos pays."

- Un contexte géopolitique en évolution

Les déclarations des ministres interviennent alors que la position américaine sur le conflit ukrainien continue d’évoluer. Donald Trump, qui a déjà exprimé des doutes sur la viabilité du soutien à Kiev, a révélé que des représentants américains étaient actuellement en Russie pour discuter d’un cessez-le-feu.

Lecornu a mis en garde contre "le caractère imprévisible de l'allié américain", estimant que "le pivot américain de l'Europe vers la Chine n'est pas une surprise."

Il a également rappelé les discussions en cours avec les partenaires de la région mer Noire, dans le cadre de l'OTAN, "y compris la Turquie," laissant entendre que la question de la défense européenne ne peut être pensée sans prendre en compte l'équilibre des forces en mer Noire et dans la région.

- Moscou reste silencieux

Si les Européens pressent Moscou de prendre position, la Russie n’a pour l’instant pas réagi officiellement. L’ambassadeur russe en France, Alexey Meshkov, a déclaré qu’il était encore "trop tôt" pour juger l’offre de trêve, ajoutant que "la partie russe n’a pas encore été informée des résultats des négociations" et que "le diable est dans les détails."

Alors que les pressions diplomatiques s’intensifient, l’Europe tente d’accélérer son propre renforcement militaire. Lecornu a notamment alerté sur "le risque énorme" de voir l’Europe décrocher dans certains domaines stratégiques, notamment dans le spatial et la défense sol-air.

"Nous devons être prêts, indépendamment de la décision de Moscou", a conclu le ministre français, laissant entendre que, quelle que soit l’issue de cette séquence diplomatique, l’Europe devra continuer à renforcer son autonomie stratégique.

Source: AA

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