Le sommet des BRICS – le piège du Kremlin pour Guterres

En pleine isolation internationale, loin des dirigeants étrangers, Poutine prépare avec une ardeur exceptionnelle le sommet des BRICS (Kazan, 22-24 octobre).

En plus des dirigeants des États membres de l’Organisation, qui se réuniront au Tatarstan, capitale d’un des sujets de la Fédération de Russie, d’autres invités seront présents. Selon l’assistant du président de la Fédération de Russie, ouri Ouchakov, des représentants de 32 pays participeront au sommet des BRICS, notamment 24 dirigeants d’États.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, fait partie des invités spéciaux du sommet. Le Kremlin compte lui réserver un accueil chaleureux. L’arrivée de Guterres a été annoncée par le vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Vershinine. Elle a ensuite été confirmée par la représentante officielle du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Cependant, le bureau du secrétaire général de l’ONU ne fait aucun commentaire sur la future visite de son chef.

Mais Guterres est-il conscient des conséquences potentielles de sa participation au sommet des BRICS ? Ou bien ne s’intéresse-t-il plus à sa propre réputation ou à l’image de l’ONU ?

Pour Poutine, le sommet de Kazan est l’occasion de montrer qu’il n’est pas isolé sur la scène internationale. Il s’agit d’une plateforme où il va unir les pays du Sud autour de la Russie et tenter de construire avec Xi Jinping un bloc anti-occidental.

Au sommet des BRICS à Kazan, Poutine va également promouvoir un « plan de paix » sino-brésilien alternatif pour résoudre la « crise ukrainienne ». Son objectif est de saper le soutien déjà faible des pays du Sud à l’Ukraine et les efforts de Kiev pour organiser un deuxième sommet de la paix.

La visite du secrétaire général de l’ONU dans un pays agresseur qui menace le monde avec des armes nucléaires est un manque de respect envers les victimes de l’invasion russe de l’Ukraine. Ce sont de nouveaux arguments pour Moscou dans son dialogue avec le Sud. C’est un cadeau à Poutine, qui veut démanteler l’ordre mondial existant et le droit international, en affirmant le droit du plus fort.

La simple présence du secrétaire général de l’ONU à Kazan créerait pour le Kremlin un contexte d’information positif pour le sommet des BRICS, dont de nombreux membres tentent de transformer cette association en un bloc anti-occidental. La visite de Guterres donnerait à la propagande russe un contexte médiatique favorable au soutien de l’ONU au plan de paix sino-brésilien sur l’Ukraine.

Derrière les belles paroles sur le « respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et des principes de la Charte de l’ONU » du plan sino-brésilien se cache une autre signification : il ne prévoit pas la responsabilité de l’agresseur ni des réparations pour la destruction de l’Ukraine.

Une stratégie pour geler le conflit, priver l'Ukraine du droit de libérer le territoire occupé par la Russie sont cachées dans les six points du plan.

L’ONU est actuellement confrontée à une grave crise. L’autorité de Guterres a été perdue à la fois par sa position sur la guerre russo-ukrainienne et par sa réaction aux événements au Moyen-Orient. Le Secrétaire général a été déclaré persona non grata par Tel-Aviv, car il n’a pas condamné avec force la dernière attaque de missiles de l’Iran contre Israël.

Étant donné que Guterres n’a pas participé au sommet de la paix en Suisse, sa visite en Russie (qui mène une guerre injuste et agressive contre l’Ukraine) est plus qu’une manifestation de sympathie pour le pays agresseur.

Et ce n’est pas la première fois qu’une telle sympathie est manifestée. Auparavant, Guterres était tellement intéressé par la reprise du commerce des céréales qu’il était prêt à satisfaire les intérêts de la Russie. Il a notamment proposé de lever les sanctions financières imposées par l’UE à la Banque agricole russe (Rosselkhozbank) en utilisant une filiale, spécialement conçue par la banque russe à cet effet, assurant les navires russes contre les attaques ukrainiennes tout en garantissant le passage sûr des navires russes transportant de la nourriture et des engrais vers les ports de l’UE.

En réalité, les propositions de Guterres ont annulé plusieurs sanctions internationales contre la Russie. Le secrétaire général de l’ONU a justifié la nécessité de reprendre l’accord sur les céréales par le désir d’éviter une crise alimentaire mondiale. Mais en réalité, comme l’ont souligné les États-Unis, les actions de Guterres « ont sapé les efforts plus vastes visant à tenir Moscou responsable de ses actions en Ukraine ».

Même si Guterres se rend à Kazan dans le but de parvenir à une paix juste en Ukraine, la propagande russe présentera sans aucun doute sa visite sous un jour favorable à Poutine en Russie et dans les pays du Sud. En conséquence, la participation de Guterres au sommet des BRICS risque non seulement de nuire à sa crédibilité personnelle, mais aussi à celle de l’ONU elle-même.

Source : cyprus-daily.news

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