Algérie-France : Alger renvoie à Paris deux Algériens expulsés et interdits de territoire français

Les autorités algériennes ont renvoyé à Paris, ce jeudi, deux de leurs ressortissants expulsés de France, a rapporté le quotidien français le Figaro.

Âges de 30 et 41 ans, les concernés, a indiqué la même source, ont été refoulés vers leurs pays d’origine jeudi matin.

« Seulement, une fois arrivés à destination, les autorités algériennes les ont refusés et renvoyés en France », a expliqué le journal, qui a présenté les deux hommes comme étant «dangereux».

La décision d’Alger est motivée, selon la même source, par l’absence de « laissez-passer consulaire ».

« Le premier, nommé Abdelkadir B, âgé d’une quarantaine d’années, vient de sortir de prison. Le deuxième, Nasr Eddine K, né en 1994, est connu de la justice pour troubles à l’ordre public. Il fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) avec interdiction de retour », a précisé Le Figaro.

Mercredi, les autorités algériennes avaient refusé le retour d’un autre algérien, de 26 ans, qui était, souligne le média français, « muni d’un passeport, prouvant sa nationalité algérienne ».

« Mais, en l’absence de laissez-passer consulaire, les autorités n’ont pas accepté son retour et l’ont renvoyé vers Paris », a ajouté le même journal.

Ce dernier « avait été condamné à de multiples reprises pour des faits de troubles à l’ordre public, des violences sur mineurs et sur un conjoint, des outrages ainsi que des menaces de mort. Il a été reconduit dans le centre de rétention administrative de Metz ».

-- Vive tension autour des OQTF

La tension autour de l’exécution des obligations de quitter le territoire (OQTF) ne cesse de s’exacerber depuis l’affaire de l’expulsion des influenceurs algériens arrêtés en France et accusés « d’appels au meurtre de leurs compatriotes opposants au régime ».

Fin février dernier, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau a menacé de « tester des mesures fermes si l’Algérie refuse de reprendre ses ‘’ressortissants dangereux’’».

De son côté, le Premier ministre français, François Bayrou, avait affiché son intention d’aller vers la dénonciation de l’accord algéro-français de 1968 sur le séjour et l’emploi des Algériens en France. Face à ces menaces, Alger a rejeté « les menaces et les ultimatums », tout en menaçant, à son tour, « d’appliquer la réciprocité ».

Le 2 mars courant, le Président français, Emmanuel Macron, est intervenu dans la crise pour désavouer son Premier ministre et son ministre de l’Intérieur. Il a cité, d’abord, les accords signés en 1994 entre Alger et Paris sur « la reprise automatique des ressortissants qui ont des papiers d’identité ou des passeports ».

« Il faut qu’ils (ces accords, ndlr) soient pleinement respectés », a-t-il déclaré, rappelant le « travail effectué par l’ancien ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin ».

Ce dernier, selon le chef de l’État français, « avait mis en place un système pour favoriser justement le retour de certaines catégories de personnes en situation irrégulière identifiées comme les plus dangereuses ».

Sur l’accord de 1968, Emmanuel Macron a développé une autre approche. « Pour ce qui est des accords de 1968, nous avions, avec le président Tebboune, même envisagé, à l’été 2022, de les rouvrir pour les moderniser, parce qu’il y a beaucoup de choses qui doivent être faites de part et d’autre sur ces accords, sur lesquels il y a beaucoup de commentaires, parfois d'ailleurs faux », a-t-il expliqué, soulignant aussi le travail engagé par les Premiers ministres des deux pays en automne 2022.

Invité mercredi dernier de la chaîne France 24, l’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid, Abdelaziz Rahabi a affirmé que les deux pays connaissent la crise la plus « grave » depuis l’indépendance de l’Algérie.

Il a trouvé, cependant, « exagéré » les affirmations françaises selon lesquelles l’Algérie, ne délivre pas suffisamment de laissez-passer consulaires.

« Il y a une véritable exagération. En 2024, l’Algérie a délivré près de 3 000 laissez-passer consulaires, ce qui représente un taux de satisfaction à la demande française entre 42 et 43 %, c’est exactement dans les mêmes termes pour les autres pays de l’Afrique du Nord et de l’Afrique subsaharienne », a-t-il fait observer.

Source: AA

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