Les autorités tunisiennes ont arrêté, lundi, le candidat à l'élection présidentielle Ayachi Zemmal, pour "falsification de parrainages" présentés dans son dossier de candidature pour l'élection présidentielle du 6 octobre prochain.
"Lundi à l'aube, le candidat à l'élection présidentielle Ayachi Zemmal a été arrêté et transféré dans la zone de la Garde nationale à Tebourba, gouvernorat de la Manouba ( à l’ouest de la capitale)", a rapporté la radio locale Mosaïque citant Mahdi Abdeljawad, membre de la campagne électorale de Zemmal.
Abdeljawad a expliqué que l'arrestation avait été effectuée « pour des accusations liées à la fabrication (falsification) de parrainages ».
A 10h00 (GMT), aucune déclaration n'était disponible de la part des autorités tunisiennes à ce sujet.
Jeudi dernier, un tribunal tunisien avait décidé de reporter au 19 septembre l'examen des accusations contre Zemmal et une responsable des affaires financières de son mouvement « Azimoun » (Déterminés), au sujet de "falsification de parrainages".
Début août, le Tribunal de première instance a rendu un jugement d'emprisonnement de trois autres candidats à la présidentielle, pour "fabrication de parrainages".
Selon la réglementation électorale tunisienne, les candidats souhaitant se présenter à la présidentielle doivent recueillir 10 parrainages des membres de la Chambre des représentants du peuple (la première chambre du Parlement), ou autant de signatures de membres du Conseil des régions et des districts (la deuxième chambre), ou 40 parrainages des chefs de conseils locaux, régionaux ou municipaux, ou alors 10 000 parrainages de citoyens dans 10 circonscriptions électorales différentes. Le nombre de parrains ne doit pas être inférieur à 500 dans chaque circonscription. Et le même citoyen ne peut pas parrainer plus qu'un seul candidat.
En août dernier, l'organisation internationale de défense des droits humains Human Rights Watch a appelé le gouvernement tunisien à cesser de l'accuser d'"ingérence politique" dans la prochaine élection présidentielle.
À plusieurs reprises, le président tunisien Kais Saied a déclaré que le système judiciaire de son pays était indépendant et qu'il n'intervenait pas dans son fonctionnement, tandis que l'opposition l'accuse d'instrumentaliser le pouvoir judiciaire pour poursuivre ses opposants politiques et concurrents potentiels à l'élection présidentielle.
Bassam Khawaja, directeur adjoint du département Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW, a déclaré : « Après avoir emprisonné des dizaines d'opposants et de militants de premier plan, les autorités tunisiennes ont écarté presque tous les concurrents sérieux de la course à la présidentielle, faisant du vote une simple formalité», selon le communiqué.
Sur 17 dossiers de candidature, la Commission électorale a annoncé l'acceptation des dossiers de 3 candidats : le président Kais Saied, le secrétaire général du Mouvement populaire Zuhair Maghzawi, outre Zamal, avant que la justice ne réintègre 3 autres candidats à la course à la présidentielle.
Le Front du salut national, la plus grande coalition d'opposition, a annoncé en avril dernier qu'il ne participerait pas au scrutin sous prétexte de « manque de conditions de concurrence », alors que les autorités affirment que les élections remplissaient les conditions d'intégrité, de transparence et d'équité.
L'opposition a boycotté toutes les échéances issues des mesures exceptionnelles initiées par Saied le 25 juillet 2021, qui comprenaient : la dissolution du pouvoir judiciaire et de la Chambre des représentants, l'adoption de lois par arrêté présidentiel, l'approbation d'une nouvelle constitution par référendum populaire et la tenue d'élections législatives anticipées.
Des acteurs tunisiens considèrent ces mesures comme « un coup d’État contre la constitution issue de la révolution (la constitution de 2014) et une consécration d’un gouvernement individuel absolu », tandis que d’autres forces soutenant Saied les défendent comme "une restauration du processus révolutionnaire de 2011" qui a renversé le président de l’époque Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Source: AA