Ce 26 janvier, la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, est plongée dans une vague de panique alors que les combats entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 se rapprochent dangereusement.
Depuis les premières heures de ce dimanche, les habitants de Goma ont fui en masse vers le centre de la ville pour échapper aux combats. Les quartiers au nord, tels que Majengo, Buhene et Turunga, ont été particulièrement touchés par les détonations lourdes et légères qui se sont faites entendre depuis la nuit.
Selon les rapports récents, l’armée congolaise a indiqué que les insurgés ont tenté d'avancer vers le Nord de la ville, en essayant de traverser par les bornes 13 et 12, près de l'aéroport, ce qui a exacerbé les tensions dans la région.
Cette situation a entraîné un déplacement massif des habitants qui ont quitté leurs maisons pour se mettre à l'abri. Les hôpitaux de Goma sont submergés par l'afflux de blessés, malgré l'aide apportée par les acteurs humanitaires.
Cette nouvelle vague de déplacements aggrave encore une situation déjà extrêmement précaire dans la région. Les populations qui avaient trouvé un refuge temporaire dans des sites des déplacés après avoir échappé à des violences antérieures sont désormais contraintes de fuir à nouveau, ce qui amplifie leur vulnérabilité et leurs souffrances.
L'armée congolaise a assuré que les rebelles du M23 avaient été repoussés lors d'une tentative de contournement, mais la situation reste instable, créant un climat de peur et d'incertitude parmi la population.
Les Casques bleus de la MONUSCO, la mission des Nations Unies en RDC, affirment, pour leur part, qu’ils maintiennent leurs positions aux côtés des FARDC afin de repousser le M23 et protéger les civils.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour Kigali, "la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda". "La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)", avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.
Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.
Source: AA